En février et avril 2015, deux groupes d’éducateurs issus de différentes institutions muséales ont discuté de leurs fonctions et de leurs façons de présenter les œuvres d’art contemporain et actuel à des adolescents et des jeunes adultes1.

Quels sont les rôles des éducateurs ?

Les éducateurs remplissent principalement un rôle d’accompagnement et d’initiation. Il consiste à offrir des clés de lecture et d’interprétation des œuvres, en s’appuyant sur les connaissances générales et artistiques des jeunes. Il s’agit de trouver un équilibre entre la valorisation de leurs acquis et le développement de nouveaux outils, qui permettront de rendre intelligibles les œuvres et le contexte muséal en abordant, par exemple, le langage plastique, le commissariat des expositions ou le mandat du musée (Farley, 2015).

Comment se déroulent les visites commentées ?

Lors des visites de groupe, les guides encouragent les jeunes à partager leurs observations, à s’interroger, à échanger leurs points de vue sur les œuvres et les émotions qu’elles suscitent. La discussion qui en résulte enrichit le processus de découverte, alors que certains moments d’observation « libre » permettent de prendre le temps d’être présents aux œuvres. Il peut être tentant pour les visiteurs — jeunes et moins jeunes — de passer rapidement d’une œuvre à l’autre ; pourtant, les avantages d’une expérience attentive sont innombrables.

Discussions, confrontation et critique

Avec pour objectif de rendre les œuvres accessibles, les éducateurs misent sur la discussion et la participation. Toutefois, n’oublions pas le rôle souvent perturbateur (disruptive) des œuvres contemporaines (Pringle et DeWitt, 2014) ; en effet, certaines créations plus denses ou polémiques tendent à poser des difficultés au regardeur. La vulgarisation de ces productions recèle certains écueils, dont la « banalisation conceptuelle » (Janelle, 1994, p. 10), ou la diminution de leur impact initial. Cependant, il serait dommage d’éviter ces œuvres sous prétexte qu’elles sont difficiles à aborder, surtout si elles traitent de sujets intéressants pour le groupe. Les éducateurs consultés sont catégoriques : leur rôle n’est ni de trahir le sens des œuvres, ni de tenter de transformer les goûts des visiteurs afin qu’ils coïncident avec l’offre muséale. Équilibre entre la vulgarisation et le développement d’outils, il s’agit d’une occasion rêvée pour les jeunes d’aiguiser leur esprit critique et leur capacité à former et à exprimer des idées en matière d’art en étant directement confrontés à des œuvres diverses — œuvres qu’ils peuvent contester et remettre en question à leur tour. Bien que la rencontre ne se fasse pas toujours sans heurts, ces moments cahoteux s’avèrent souvent plus riches que les moments de consensus.

S’approprier l’espace muséal et les œuvres

Dans un cadre idéal, les jeunes — adéquatement outillés, conscients de leurs capacités et de la richesse de la construction collective de sens — doivent être en mesure de s’approprier le sens des œuvres et du lieu d’exposition lui-même, et ainsi de les commenter à partir de leurs propres opinions. Toutefois, tout ceci n’est possible que s’ils sont libres d’en faire l’expérience et d’en débattre ouvertement. Si l’art contemporain et actuel représente pour les jeunes un « terreau fertile » (Laforest et Gosselin, 2013), son approche par l’éducation muséale ouvre la porte à l’analyse et à la prise de position critique.

(1) Recherche effectuée dans le cadre de la maîtrise en Enseignement des arts, Université Concordia.

(1) Recherche effectuée dans le cadre de la maîtrise en Enseignement des arts, Université Concordia.