Le concept d’interdisciplinarité n’est pas nouveau dans le milieu de l’éducation. Il repose sur la collaboration de personnes exerçant leurs activités dans divers champs disciplinaires et soulève la délicate question de la rentabilité pédagogique. Est-ce que lors de cette collaboration, les praticiens des différentes disciplines apprennent l’un de l’autre ? Est-ce qu’à terme, l’apprenant en bénéficie et voit ses apprentissages décuplés ? Le monde de l’enseignement des arts a depuis longtemps compris que oui, et particulièrement lorsque les arts sont impliqués dans le processus. Il n’est donc pas surprenant de voir une organisation comme l’InSEA (International Society for Education through Art) proposer un congrès international avec pour thème des interventions à caractère scientifique et social en enseignement des arts (et par les arts). Ce congrès incontournable a fait état des dernières découvertes et expérimentations en la matière, et ce, en réunissant des représentants de partout à travers le monde.

Il est extraordinaire de participer à des échanges avec des collègues étrangers; mais de voir interagir chercheurs, enseignants et théoriciens, l’est encore plus. Plus de 600 participants ont assisté et participé à ce rassemblement. Ainsi, à l’image des congrès de l’AQESAP, le praticien est au cœur de l’ensemble des présentations. Susan Maly et Hana Svobodov ont abordé le rôle de l’enseignant en arts dans des ateliers consacrés aux réfugiés migrants; pour sa part, Wolfgang Schreibelmayr a animé un atelier intitulé « Entre deux mondes – Nouveaux concepts didactiques pour l’éducation des arts ».

Le Québec était très bien représenté, notamment avec les projets collaboratifs de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ) et de la Chaire de recherche en littératie multimodale de l’UQAM, pilotés par Nathalie Lacelle. Christine Faucher et Monique Richard sont à l’origine d’un projet de recherche sur l’intégration de la culture jeune dans les pratiques en enseignement des arts, ainsi que d’un projet portant sur l’hybridité et la multimodalité dans les pratiques informelles de création des jeunes.

J’ai moi-même présenté mon projet de recherche sur un modèle d’enseignement transdisciplinaire basé sur l’objet culturel numérisé. Les participants ont été témoins d’un rare rapprochement entre le monde de la recherche et celui de la pratique très concrète autour de l’impératif premier du spécialiste en enseignement des arts, qui est de faire, à tout prix ! Le chercheur en éducation des arts doit s’y plier, la praxis d’abord est ici privilégiée, naturelle et assumée.

La pertinence de ce congrès tient à l’actualité de son thème – la collaboration disciplinaire – mais également à l’endroit où il s’est tenu, qui incarne aux yeux des enseignants, des pédagogues et des chercheurs occidentaux, un haut lieu de l’enseignement. En effet, la Finlande s’est taillé une place de choix et est citée en exemple, notamment pour les résultats remarquables aux tests PISA obtenus par les élèves de son système public.

La pertinence de ce congrès tient à l’actualité de son thème – la collaboration disciplinaire – mais également à l’endroit où il s’est tenu, qui incarne aux yeux des enseignants, des pédagogues et des chercheurs occidentaux, un haut lieu de l’enseignement.

Mais la Finlande innove aussi grâce à cette magnifique université Aalto, lieu d’accueil du congrès, qui depuis quelques années encourage ses facultés à amorcer un travail collaboratif, dit interdisciplinaire. Ainsi, la faculté des sciences travaille de concert avec celle de l’enseignement des arts. Un laboratoire transdisciplinaire dans l’esprit des FabLab a vu le jour l’année dernière et a été mis à la disposition des écoles secondaires. À l’évidence, c’est un milieu effervescent. Et cette effervescence a rejailli sur le congrès, où s’est établie une compréhension collective du potentiel de l’enseignement des arts et de l’enseignement par les arts. Ma conviction profonde se confirme, celle de pouvoir partager collectivement un langage qui pourrait être utilisé par les autres disciplines, au bénéfice de tous.

Si le congrès de L’InSEA fait écho et résonne dans le monde universitaire de l’enseignement des arts, il mériterait d’être plus connu au Québec. En effet, les enseignants en arts du Québec partagent, avec leurs collègues d’outre-mer, une attitude et une compétence rare en enseignement, soit celles d’être innovants tant dans le choix des approches que dans la qualité des projets réalisés. C’est par une participation active à différents congrès que l’enseignant en arts en vient à être convaincu que ce qui se passe dans son quotidien est empreint d’une grande qualité et est unique dans le monde de l’éducation : placer l’élève en création, tant dans le processus que dans la finalité. La richesse de cette dynamique était présente dans chaque présentation de l’InSEA 2018, elle résume avec précision ce pourquoi l’enseignement des arts au Québec (et ailleurs) mérite une attention particulière et une proximité avec le monde de la recherche universitaire.