Des changements adviennent au sein de Vie des arts : nous sommes enthousiastes d’annoncer l’arrivée de Valérie Savard et d’officialiser par le fait même une structure de codirection. L’annonce de ce choix d’un modèle de binôme se fait en écho à la présentation du dossier sur les généalogies collaboratives, comme un des beaux hasards d’évocation qui peuvent parfois arriver dans la création de contenu.

Pour cette édition de printemps, nous vous proposons un dossier qui s’est construit comme une incursion dans la vie professionnelle de l’art et qui regroupe des autrices et des auteurs qui sont aussi des commissaires, des spécialistes, et des actrices ou des acteurs de leur milieu. Ces personnes prennent ici parole pour proposer des bilans et des réflexions ouvertes sur l’aspect collaboratif si important pour le développement culturel, définissant les pourtours d’une intelligence collective. Cette expression, intelligence collective, est empruntée à l’article rédigé par Hélène Brousseau et Isabelle L’Heureux (p. 39), car elle est assez représentative de ce qui est mis en place par la culture : un champ d’action social qui crée des opportunités de mettre en commun des savoirs.

Les deux portraits mis de l’avant dans cette édition ciblent ainsi deux collectifs d’artistes. CODE BLANC, formé par My-Van Dam, Stanley Février et Maryam Izadifard, a pour projet le détournement des codes bureaucratiques qui structurent la culture. Les barrières systémiques, identifiées par consensus par les artistes et leurs pairs, constituent l’essence même de leurs œuvres. Pour la séance photographique, nous les avons rencontrés dans les bureaux du Conseil des arts de Montréal, comme un clin d’œil à leurs actions performatives et artistiques par lesquelles ils incarnent différents « Ministères ». Pour le collectif DAWA, formé en 1984 puis réactivé par de nouvelles membres en 2019, nous avons rencontré deux artistes de la plus récente mouture, Mosa McNeilly et Dzi..An, accompagnées de Claire Carew. Cette dernière s’est alliée au collectif pour une série d’expositions commissariée par Andrea Fatona et qui réunit, plus de trente ans plus tard, celles qui avaient participé à l’exposition historique de 1989, Black Wimmin: When and Where We Enter.

Dans son deuxième et dernier article pour sa Chronique, Marie Perrault poursuit ses questionnements sur le déracinement. Chez l’artiste Andréanne Godin, elle retient cette fois le caractère intime des souvenirs qui nous unissent au territoire, sous le prisme de la perte et du deuil. Dans sa Perspective, Élaine Frigon revient sur une nouvelle résidence dans les Laurentides, mise en place par l’organisme ATSA (Quand l’Art passe à l’Action), qui fête en 2023 son 25e anniversaire. Elle a rencontré pour l’occasion sa directrice Annie Roy. Enfin, nos collaboratrices et collaborateurs font un retour sur la saison d’expositions de l’automne dernier pour les Visites, notamment celles de Maude Bernier Chabot à AXENÉO7 (Gatineau), Marie-Ève Levasseur à la Galerie d’art Antoine-Sirois (Sherbrooke), Lisette Lemieux au Centre d’art Jacques-et-Michel-Auger (Victoriaville), l’exposition collective présentée à SBC Galerie d’art contemporain (Montréal) et celle portant sur la musique dans les arts visuels inuit au Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM). Trois grandes expositions en musées ont marqué la saison, celle d’Evergon, cet artiste précurseur en photographie, au Musée national des beaux-arts du Québec, Jean-Michel Basquiat au MBAM sous le prisme de la musique, et enfin quatre artistes de l’abstraction montréalaise des années 1940 – moins connus que leurs contemporains francophones – au Musée d’art de Joliette. 

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