Chaque numéro de Vie des arts se démarque par son unicité thématique, la richesse du regard de ses collaborateur·rice·s et la diversité de ses rubriques. Celles-ci participent à la trame de la revue : une trame singulière délimitant l’essence de chaque numéro, et une trame plus vaste révélant le geste de direction artistique responsable d’une identité tracée sur le temps long.


Ce numéro 274 est celui d’une passation. Choisir de contempler ce paysage dessiné par Jade Boivin, qui a assuré la direction éditoriale de la revue pendant plus de cinq ans, orchestrant entre autres la refonte graphique de ce périodique actuel, vif et dynamique, me semble non seulement de mise, mais essentiel. Dans les coulisses s’est ficelée une voix éditoriale empreinte de sensibilité et de soin; une voie que je désire, à mon tour, emprunter.


Le hasard qui veut que je signe deux textes dans ce numéro octroie une belle symbolique à mon glissement vers cette nouvelle posture de direction éditoriale que j’adopte. Ces textes dirigent d’ailleurs le regard vers des enjeux qui m’apparaissent pertinents à sonder pendant mon mandat : le premier revient sur un sondage qui visait à recueillir les vœux adressés par le lectorat de la revue à l’une des plus grandes institutions du paysage culturel québécois, le Musée d’art contemporain de Montréal (MAC); le second retrace une exposition qui s’est déroulée en périphérie des grands centres, au Bas-Saint-Laurent. L’intention de me tourner vers notre lectorat pour imaginer les futurs écrits portés par la revue m’habite. Réfléchir à notre milieu, à nos institutions, à ce qu’elles reconduisent comme possibles m’apparaît crucial. Et nous repenser, collectivement, à partir de lieux de création et de diffusion marginaux ou éloignés est un geste qui, je crois, peut nous nourrir et ouvrir nos imaginaires.


Ce numéro 274, par sa thématique, a conduit la revue et ses collaborateur·rice·s à (se) poser des questions quant à l’avenir du MAC, en partant du constat que la population autant que les acteur·rice·s de notre réseau, avant toute chose, ressentent un manque depuis sa fermeture. Entre l’idéation et la production du dossier « Un vœu pour le MAC », les travaux ont repris à la Place des Arts et de nouvelles ressources ont rejoint les rangs de l’institution, permettant d’augurer de manière positive plusieurs des enjeux discutés dans le dossier, comme si un vent soufflait une énergie neuve sur les projets en cours. Dans l’ombre, des choses bougent parfois.


D’ailleurs, nous saluons la collaboration et la générosité du personnel du MAC : l’équipe a été exemplaire dans son soutien et son apport aux conversations que nous souhaitions mener au sein de notre dossier. Dans le contexte de cette coopération, l’équipe de Vie des arts a pu s’immiscer de manière inédite dans les espaces fermés du Musée. Un événement organisé par la Fondation du MAC pour souligner la reprise du chantier était le théâtre d’une performance artistique que la photographe Noire Mouliom a pu immortaliser, figurant en couverture de ce numéro. Également, nous allons pour notre autre portrait à la rencontre de Stéphane Gilot, dont l’œuvre entière se consacre aux espaces architecturaux et aux utopies encouragées par la ville et les institutions que sont les musées et les universités. L’architecture, dans ses œuvres, est un sujet résolument vivant, résonnant vivement avec les images d’archives du MAC à l’honneur dans nos pages.