Le ressourcement d’un enseignant en arts plastiques
Le travail d’enseignant en arts demande un ressourcement permanent pour s’adapter aux clientèles, renouveler les exercices dans lesquels s’installe une routine, imperceptible aux yeux de l’élève, mais décisive pour la personne qui prodigue le cours.
Pour faire sa propre formation continue, l’enseignant en arts s’informe de son mieux tant sur les différents courants actuels que sur les techniques et les paradigmes afin d’établir un lien constant avec ses élèves, une communication au-delà des simples consignes en classe. Ceci demande efforts et temps personnel. Cependant, quelle délectation de découvrir une nouvelle galerie, un nouveau musée ou une nouvelle exposition ! Pour ma part, j’y prends un plaisir que je tente de partager avec mes proches et mes élèves, afin qu’ils en profitent autant que moi.
Le ressourcement par le voyage
De la plus simple sortie en ville aux grands voyages, je fais en sorte d’aller dans les lieux de diffusion d’art. Le foisonnement de pratiques, les postures, avec lesquelles nous sommes en accord ou non, provoquent une fascination et aussi une attitude critique devant ce que l’on voit. Il me semble possible de développer – avec une médiation adéquate – cet esprit critique chez les élèves, en leur donnant des outils de réflexion non seulement pour les aider à appréhender les arts, mais aussi pour développer leur sens critique en tant que citoyen en devenir.
Dans ma pratique enseignante, j’aborde les situations d’apprentissage par le développement du processus créatif afin de ne pas me limiter à fournir un ensemble de consignes en relation avec les matières utilisées. Initiés à la démarche artistique, les élèves non seulement donnent un sens aux projets proposés, mais ils leur attribuent aussi une motivation personnelle et une justification au-delà de la réussite scolaire.
Le ressourcement par une pratique des arts
Avoir une pratique artistique, aussi modeste soit-elle, est un apport important pour améliorer l’enseignement. Par les discussions qu’elle provoque et entretient, par les échanges critiques, produire de l’art sur une base personnelle enrichit l’enseignement. Le rapport avec les élèves en est la preuve : le simple fait de mettre sa pratique artistique de l’avant le rend pertinent et possible aux yeux des élèves. Ceci ajoute aussi un rapport intéressant avec nos collègues, enseignants en arts ou non, qui eux-mêmes discutent de la valeur et de la pertinence des cours d’art à l’école. Ces discussions constructives permettent une meilleure compréhension des arts à l’école et dans l’école, et parfois amènent des hybridités intéressantes, un décloisonnement qui est si désiré dans la pratique enseignante.
Ainsi, une forme de perméabilité s’installe entre les deux mondes : les pratiques scolaires et la démarche artistique permettent des expériences d’enseignement uniques, dédramatisant les pratiques parfois obscures et autres paradoxes du monde des arts. J’ai maintes fois expliqué à mes élèves la valeur d’une œuvre, les tractations s’y rattachant, le contexte historique menant ses influences jusque dans nos vies, dans leurs vies.
Le ressourcement par la formation professionnelle
Lors de congrès ou de tout cercle de discussions pour l’avancement de l’enseignement, le même processus agit. Je me souviens, alors que je commençais à enseigner, des échanges passionnés de mes collègues, lors de mon premier congrès de l’AQÉSAP. Cette passion m’a porté pendant mes débuts en enseignement, qui furent difficiles, et a fait en sorte que toujours je persévère. Je tente constamment d’être à la hauteur de mes prédécesseurs, pour lesquels j’éprouve une grande admiration.
Dans la réforme des compétences en enseignement, il y en a maintenant une stipulant que l’enseignant doit « donner du sens aux apprentissages pour soutenir le goût d’apprendre ». Donner du sens est, pour ma part, la raison même de ce métier. Si un enseignement, quel qu’il soit, est dénué de sens, pourquoi donc les élèves seraient-ils motivés ? La motivation des élèves commence par une motivation de l’enseignant. Celle-ci peut passer par le ressourcement, qui nous sort de notre confort et interroge encore une fois ce que l’on enseigne et surtout pourquoi on l’enseigne. Malgré les conditions et les aléas de notre vie professionnelle, il est de notre responsabilité de nous ressourcer, d’aller vers la congrégation des arts et de nous y épanouir.