Après un bilan record de 55 000 visiteurs en 2018, l’exposition World Press Photo a marqué la rentrée culturelle de Montréal pour la quatorzième année consécutive. Au programme, la présentation des 150 images primées et de quelques projets spéciaux.

Basé à Amsterdam, le World Press Photo réunissait le 11 avril dernier un jury présidé par Whitney C. Johnson du National Geographic, afin de désigner les lauréats de cette année. Un total de 78 000 images soumises par plus de 4 700 journalistes issus de 129 pays ont ainsi été évaluées. Parmi les 42 photographes primés, l’Américain John Moore, de l’agence Getty Images, a reçu le prix de la Photo de l’année pour un cliché montrant une fillette en pleurs lors de l’arrestation à la frontière américaine de sa mère, une migrante hondurienne. Dans l’exposition, ce cliché intégrait un parcours retraçant l’année écoulée à travers quelques évènements majeurs, connus ou moins connus du grand public. L’ensemble se répartissait en huit catégories – Actualité, Information générale, Sujet contemporain, Portrait, Environnement, Nature, Sport et Projet à long terme –, chacune représentée par des photographies isolées et des reportages.

Les sujets abordés étaient nombreux et variés, certains plus généraux et d’autres plus personnels, certains plus graves et d’autres plus légers. Étaient ainsi représentés  le tabou de l’avortement en Irlande et le baby-boom chez les guérilleras des Forces armées révolutionnaires de Colombie, la mort biologique de la rivière Pasig aux Philippines et l’incidence des cultures de soja sur les terres du Yucatán au Mexique, le fléau des opioïdes aux États-Unis et la visite du président français à la Maison Blanche, l’armée féminine contre le braconnage au Zimbabwe et la résurgence de la fauconnerie dans le monde arabe, le combat d’un champion paralympique originaire de République tchèque et la mélancolie d’une malade du cancer, ou encore l’émergence de la mode à Dakar. Les manières de les traiter étaient, elles aussi, toutes différentes. L’offensive antidrogue menée par le gouvernement des Philippines était ainsi abordée sans pincettes : un homme gît dans son sang, une balle dans la tête. L’éruption d’un volcan au Guatemala et ses terribles conséquences étaient évoquées à travers l’atmosphère méditative d’une chambre à coucher recouverte de cendres. Le massacre des grenouilles pour leurs cuisses apparaissait quant à lui dans une image à l’esthétique pop, traitée avec des couleurs saturées et une composition éclatée dans laquelle les petits corps se vidaient de leurs intestins.

Bénédicte Burzen et Sanne De Wilde, Land of Ibeji (18 octobre 2018). © Bénédicte Kurzen, Noor et Sanne De Wilde, Noor Lauréates du Premier prix Reportages

Invitées de cette année, Bénédicte Kurzen et Sanne De Wilde ont remporté le premier prix de la catégorie Portraits pour leur reportage sur la mythologie entourant les jumeaux au Nigéria : leur taux de naissance serait parmi les plus élevés au monde, sans qu’il y ait de véritable explication scientifique. La comédienne et réalisatrice Monia Chokri, porte-parole de cette édition, a présenté de son côté une série de portraits serrés nous invitant à entrer dans l’intimité de quelques-uns de ses proches.

Comme toutes les autres présentées dans l’exposition, ces photographies racontent des histoires poignantes, qui nous tirent tantôt un sourire tantôt une larme. Entre l’image et ce qu’elle recèle, c’est un journalisme engagé et libre que défendait le World Press Photo avec des clichés tous doublement singuliers !

World Press Photo Montréal – Marché Bonsecours – Du 28 août au 29 septembre 2019