Richard-Max Tremblay – Le champ du portrait
Richard-Max Tremblay s’inspire de la peinture dans ses photographies et de la photographie dans ses peintures.
« Le motif du portrait, écrit l’auteur André Lamarre au début de la monographie qu’il consacre à Richard-Max Tremblay, s’est imposé comme approche générale puisque, dans sa double pratique, le peintre et le photographe s’est attaché à cette figure centrale de l’art, en a exploré les variations, de l’antiportrait gestuel au portrait photographique architecturé, de l’isolement des têtes à l’effacement des corps. »
Dans ses premières peintures, Richard-Max Tremblay multipliait les images de chaises transat avec leurs rayures. « Après avoir exploré la chaise sous tous ses angles de 1981 à 1983, commente-t-il, je me souviens m’être demandé quel est, dans le vaste champ visuel de la vie de tous les jours, ce qui présente pour moi le plus grand intérêt. Par exemple dans le cours d’une journée, d’une année, qu’est-ce qui arrête mon attention, quelle est la chose la plus constante, la plus fascinante : le paysage ? l’architecture ? Non. À bien y penser, c’est le visage humain. Tout visage contient son mystère. À mon avis, c’est probablement le sujet le plus peint de l’histoire et celui qui, finalement, m’a le plus touché. Pour moi, la plus grande énigme qui puisse se trouver dans le champ inépuisable du regard, c’est le visage. » Ses peintures d’alors se basent sur des photos retravaillées de visages. Œuvres peintes et portraits photographiques sont en dialogue. L’artiste s’inspire un moment de Brassaï, notamment de la photographie d’un couple qui s’embrasse. Ses têtes se nourrissent aussi du théâtre de Beckett. Dans Oh les beaux jours, Winnie est enterrée jusqu’au cou. La série des Soubresauts au milieu des années 1990 se construit à partir de personnages anonymes photographiés en noir et blanc où des interventions de couleur sont appliquées.
Le Musée des beaux-arts de Montréal présente quelques-uns des portraits d’artistes montréalais grâce auxquels Tremblay a acquis sa notoriété : Molinari, Betty Goodwin… et chez les plus jeunes Jérôme Fortin ou le collectif BGL. Dans tous les cas, la mise en place est étudiée. Les mains, le décor participent à la composition. Entre vérité et hommage, cette galerie de portraits forme une chaîne de sujets et fait se croiser les regards, échappant à la seule fonction de mémoire pour offrir une sorte d’intimité entre le sujet et celui qui le regarde.
Comme en témoignent ses œuvres exposées à la Galerie Division, l’artiste délaisse maintenant le thème du portrait. En l’occurrence, il propose des peintures et des photos inspirées du thème de la fenêtre. Toutefois, les ouvertures sont bloquées. Par cette opacité, l’idée traditionnelle du tableau en tant que fenêtre est subvertie. À moins qu’il ne s’agisse d’une version paradoxale du miroir où désormais l’absence de visage se fait sentir.
RICHARD-MAX TREMBLAY, PORTRAIT
André Lamarrre, les éditions du passage, Montréal, 2011.
FENÊTRES
Galerie Division
2020, rue William, Montréal
Tél. : 514 938-3863
www.galeriedivision.com
Du 27 août au 1er octobre 2011
TÊTE-À-TÊTE
Portraits d’artistes québécois signés Richard-Max Tremblay
Musée des beaux-arts de Montréal, Pavillon Jean-Noël Desmarais
1380, rue Sherbrooke Ouest, Montréal
Tél. : 514 284-2000 www.mbam.qc.ca
Du 30 septembre 2011 au 5 février 2012
PORTRAIT
Maison des arts et de la culture de Brompton
1, rue Wilfrid-Laurier Sherbrooke
Tél. : 819 846-1122
www.maculturebrompton.com
Du 3 septembre au 9 octobre 2011