La révolution numérique change la relation que nous entretenons avec la connaissance et amène les différents champs culturels à s’y adapter et à se renouveler. Notamment, l’institution muséale y découvre de nouveaux modes d’interaction avec ses collections (base de données, numérisation des collections), avec l’espace (dispositifs in situ, présence hors les murs via le Web), ainsi qu’avec ses nombreux publics (site Internet, réseaux sociaux). Si le Web 1.0 a permis au musée d’ouvrir de nouvelles fenêtres sur le monde par la diffusion d’informations, le Web 2.0, avec ses fonctionnalités participatives et de partage, l’amène plus particulièrement à repenser sa façon d’entrer en relation avec ses publics.

Ces derniers sont multiples, en réseaux et engagés dans une relation virtuelle non linéaire au savoir. Les publics utilisateurs n’étant plus nécessairement dans le contexte physique et disciplinaire du musée d’art lorsqu’ils abordent les œuvres, mais plutôt dans un contexte décloisonné qui multiplie les points d’entrée de celles-ci, des moyens innovants doivent être mis en place pour répondre à cette réalité. Cette nouvelle posture ouvre donc à un dialogue multidisciplinaire avec l’œuvre d’art.

En fait, cette multiplication des points d’entrée et ce dialogue multidisciplinaire initié avec l’œuvre d’art appellent à un partage des expertises. Avec Internet, la construction et l’appréhension du savoir ne sont plus linéaires ni individuelles —comme c’est le cas avec un livre, par exemple : le savoir se construit maintenant en réseau et en groupe. Autrement dit, le savoir ne provient plus d’une seule source. Ainsi, pour répondre à ce phénomène, une approche collaborative permet d’entrer en relation à la fois avec les œuvres et les publics d’une façon renouvelée, en établissant un dialogue égalitaire. Du coup, le musée doit se repenser lui-même dans sa relation aux savoirs et à l’ascendance qu’il assurait jusqu’à maintenant dans un modèle vertical de transmission « émetteur-récepteur ». Avec de nouveaux moyens offerts par le numérique, le musée est appelé à ouvrir et à faciliter le dialogue avec ses différentes communautés d’utilisateurs.

Un dialogue peut ainsi être mis en place entre le musée et l’organisme communautaire, entre le musée et la commission scolaire, entre le musée et l’école. Ce dialogue égalitaire permet aux participants de co-créer l’objet de leur rencontre en développant des stratégies pédagogiques communes. Il est possible désormais de donner tribune aux points de vue d’un élève, d’un éducateur, d’un astrophysicien, d’un urbaniste ou d’un cardiologue lorsque ceux-ci parlent de l’art dans un contexte thématique. Même ! Ces participants sont appelés à devenir des utilisateurs-apprenants.

En acceptant d’être à l’écoute et de se laisser transformer par ces échanges, par cette co-création, de nouveaux possibles émergent. La rencontre avec l’Autre devient alors le catalyseur de cette transformation. Maintenant que les publics utilisateurs peuvent entrer en relation avec les œuvres d’art dans un contexte autre que celui de l’espace physique du musée, comment le musée peut-il les accompagner ? Et dans le contexte de la visite au musée, comment pourra-t-il considérer cette multiplicité des points de vue développée en ligne ? L’institution devra-t-elle développer des circuits complémentaires en salle à partir des ressources numériques qui considèrent la multidisciplinarité et les points de vue du grand public, d’enseignants, d’élèves ?