L’école secondaire Mont-de-La Salle à Laval a inauguré en 2019 sa galerie d’art en milieu scolaire. Cette installation qui, par sa persistance dans le temps, peut être considérée comme une institution, a pour objectif de promouvoir le travail des élèves, de faire découvrir des artistes professionnels et de rendre la culture accessible au sein même de l’établissement. Son fonctionnement passe par un comité composé d’élèves et d’enseignants, qui est formé au début de chaque année scolaire. Celui-ci se charge d’élaborer une programmation annuelle et cherche également à développer des partenariats avec divers organismes et institutions afin d’accroître la visibilité de la galerie et d’enrichir les propositions d’exposition.

Il importe de mentionner que la création d’un lieu d’exposition en milieu scolaire représente un défi colossal, surtout dans un contexte de surpopulation où les locaux libres se font de plus en plus rares, sans parler des laborieuses formalités administratives pour l’aménagement et la pérennité d’un tel espace. Grâce au Web et à l’émergence, au cours des dernières années, du concept de galerie virtuelle, nous avons décidé de miser sur une solution ludique et économique : la miniature. Le Petit Musée ou la Galerie LPM, comme son nom l’indique, est une galerie à l’échelle 1/12e, qui occupe un espace de 3m2 et où, de ce fait, le spectateur reste à l’extérieur de l’édifice. Le bâtiment, qui comprend six salles d’exposition et une terrasse sur le toit, est situé à l’entrée principale de l’école et trône au centre d’une vitrine de bijoutier. Le principe est simple : exposer de petites œuvres et donner l’impression qu’elles sont grandes grâce à la magie de la photographie et des réseaux sociaux.

Nous sommes deux amateurs d’art contemporain qui flirtent depuis plusieurs années avec la création, le design et l’architecture, à tel point que nous avons participé à une série de résidences d’artistes-plasticiens en France entre 2017 et 2019. En 2018, notre intention de départ était d’élaborer un outil de diffusion culturel à des fins pédagogiques, grâce auquel tous les métiers liés aux arts visuels pourraient être abordés de manière pragmatique par les élèves, de la tâche de commissariat à la gestion d’organismes culturels. Cette aventure de mini-galerie a donc commencé par la présentation du projet à la direction de l’école, pour solliciter un financement de 3 000 dollars. Équipés d’imprimantes 3D et d’outils de menuiserie, nous avons aménagé notre atelier de la rue Beaumont pour concevoir ce bâtiment miniature durant notre temps libre. Pendant nos cours, nous avons pu mettre nos élèves à contribution pour la création de faux finis et la confection de certains éléments, comme des extincteurs et des chaises miniatures. Pour réussir ce projet, le réalisme devait être impeccable : nous sommes allés jusqu’à inventer une signature graphique à la galerie, et imaginer la mythologie entourant l’histoire du bâtiment. Nous avons conclu qu’il s’agissait d’une ancienne manufacture du XIXe siècle réaménagée en lieu d’exposition, alliant conservation du patrimoine industriel et promotion de l’art contemporain.

Pour réussir ce projet, le réalisme devait être impeccable : nous sommes allés jusqu’à inventer une signature graphique à la galerie, et imaginer la mythologie entourant l’histoire du bâtiment.

À ce jour, la Galerie LPM a accueilli une quinzaine d’expositions1. Celle-ci a été officialisée en 2019, avec les œuvres de l’artiste professionnelle et chargée de cours à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Anne Thibault. On a également pu y voir les mèmes produits par les élèves sous forme de photomontage dans le cadre du concours « J’aime les mots » (Culture pour tous), ainsi que les œuvres des étudiants à la maîtrise qualifiante en enseignement des arts visuels de l’UQAM. La Galerie LPM présente aussi chaque mois de juin l’exposition de fin d’année des élèves.

Le comité de la galerie a été particulièrement actif en 2022-2023. Deux élèves s’y sont considérablement impliqués. Il s’agit du directeur principal Donovan Boudreault et de la chargée de projet Sophia Hattab, tous deux inscrits en secondaire 5. Une fois les thématiques définies par le comité qu’elles pilotent, les deux personnes qui occupent ces fonctions les présentent dans les classes d’arts plastiques et amorcent des discussions pour susciter la réflexion, laquelle mènera à la production d’œuvres pour les expositions. Quelques semaines plus tard, le comité reçoit les propositions et procède à un travail de commissariat sur la base, entre autres, de la pertinence de ces dernières en lien avec la thématique. L’ensemble du comité monte l’exposition et s’implique dans la promotion. La documentation photographique est par la suite diffusée sur le compte Instagram galerie_LPM.

Fait remarquable, Donovan Boudreault, dans son désir d’assurer la pérennité du projet, a même décidé de rédiger un petit traité d’esthétique afin de définir le mandat de la galerie et les valeurs qui s’y rattachent.

1 De deux à six expositions s’y sont déroulées annuellement entre 2019 et 2023. Elles présentaient pour la plupart des œuvres d’élèves réunis en collectif, issus des classes de concentration en art et de création multimédia de secondaire 3, 4 et 5, chapeautées par les professeurs Marc Laforest, Gilbert Gosselin, Ethel Laurendeau, Fabrice Landry, Stéphanie Bélanger, et Alia Grenon-Turcotte.

La mission de l’Association québécoise des enseignantes et enseignants spécialisés en arts plastiques est de promouvoir et de défendre la qualité de l’enseignement des arts, de stimuler la recherche et de favoriser le partage d’expériences pédagogiques.