Kolaj. Un projet rassembleur
Pour lancer un magazine papier sur le collage à l’heure où tout se déplace sur Internet, ne faut-il pas être un peu fou ou, à tout le moins, bien téméraire ? « J’ai été le premier à le dire à mon éditeur, Ric Kasini de la Galerie Maison Kasini ! En effet, c’était un peu suicidaire comme idée, mais pour parler de collage, de papier et de textures, cela devait absolument se passer sur le papier », explique Benoit Depelteau, artiste adepte du collage et rédacteur en chef de Kolaj.
La revue Kolaj est née de la volonté d’offrir un certain rayonnement et, par là, une reconnaissance aux artistes qui exercent leurs activités créatrices dans les registres du collage. Au cours des dix récentes années, Benoit Depelteau a remarqué un engouement croissant du public pour l’art du collage et, parallèlement, l’émergence de plusieurs initiatives de la part d’artistes du Québec, du Canada et de l’étranger en vue, par exemple, de produire des magazines en ligne, d’animer des blogues ou d’obtenir que soient organisées des expositions sur le collage. Cependant, un même obstacle empêchait toujours ces belles idées d’aboutir : les artistes manquaient cruellement de notoriété pour rendre crédible ou viable le moindre projet. La plupart du temps, ces artistes (émergents ou en milieu de carrière) qui souhaitaient exposer leurs œuvres dans des galeries réputées essuyaient des refus faute de pouvoir produire un dossier de presse attestant d’un certain intérêt public minimal pour leurs créations. Il est apparu également que les critiques d’art semblaient peu enclins à traiter du collage dans les pages de leurs périodiques.
Une revue pour tous les publics
L’idée de publier une revue consacrée exclusivement au collage s’est imposée au cours d’une discussion entre le propriétaire de la Galerie Maison Kasini, qui faisait déjà office de maison d’édition, et Benoit Depelteau. « Chez Kasini, on aime les projets qui permettent de percevoir l’art d’une autre façon ; on souhaite intégrer les artistes dans les projets de la maison », explique Depelteau. C’est d’ailleurs à lui, artiste de la maison, qu’on a proposé le poste de rédacteur en chef.
À l’été 2011, le projet se concrétise. Lien entre les artistes, les galeries et les collectionneurs, le magazine ouvre ses pages à des articles critiques. Il est produit dans un esprit de collaboration et de regroupement de tous les acteurs liés à l’univers du collage ; il se donne aussi pour mission d’intéresser le grand public afin de faire reconnaître le collage en tant que discipline artistique à part entière. L’orientation éditoriale défend une conception qui considère le collage dans une acception affranchie de la définition traditionnelle qui le limite à la juxtaposition de découpages de papier ; elle inclut donc le collage numérique, sonore, vidéographique et l’assemblage. « Ce qui nous intéresse, c’est l’action de prendre des éléments qui ont une connotation et de les mettre ensemble pour créer un nouveau sens », explique Benoit Depelteau.
Le contenu
Les numéros publiés jusqu’ici comprennent un éditorial signé par le rédacteur en chef, quelques articles d’analyse, des profils d’artistes, des nouvelles du milieu, une liste des expositions à venir, une section portfolio soutenue par le profil de cinq artistes, une visite sur le terrain (rubrique In the studio) pour présenter l’importance de la table de travail et du classement dans le collage ! « La démarche est souvent une partie importante du processus complet », estime le rédacteur en chef. Et, finalement, il y a une page à découper (Color page) pour rester dans l’esprit du collage.
La revue Kolaj prolonge l’orientation que s’est donnée la Galerie Maison Kasini en proposant des expositions d’artistes sélectionnés pour la qualité et l’originalité de leurs travaux fondés sur les diverses expressions du collage contemporain.
Le périodique est publié en anglais, simplement parce qu’il regroupe des artistes de tous les pays.
Kolaj est imprimé selon les besoins des consommateurs : la Galerie dispose à cette fin de l’équipement approprié. Les numéros 1 et 2 ont été tirés à environ 500 exemplaires chacun. Le troisième numéro sera disponible en janvier 2013.