Art-thérapie… Esquisse d’une définition

Dire en quelques mots ce qu’est l’art-thérapie n’est pas une mince affaire. Est-ce de la psychothérapie ? Lorsqu’elle est menée dans les règles de l’art – préoccupation majeure de l’Association des art-thérapeutes du Québec –, la réponse est OUI.
Les art-thérapeutes qualifiés sont formés pour cela. La spécificité de la discipline ? La pratique soignante se déroule, non pas uniquement à travers l’échange verbal, mais à travers l’utilisation dite thérapeutique de l’expression artistique (dessin, peinture, sculpture, collage, danse, musique, théâtre, etc.). Une séance d’art-thérapie, individuelle ou en groupe, aboutit à la création d’une œuvre. Celle-ci est à la fois expression du ressenti du patient / participant et moteur / tremplin d’échange et de la communication avec l’art-thérapeute et, le cas échéant, le groupe. L’art-thérapie n’est pas de l’art : elle utilise l’art comme médium. Par conséquent, l’acquisition de cette formation et sa pratique exigent des art-thérapeutes une solide connaissance de l’art et des médiums artistiques dont il importe de connaître le potentiel et les effets en thérapie.
L’art-thérapie a beaucoup d’applications possibles : troubles de la personnalité, dépression, autisme, anorexie, Alzheimer, cancer. Depuis quelques décennies, les art-thérapeutes ont pris leur place dans les hôpitaux et les centres de soins. Mais la discipline ne concerne pas que les maladies : elle peut aider à surmonter aussi des situations conflictuelles vécues par des familles, des couples ou des jeunes. Elle justifie donc sa place au sein des écoles qui favorisent des ateliers d’art-thérapie où, à travers une création, la relation parent-enfant peut s’améliorer et relancer un parcours scolaire en difficulté. L’art-thérapie peut aussi être utilisée comme un outil de croissance personnelle, comme un moyen pour un individu de rallumer sa créativité, de vaincre ses propres blocages. Miroir du dynamisme de cette pratique au Québec, au Canada et en Amérique du Nord, les Ruches d’art, lieux d’échanges et de rencontres autour d’une création, ouverts au public, témoignent du mieux-être ressenti lorsqu’on fréquente régulièrement un espace convivial où l’on crée en toute liberté, tout en discutent avec des gens issus de tous les horizons qu’on ne rencontrerait jamais autrement.
Comme tout domaine lié au champ de la psychologie, l’art-thérapie se rattache à diverses écoles de pensée, à divers mouvements dont il est impossible de détailler ici les tenants et les aboutissants. D’un continent à l’autre, la vision diffère. Comme pour tout ce qui concerne le monde de la psychologie / psychiatrie, l’art-thérapie suscite quantité de débats et de discussions. Cependant, que l’art-thérapeute soit freudien, jungien ou gestaltiste, davantage intéressé par l’approche systémique ou psychodynamique, il y a toujours une conviction qui domine : le processus de création et l’œuvre produite agissent sur l’individu comme des catalyseurs de transformation et permettent des prises de conscience en profondeur. Dans certains cas, les neurosciences parviennent à démontrer les effets positifs des séances d’art-thérapie.
Le chemin à parcourir pour devenir art- thérapeute est long. Est-ce qu’il ne s’agirait pas, de la part de ceux et de celles qui se lancent dans ce métier, après avoir étudié des années durant pour devenir experts dans la relation d’aide ET experts dans les médiums artistiques, d’une vraie déclaration d’amour au monde ? Personnellement, après m’être plongée dans le sujet et avoir parlé avec de nombreux art-thérapeutes, je réponds OUI sans hésiter.