Tout numéro d’été possède son lot de particularités. Du cahier Les détours de l’été, que nous confectionnons afin de vous faire voyager parmi les propositions les plus alléchantes de nos dynamiques régions, à la rubrique « Création », qui met en lumière le travail d’un·e artiste ou duo d’artistes par la production d’œuvres originales qui infiltrent le processus d’impression offset, nous tâchons chaque an d’innover afin de faire briller différemment le travail d’artisan·e·s de la culture.

Cette fois, c’est aussi par l’arrivée d’une nouvelle chronique, qui pour les trois prochains numéros nous portera à la rencontre des ressorts – narratifs, picturaux et matériaux – d’une œuvre, que l’édition estivale se démarquera. Initiée par Caroline Loncol Daigneault, qui a assuré par intérim la direction éditoriale de la revue avant mon arrivée, cette nouvelle rubrique ponctuelle intitulée « Une œuvre, un texte » mettra de l’avant la plume de l’un de nos collaborateur·rice·s de longue date, Charles Guilbert. Autre manière de survoler l’actualité artistique, cette véritable plongée dans un objet d’art participera à éclairer autrement ses reliefs, ses textures. Elle constituera une occasion de sonder en amont la création ; de mieux saisir les rouages d’une production ; de palper les détails d’une préoccupation. Une façon, donc, de se coller toujours un peu plus à l’intimité du travail artistique.

Cette nouveauté – et la mienne dans ma fonction, autre ponctuation – m’a poussée à réimaginer un brin le parcours de lecture que propose chaque itération imprimée de Vie des arts. Les rubriques, dont l’ordonnancement a été modifié minimalement, suggèrent maintenant de s’arrêter d’abord sur des enjeux manifestes du milieu, de s’inviter ensuite dans les aires de création de certain·e·s, puis de traverser des œuvres particulières avant de croiser leurs échos dans les lieux d’exposition qui les accueillent, permettant de boucler le parcours par une incursion dans des discours sur les arts à diverses échelles. Cet intérêt d’entrer dans la vie des arts s’anime et s’agite en moi, requérant de découvrir les possibilités qui permettront de poursuivre les rayonnements actuels et d’ouvrir, éventuellement, la porte à de nouveaux jaillissements. Tranquillement, je fouille moi aussi les rouages d’une production : celle d’une revue qui demande temps et patience afin de faire ses secrets miens.

C’est une curiosité sans bornes qui nous permet de faire ce métier. D’aller à la rencontre des arts, d’aller à la rencontre des écrits, d’aller à la rencontre des artistes. Parmi toutes nos rubriques, celle qui abrite une création demeure de toute évidence une plaque tournante, un lieu où tous ces types de rencontres se rencontrent. Dans ce numéro, la connivence palpable entre les univers d’Anna Binta Diallo et de Berirouche Feddal est de ces choses qui, pour moi, touchent à cette idée de rayonnement, de jaillissement. Comment embraser l’espace qu’occupe la création tout comme celui qu’occupe sa réception ? Comment inonder nos esprits de cette flamme qui accapare les artistes ? Poser ces questions, je crois, suggère leur réponse : c’est en multipliant les tentatives de montrer ces univers que nous parvenons à les laisser s’infiltrer dans notre quotidien, que nous les faisons réverbérer dans nos vies, et que nous participons à les élever au rang de priorité pour qu’à leur tour, ils puissent nous mettre en contact avec des réalités, des enjeux et des préoccupations – souvent universelles – qui méritent notre attention entière, et une pleine importance.