À l’heure actuelle, peut-on vraiment interroger une culture (langage, littérature, art, architecture), observer les formes d’organisation sociale, sans éprouver le besoin de l’expérience directe. L’art est action. Agir sur celui qui perçoit, éveiller, d’une part, à la conscience des forces destructrices qui menacent la vie collective et, d’autre part, insister sur les transformations dynamiques qui sont continuellement à l’œuvre, sur la disponibilité des ressources qui régénèrent. L’art n’existe que s’il permet d’intensifier les échanges, les rapports humains, que s’il recrée la Vie.

Vie, Ville, La Ville au Musée, de nombreux livres sur la Ville, des sociologues, des philosophes, des critiques d’art, des urbanistes, des économistes et beaucoup d’autres étudient le problème. Pourquoi cette explosion ? Parce qu’il y a un immense travail à faire, une réorganisation complète à opérer à partir des modes de pensée, une véritable transformation culturelle à assurer et que « tout l’avenir des hommes sur la terre, selon André Wogenscky, dépend dans une très large mesure de ce que sera l’urbanisme et l’architecture, de ce que sera l’organisation de notre milieu physique ». La Ville, en ce qui nous concerne, est cet immédiat d’un très vaste problème. Penser la Ville, c’est penser la Vie. L’étude publiée récemment par le Club de Rome, association de réflexion et de recherche sur l’avenir, avec le MIT (Massachusetts Institute of Technology) parle d’état d’urgence. Tout en gardant la tête froide, il y a lieu de s’inquiéter de l’impuissance de tant d’efforts, fruits de l’intelligence, du courage, de l’imagination, à résoudre les difficultés que présentent la ville moderne, la destruction de la nature, l’explosion démographique.

Il faut surtout reconnaître que le mal est plus profond, qu’il vient d’une rupture fondamentale sanctionnée par la majeure partie des scientistes et des artistes du 20e siècle et qu’il est encore mal perçu dans l’ensemble. Ce mal de l’âme, défini par Jacques Monod dans Le hasard et la nécessité, comment l’explique-t-il ? « Les sociétés modernes, tissées par la science, vivant de ses produits, en sont devenues dépendantes comme un intoxiqué de sa drogue. Elles doivent leur puissance matérielle à cette éthique fondatrice de la connaissance et leur faiblesse morale aux systèmes de valeurs, ruinés par la connaissance elle-même, auxquels elles tentent encore de se référer. Cette contradiction est mortelle. C’est elle qui creuse le gouffre que nous voyons s’ouvrir sous nos pas. L’éthique de la connaissance, créatrice du monde moderne, est la seule compatible avec lui, la seule capable, une fois comprise et acceptée, de guider son évolution. »

L’éthique de la connaissance sera probablement demain la seule acceptable parce qu’elle repose sur le respect de l’homme créateur, dépositaire de la transcendance et de l’exigence du dépassement. Elle pourra ainsi permettre à l’homme, qui l’accepte lucidement et qui la sert, de poursuivre son vieux rêve : construire le futur.