L’année 2012 fut une année faste pour la photographie d’auteur, celle que l’on a longtemps qualifiée un peu péjorativement de « documentaire » ou de « sociale ». Si pendant quelques décennies, on s’est désintéressé de cette tendance pourtant fondamentale dans l’affirmation de la photographie québécoise des origines, le temps de la redécouverte et de la consécration semble désormais arrivé. En 2011, il y a eu Déclic 701, une exposition présentée à la Galerie SAS et préparée par Nicolas Mavrikakis. Depuis, les artistes et les groupes auxquels ils ont été associés (GAP, GPP, Photocell, Prisme, Plessisgraphe) ont le vent en poupe.

Au cours du seul dernier trimestre 2013, trois expositions muséales ont abordé ce sujet : La photographie d’auteur au Québec, au Musée des beaux-arts de Montréal, a proposé une petite sélection des 1 500 œuvres récemment acquises par le MBAM (voir le texte de Jean De Julio Paquin) ; Michel Campeau. Icônes de l’obsolescence et Robert Burley. La disposition de l’obscurité, au Musée des beaux-arts du Canada (texte de Bernard Lévy), rappellent le monde de la photographie avant l’ère du numérique ; et, début décembre, Émouvante vérité – Photographies 1970-2013, au Musée McCord, offre une rétrospective des œuvres de Claire Beaugrand-Champagne (texte de Catherine Guex). Il faut ajouter encore les magnifiques vitrines et devantures de commerces montréalais photographiées par Gabor Szilasi, déployées rue Sainte-Catherine pendant le Mois de la photo. D’où la pertinence de ce dossier consacré à ce renouveau et à quelques-unes de ces expo­sitions. Il nous a paru opportun de recueillir les commentaires de Marcel Blouin, spécialiste du sujet, pour discuter de la nature de son travail à titre de conseiller en photographie au MBAM et tenter de dresser un état des lieux de cette frange de la pratique photographique québécoise. 

(1) On peut voir l’exposition Déclic 70 à la galerie d’art Stewart Hall jusqu’au 19 janvier 2014.