Dès la rentrée, en septembre 2014, j’avais prévu de créer un événement avec mes élèves pour souligner le Jour de la Terre, le 22 avril 2015. À partir de la survie problématique des bélugas, j’ai lancé une discussion avec les élèves à propos des espèces d’animaux en voie de disparition. Nous avons considéré les conséquences du réchauffement de la planète et de la dégradation des écosystèmes. Le projet qui en résulte constitue une réflexion sur le désengagement d’une société négligente engendrant ainsi une inquiétante érosion du fragile équilibre de la chaîne de vie. Au lieu de présenter des photographies de rhinocéros écornés ou de baleines échouées sur les rives du fleuve Saint-Laurent, nous avons eu recours à des corpus de grande qualité graphique tels ceux du Cap Dorset, de l’art Sénoufo de la Côte d’Ivoire et de l’art aborigène australien.

Notre installation artistique où les écosystèmes sont illustrés comprend une biosphère de douze pieds de circonférence à laquelle s’ajoutent cent vingt lanternes représentant des espèces en danger. Pour compléter le tout, quelques animaux emblématiques comme l’ours polaire, la tortue et l’éléphant sont construits en bas-relief dans des dimensions variant de six à douze pieds. Pour souligner notre désir d’être écoresponsables, nous avons choisi d’utiliser uniquement des matériaux récupérés et naturels.

Pour permettre une intégration optimale des élèves de l’accueil, j’ai privilégié la pédagogie coopérative comme modalité d’enseignement pour les besoins de ce projet collectif. Afin de construire les lanternes animalières, il était nécessaire de travailler en équipe d’environ six élèves par structure et ce, d’une manière très coordonnée puisque la manipulation des formes et des composantes requérait souvent un travail à quatre mains.

Très rapidement, toute l’école s’est mise au diapason de ce projet présenté en assemblée générale, créant une synergie pédagogique commune. Les professeurs de sciences nous ont renseignés sur la vulnérabilité des écosystèmes et leurs élèves nous ont aidés à installer des circuits électriques. Les titulaires des classes d’accueil ont adopté des thèmes connexes au projet comme sujets de dictées et de travaux de recherche dans leur classe. Je précise que les deux cents élèves qui ont participé au projet provenaient d’une vingtaine de pays en proie à des conflits, le tiers de ces élèves étaient nouvellement arrivés au pays. Ainsi, ce projet est devenu, par le fait même, intégrateur et rassembleur. Dès lors, le succès obtenu a permis aux élèves de développer un sentiment de fierté et d’estime de soi. Enfin, un climat dynamique nouveau a animé l’école puisque les camarades des participants sont venus régulièrement voir la progression des activités. Les élèves photographiaient l’avancement des travaux et en discutaient avec parents et amis.

En conclusion, ce projet a suscité un grand enthousiasme : il a été couronné du prix du Jour de la Terre décerné par l’Institut Amand-Frappier, il a suscité une couverture médiatique par le biais d’un article dans l’Écho de Laval et d’un publireportage de La Presse+ du 1er mai dans lequel les élèves témoignaient des bénéfices que la participation à ce projet leur avait apportés. Le Service des communications de la Commission scolaire de Laval a, de plus, mis en ligne une galerie virtuelle présentant les photos de l’installation prises lors de l’exposition. Le projet a finalement obtenu le prix L’Image de l’art décerné par Les Éditions de l’Image de l’art confirmant l’excellence d’une activité ayant eu un impact dans l’école, dans la communauté et dans l’environnement des élèves pour le projet.

Les Olimpides est une aventure de sensibilisation qui réunit des qualités artistiques, éducatives, environnementales, poétiques et politiques dont mes élèves et moi-même sommes très fiers.