Ce n’est qu’une fois arrivé au gala national de la remise des prix Essor1 que je me suis vraiment rendu compte de ce que nous venions d’accomplir: la monumentale tâche d’associer plus de 340 élèves de l’école Prévost, où je suis enseignant (en 6e année), à la réalisation d’une œuvre artistique permanente, installée sur un bâtiment à Saint-Jérôme. Peut-être un peu
comme le randonneur qui gravit une montagne par un sentier qu’il trace et qui oublie ce qu’est la récompense d’être au sommet à savourer
l’immensité autour de soi, tant il est occupé par la tâche exigeante et combien enivrante de grimper cette même montagne.

Ce projet provient du rêve un peu fou qui consistait à permettre aux élèves de mon école de prendre la parole et de dire aux citoyens ce qu’ils souhaitent pour demain, pour leur avenir. Puisqu’une image vaut mille mots, il nous fallait faire une œuvre plastique. C’est à ce moment que j’ai communiqué avec l’artiste verrier Caroline Hébert qui s’est immédiatement approprié le projet, comme investie par une mission personnelle. Ensemble, nous avons planché sur les « quoi » et les « comment ». Feu Verre Sur Terre est née, une immense verrière de 3 mètres de large sur 12 mètres de haut, dont chacun des éléments est l’œuvre unique d’un des 342 élèves de l’école. Assemblée, cette immense mosaïque est une représentation graphique des valeurs exprimées par les élèves que sont la paix et l’amour de la nature.

Caroline Hébert, cette alchimiste qui transforme les projets en « art », a su
manœuvrer avec l’équipe-école, les élèves, leurs limites et leurs contraintes, avec les défis architecturaux que représente l’installation d’une immense verrière sur un bâtiment, ainsi qu’avec les aléas des étapes de la réalisation, fragiles et précises, qu’exige la manufacture d’un tel vitrail. Bien sûr, un tel projet n’aurait pu avoir lieu sans l’aide précieuse de nos collaborateurs financiers que sont le Fonds des Laurentides pour les arts et les lettres (entente avec le Conseil des arts et des lettres du Québec, la CRÉ des Laurentides et le Forum Jeunesse), la Caisse Populaire de Saint-Jérôme, le CLD de la Rivière-du-Nord, le député de Prévost Gilles Robert, pour ne nommer que les principaux commanditaires.

Aujourd’hui, forts et fiers de la réalisation de Feu Verre Sur Terre, nous présentons aux Québécois et aux Jérômiens une œuvre permanente suggérant le souhait que notre société grandisse dans la paix et le respect de la nature qui l’entoure.

Nous mettons maintenant le cap sur une autre aventure artistique : La Rencontre. Il s’agit une fois encore de produire une œuvre qui prendra la forme d’une verrière. Elle sera accompagnée d’un livre jeunesse, témoignant d’une réalité régionale : la violence à l’école. Un autre sentier, un autre sommet!

(1) Nous avons reçu le prix Essor Éducation artistique.