DIANE GOUGEON. Comprendre avec les sens
À chaque nouvelle exposition, on part à la rencontre des œuvres de Diane Gougeon sans image prédéfinie. L’artiste n’est pas [...]
n°269 – Hiver 2023
Influencés par l’héritage du tournant sensoriel et de l’étude des sensorialités dans l’art et dans l’histoire de l’art survenus dans les années 1990, plusieurs artistes s’appuient maintenant sur l’aspect incarné de l’expérience, de l’œuvre et de son interprétation. La question de la sensorialité de l’œuvre devient ainsi un moyen d’aborder de manière critique les structures de création du savoir.
Avec un intérêt marqué pour la sémiotique, Lynn Bannon revient sur les natures mortes activées par Claudie Gagnon en peinture et dans ses banquets, et décrypte les œuvres en considérant le rôle des percepts sensoriels dans la réception que l’on peut en faire. Les natures mortes de Gagnon génèrent tantôt des signes de vitalité, tantôt une lecture plus mortifère. Lorsqu’elle les installe en banquet, une confusion des sens advient. En jouant avec les sens ou en les déjouant, les artistes créent des situations où nous devons éprouver l’œuvre. Pour Aurélie Besson, ce paradigme de l’art contemporain se base sur l’embodiment et l’énaction. Chez William Forsythe, Caroline Gagné et Hélio Oiticica, l’ensemble du sens du mouvement est sollicité. L’expérience de ces œuvres amplifie la conscience de notre propre corps, mettant au défi le dualisme corps-esprit au fondement de plusieurs savoirs occidentaux. Le spectre par lequel nous construisons ce que nous connaissons du monde s’élargit aussitôt que le corps entier est considéré dans l’équation.
D’après l’article de Sûrya Buis traitant des œuvres de Zimoun, Agnes Meyer-Brandis et Antoine Bertin, cet élargissement implique que l’art peut aussi puiser dans le vivant comme vecteur de création. Des vers à bois qui produisent du son, des arbres qui génèrent des odeurs, des phytoplanctons comme base d’une installation acoustique, sont autant d’exemples de dispositifs qui rendent intelligible le biologique. On saisit là une réalité désanthropocentrée, impliquant aussi l’interrelation de tout organisme. Enfin, Camille Richard se penche sur les environnements immersifs de Kapwani Kiwanga. L’artiste propose des expériences qui ébranlent nos comportements acquis et qui offrent l’occasion de reconfigurer nos savoirs par le corps dans l’objectif de mettre en doute la connaissance humaniste universelle au profit d’une réflexion décoloniale. Pour faire émerger des savoirs spéculatifs et subjectifs, il convient de libérer les sens et de réapprendre à en décoder les signaux autrement.
À chaque nouvelle exposition, on part à la rencontre des œuvres de Diane Gougeon sans image prédéfinie. L’artiste n’est pas [...]
La relation entre le corps, le savoir et le pouvoir est à la base de la création des musées d’État-nation. [...]
L’art participatif, qui a émergé dès la fin des années cinquante, puis l’art interactif, qui s’est développé à partir des [...]
Longtemps considéré comme une évidence, le clivage présagé à propos de l’implication du biologique et du psychique lors de la [...]
La vie sensible des organismes vivants se fait graduellement une place dans le champ de l’art contemporain ; quand la [...]
Un silence puissant règne dans l’atelier de Diyar Mayil, situé en plein cœur d’Outremont, à Montréal. Ce silence est intentionnel [...]