13 designers à la conquête du monde
Récemment formés dans les écoles et les facultés, ces 13 jeunes designers se lancent à la conquête des marchés commerciaux. Voici leurs portraits par la rédaction…
LOUIS-PHILIPPE PRATTE – EXPLOITER LA RICHESSE DES BOIS D’ICI
Par Christiane Baillargeon
Diplômé en design industriel à l’Université de Montréal, puis en design de transports en Allemagne, Louis-Philippe Pratte, après un passage à l’agence Sid Lee, a finalement relevé le défi de fonder une entreprise au mandat vert, À Hauteur d’homme (Hh), dans le domaine de la fabrication de meubles. Visant à exploiter la richesse des bois d’ici avec fierté et en assumant pleinement ses préoccupations écologiques, Hh a lancé son programme de reboisement : replanter l’équivalent du bois utilisé pour chaque produit vendu. Cet engagement a été révisé à la hausse, récemment, alors que Hh a publié sur son site sa promesse x10 par laquelle il replante dix fois la quantité de bois utilisée.
Spécialisé dans les cuisines, Hh offre une gamme de meubles convenant à toutes les pièces de la maison. Conçus en bois massif à partir des essences d’ici et faits pour durer, tous les produits sont identifiés par un prénom : l’étagère Jakob, le tréteau Arthur, le jouet poétique Léonard. Disponibles avec ou sans finition, les meubles sont déjà assemblés par des ébénistes et ils sont faciles à déplacer.
Louis-Philippe Pratte prépare du nouveau pour 2013 et il n’a pas l’intention de se confiner à ses cuisines ! En attendant le lancement de ses nouveaux produits, Hh prévoit offrir, dès ce printemps, l’option sur mesure à ceux et celles qui recherchent un ameublement plus personnalisé.
ALBANE GUY, AMANDINE GUILLARD, ANIK POIRIER, JESSICA ET ELISABETH CHARBONNEAU – LE CLUB DES « CINQ »
Par Stéphanie Dumas
Grâce à leur installation lumineuse intitulée Forêt Forêt, Albane Guy, Amandine Guillard, Anik Poirier, Jessica et Élisabeth Charbonneau ont remporté le concours Créer l’hiver, organisé par le Quartier des spectacles et la Ville de Montréal. Les passants ont été conviés à venir chuchoter quelques mots aux grands arbres ornés de motifs divers installés près du métro Saint-Laurent, du 15 décembre 2011 au 26 février 2012.
Les quatre premières artistes formaient déjà un groupe, auquel s’est jointe Élisabeth, la sœur de Jessica. Les deux sœurs travaillent également en duo sous le nom de Tagteam Studio.
Sur la Place Pasteur, aux abords de la rue Saint-Denis, du 13 septembre 2010 au 11 mai 2011, cinq plateformes en bois invitaient les gens à s’exprimer. Le projet Lieu_dit, réalisé lors d’un stage au service des communications de l’UQAM, était l’œuvre des quatre finissantes en design d’événements. De ce stage est né le projet de travailler ensemble.
Albane, Amandine, Anik, Jessica et Élisabeth, cinq femmes, cinq trajectoires partagées entre le design industriel et le design graphique, mais un point commun entre les quatre premières : le DESS en design d’événements de l’UQAM. Selon Albane, « nos différents cheminements constituent nos principaux atouts, car ils font en sorte que nous formons un groupe pluridisciplinaire ». Ce qu’elles retiennent de leur formation, c’est la possibilité d’explorer librement les voies même les plus improbables qui conduisent à des créations originales, à quoi s’ajoute le principe qu’il ne faut pas s’empêcher d’utiliser les médiums les plus inattendus. Elles ont également développé des liens avec quelques professeurs grâce auxquels elles ont obtenu des contrats.
LINDA PLOURDE – AMÉNAGER DES ESPACES POUR LE BIEN-ÊTRE
Par Christiane Baillargeon
Après avoir acquis une solide expertise en ressources humaines, Linda Plourde s’est tournée vers le design d’intérieur et s’est inscrite, en 2005, au baccalauréat offert par l’Université de Montréal.
Dès 2008, son projet de fin d’études, Exuvie, portant sur l’aménagement d’une maison funéraire, lui vaut le prix FERDIE (Fonds d’études et de recherche en design d’intérieur de l’est). Depuis, créant son propre emploi, elle développe ses concepts, toujours menée par la recherche du bien-être des utilisateurs, par l’authenticité des relations, par l’efficacité et la simplicité.
Développement de concepts, aménagement d’espaces, conception de mobiliers, gestion de projets, réalisation de dessins techniques, suivi sur le terrain : Linda Plourde aime avoir une vision globale de ce qu’elle entreprend. Elle valorise l’approche client, afin de concevoir, pour lui, l’environnement qui sera le plus cohérent avec son identité.
Trois de ses réalisations ont été reproduites dans le cahier Mon toit du journal La Presse, et de celles-ci, le projet du studio Coupal est, pour elle, une grande source de satisfaction puisqu’il a exigé une réflexion sur l’espace et le processus de réalisation parallèlement aux préoccupations habituelles relatives à l’esthétisme et aux fonctionnalités. Linda Plourde, qui a conçu surtout des espaces domestiques, aimerait maintenant développer des projets en aménagement de bureaux par lesquels elle pourrait explorer les effets de l’espace de travail sur le bien-être et, par conséquent, sur l’efficacité des employés. Cet objectif lui permettrait d’exploiter toutes ses compétences en conservant l’unique fil conducteur de ses expériences professionnelles : l’humain et son bien-être.
MARIO GAGNON – RAYONNER POUR REDONNER À LA COMMUNAUTÉ
Par Christiane Baillargeon
Mario Gagnon est le président fondateur d’Alto design, une des rares entreprises québécoises qui peut afficher au moins vingt-cinq années d’expérience en design. Aussi à l’aise dans les grands que les petits projets, cette firme a donné un nouveau visage aux taxis de Montréal, a conçu les intérieurs d’autobus pour Novabus, tout en développant aussi des accessoires de cuisine pour la compagnie Trudeau, comme par exemple un barbecue urbain alimenté à l’électricité dont l’élément chauffant, fait de thermo-céramique, fournira un rendement supérieur à celui du gaz.
Ancien professeur en design industriel au Cégep du Vieux-Montréal, puis chargé de pratique dans le même domaine à l’Université de Montréal, Mario Gagnon soutient la relève en accueillant, chaque année, quatorze étudiants finissants de cette université pour un stage de trois mois et en offrant à l’un d’entre eux la possibilité d’un stage supplémentaire de trois autres mois au cours de l’été.
Outre son engagement à titre de président de l’Association des designers industriels du Québec, Mario Gagnon s’investit dans Mission design, un organisme québécois visant l’alliance du design et du développement économique. Parmi les grands projets de l’organisme figure la préparation, en collaboration avec Montréal International et le Palais des congrès, de la conférence Montréal 2017, une grande rencontre interprofessionnelle réunissant architecture, design et urbanisme.
Mario Gagnon prévoit depuis plusieurs années le transfert de son entreprise. Une fois cette étape franchie, cet homme généreux et engagé compte continuer à apporter sa contribution au développement et au rayonnement du design.
MICHELINE CLOUARD ET JULIE SAINT-ARNAUD – VLAN PAYSAGES ET L’AMÉNAGEMENT EXTÉRIEUR DU MUSÉE DES BEAUX-ARTS DE MONTRÉAL
Par Jean De Julio-Paquin
L’inauguration du nouveau pavillon Claire et Marc Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal a également donné naissance à un projet de lieu public unissant les trois pavillons du complexe muséal. L’élargissement des trottoirs, la mise en place d’un mobilier de calcaire évoquant la montagne, un éclairage nocturne et l’agrandissement du jardin de sculptures en constituent les principaux éléments. La rue devient ainsi une extension du Musée, une œuvre d’art à part entière, contemporaine et originale, imaginée par une équipe multidisciplinaire sous la direction de l’Atelier d’aménagement et de design urbain à la Ville de Montréal (AADU).
Vlan paysages s’est joint à l’équipe regroupant des architectes, des architectes paysagistes, l’artiste Adad Hannah et Gilles Arpin, concepteur en éclairage. Micheline Clouard et Julie Saint-Arnaud, ses deux designers, favorisent une approche intégrée. C’est pourquoi les domaines d’activité de cette firme montréalaise créée en 1999 englobent autant les espaces publics et institutionnels que les parcs, les axes routiers, le mobilier, ainsi que l’intégration d’œuvres d’art.
Conçu comme une salle d’exposition extérieure, le nouvel espace de la rue Sherbrooke et de la rue du Musée met en valeur des œuvres exceptionnelles, issues de la collection permanente du MBAM : des sculptures de Jean-Paul Riopelle, de Mimmo Paladino, de Jaume Plensa, et L’Œil de David Altmejd, œuvre à la fois puissante et d’une grande beauté esthétique réalisée pour le Musée. L’aménagement extérieur du MBAM est un exemple réussi de design urbain à Montréal, un projet structurant qui définit avec éloquence ce secteur particulier du centre-ville.
LUC MAYRAND – DESIGNER DU FANTASTIQUE, TALENT SANS FRONTIÈRE
Par Christiane Baillargeon
Même si sa formation est un peu irrégulière – il a interrompu le baccalauréat en design industriel qu’il avait entrepris à l’Université de Montréal pour aller étudier au Art Center de Pasadena –, la carrière professionnelle de Luc Mayrand est hors du commun. Professeur associé à l’Université de Montréal, enseignant au Art Center, le designer montréalais évolue, depuis douze ans, au sein de l’énorme équipe des constructeurs de rêves du Monde merveilleux de Disney.
Même s’il connaît plusieurs logiciels de dessin ou de modélisation, c’est toujours à main levée que Luc Mayrand trace arabesques et droites parfaites, espaces et objets tridimensionnels complexes. Il compte parmi ses nombreuses réalisations : le design de Mission Space – Epcot, à Walt Disney World, en Floride ; Space Mountain 2, de Disneyland, en Californie ; Star Trek the Experience au Paramount de Las Vegas ; Terminator 2 – 3D réalisé par Universal Studios, en Floride ; les séries télévisées Babylon 5 et Farscape produites respectivement par Warner Bros. et la compagnie Jim Henson.
Depuis quatre ans, le plus grand défi de Luc Mayrand se situe en Chine puisqu’il travaille sur le tout nouveau parc Disneyland qui ouvrira à Shanghai dans quelques années. Il est directeur de création de cet énorme projet, actuellement en construction, pour lequel il a formé des équipes et imaginé les scénarios.
DANIELLE MARTIN ET PAO LIM – LA SILHOUETTE FÉMININE DANS TOUTES SES DÉCLINAISONS
Par Marie Claude Mirandette
Martin Lim, c’est la rencontre de Danielle Martin et de Pao Lim. Pao était étudiant en éducation physique, Danielle entamait une formation en design de mode. Ensemble, ils se sont mis à dessiner et à faire des vêtements, passion de toujours de Danielle. Tout de suite, le talent naturel de Pao pour le dessin s’est imposé. Il s’est inscrit en mode au Campus Notre-Dame-de-Foy (Cap-Rouge). Après le DEC, ils ont continué en gestion et design de mode à l’École supérieure de mode de l’UQAM. Puis, Pao a décroché une bourse d’études supérieures, et ils ont poursuivi leurs recherches au sein du programme de maîtrise du Central Saint Martins College of Art & Design de Londres. Pendant une année, ils ont travaillé en Europe auprès de couturiers prestigieux comme Christian Lacroix et Roland Mouret, avant de rentrer à Montréal et de fonder leur entreprise, en 2010.
Martin Lim se distingue avec une ligne franche au design moderniste, inspiré des courants marquants de l’art moderne du XXe siècle, du futurisme au minimalisme. Un style chic, épuré, graphique, qui habille de soie et de fibres végétales naturelles une femme féminine, active, confiante, un tantinet nonchalante. Bien dans sa peau, séduisante sans jamais être outrageusement sexy ni trop dénudée, elle est de son temps et mord dans la vie. Une coupe impeccable au service de la silhouette féminine dans toutes ses déclinaisons, c’est ça Martin Lim, selon ses créateurs mêmes !
ANNIE LEGROULX – HIP, HIP, DRINGDRING !
Par Nathalie Roy
Mère de deux bambins avec lesquels, bien sûr, elle fait du vélo, la sécurité est primordiale pour Annie Legroulx. Ne trouvant aucune sonnette en métal à son goût, elle en récupère une et la modifie. Engouement immédiat d’amis, puis du public qui en redemande. « C’est mon côté pratique. Si un objet fonctionne ou me plaît, je l’adopte, sinon je l’améliore », assure-t-elle. Elle propose 60 modèles, parmi lesquels, dans la série Animaux, la coccinelle adorée des tout-petits. Quant à elle, elle préfère une signature graphique forte.
Depuis la fondation de DringDring en 2005, tout roule pour Annie Legroulx parce que sa sonnette ludique a gagné une clientèle engagée, qui démontre ainsi de façon hip ses convictions ! Les sonnettes en métal en provenance de Chine sont enduites d’une couche de base, dans l’entreprise locale Formetal, avant d’être peintes à la main par les membres de l’équipe DringDring, où l’on trouve bon nombre d’étudiants en arts visuels. La peinture en poudre ne contient pas de solvant et ne dégage aucune vapeur toxique à la cuisson.
Ayant confié à l’entreprise new-yorkaise Kikkerland la production et la distribution internationale de 18 modèles sous licence produits en Inde selon les normes durables de DringDring, la designer se consacre de plus en plus à la création sur mesure, ainsi qu’à la mise au point de nouveaux produits. L’envie de personnaliser son vélo ne se dément pas. « Et ça fait sourire les gens », conclut-elle. Le sourire et le vélo ne sont pas prêts de disparaître…
VINCENT LECLERC ET DAVID PARENT – DES TECHNOLOGIES INNOVANTES
Par Émilie Granjon
« Créer du jamais vu pour émerveiller tout en réinventant les médias numériques », c’est la mission que se donnent les créateurs d’ESKI. La compagnie montréalaise dirigée depuis 2006 par Vincent Leclerc et David Parent, le premier, diplômé de l’Université Concordia, le second, de l’Université Laval, se spécialise dans la réalisation de technologies permettant de produire des expériences immersives et interactives aussi innovantes que spectaculaires. Avec la technologie PixMob (un type d’éclairage LED singulier), les concepteurs ont voulu trouver la manière d’intégrer les spectateurs dans un espace public, voire de les transformer en agents participatifs de l’immersion. C’est cette technologie qui a permis de surprendre la foule lors du concert d’Arcade Fire au Festival Coachella le 16 avril 2011 : de gros ballons lumineux et interactifs, « tombés du ciel », ont ravi les spectateurs. Cette technologie a également été utilisée lors du lancement de la Microsoft Kinect dans une mise en scène du Cirque du Soleil, dans laquelle la foule se métamorphosait en écran géant pixélisé. ESKI intervient également dans le développement artistique, comme on a pu le voir au Quartier des spectacles de Montréal avec sa participation technologique en 2011 dans la réalisation des 21 balançoires interactives créées par Andraos et Mongiat, toutes disposées sur la promenade des artistes. Les innovations d’ESKI ont pu être vues à Montréal au cours de l’événement Nuit Blanche, édition 2012 : 65 luminaires en forme de tube, 160 pixels différents et 4 types d’algorithmes ont rythmé le boulevard Saint-Laurent.
ANNE-MARIE LAFLAMME ET CATHERINE MÉTIVIER – BEAU, BON, DURABLE
Par Marie Claude Mirandette
Catherine et Anne-Marie sont des amies de longue date. À la fin de leurs études en mode au collège Marie-Victorin, elles voulaient se gâter pour marquer l’événement. Elles ont cherché un vêtement à la fois respectueux de l’environnement et fabriqué localement. Elles n’ont rien trouvé qui leur plût. Le besoin pourtant était là. Pour y répondre, l’idée de l’atelier b. s’est développée en 2007, pendant leurs études universitaires à l’UQAM. En 2009, elles ont fait le grand saut.
L’atelier b., c’est d’abord le plaisir de travailler en atelier. À ce bonheur se greffent une philosophie et une éthique : les deux associées cherchent à obtenir le concours de collaborateurs et d’entreprises partageant leur vision d’un mode de production respectueux de l’environnement et des personnes. Elles recourent à des matériaux textiles produits au Québec mais, de plus, dont les constituants aient un effet négligeable sur l’environnement. Elles comptent sur des entreprises œuvrant au développement de leur quartier, à la réinsertion sociale de personnes défavorisées.
Rien ne les réjouit davantage que des projets comme Montréal Couture, dont les cellules de formation font appel à des travailleurs expérimentés de l’industrie afin d’assurer la survie et la passation de techniques de fabrication qui tendent à disparaître aujourd’hui. Elles se sentent appartenir à une nouvelle génération de gens d’affaires qui valorise le travail collectif et croit à la notion de « slow design », pour un retour à des modes de production plus responsables, sans pour autant sacrifier le design.
GUILLAUME SASSEVILLE – FABRIQUER DE FUTURS SOUVENIRS
Par Nathalie Roy
Designer urbain autant que designer de produits domestiques ou d’expositions d’objets, voire joaillier à ses heures, Guillaume Sasseville se passionne pour l’objet usuel qu’il décortique afin d’en extraire l’essence. Concepteur prometteur, il a gagné la bourse Phyllis-Lambert Design Montréal 2011, pour son projet Verre commun. Il s’agit d’un ensemble de verres et de gobelets en verre destinés à un usage courant, qui s’inspirent de la production industrielle de verres à Montréal, au XXe siècle. Contemporaine et formellement montréalaise, la ligne Verre commun sera produite en série limitée par un artisan verrier autrichien.
« J’aime les objets du quotidien, ce sont des objets simples qui méritent d’exister. Utilitaires… mais bourrés de poésie, parce qu’ils sont chargés de codes. Ils changent nos vies », explique le designer. Ainsi, un détail, un filet, le chatoiement d’une surface suffisent pour libérer des souvenirs ou des signes. Tel est le cas des bagues exposées à la SAT en 2010. Guillaume Sasseville a préservé des traces originelles, en marge de ses interventions de créateur. Chez ce jeune créateur, l’objet et sa mise en espace peuvent aussi être perturbateurs (Carton Jaune, à l’Atelier Punkt, 2010), forçant une relecture de l’environnement quotidien.
Conçue pour la maison Christofle en 2011, la corde à sauter Jump est une réalisation qui répond au plus près à des exigences de forme et de toucher. Camouflant un mécanisme ingénieux, les poignées à la forme nodale épurée épousent idéalement les mains qui viennent les saisir. Ainsi, loin de ressasser le passé, Guillaume Sasseville s’applique à fabriquer de futurs souvenirs…
MARTIN IMBEAULT ET VANESSA LANDRY, ON LES CONNAÎT SOUS LE NOM DE LA BANDE À PAUL
Par Stéphanie Dumas
Martin et Vanessa possèdent un studio de design ; ils réalisent des aménagements commerciaux et organisent les espaces destinés à accueillir des expositions. Expédition : l’Arctique, au Musée canadien des civilisations de Gatineau du 21 avril 2011 au 15 avril 2012, qui traite de la première expédition scientifique canadienne en Arctique, c’est eux.
Martin a étudié le design de présentation au Cégep du Vieux-Montréal. Après un passage en urbanisme à l’Université de Montréal, il retourne sur les bancs universitaires en histoire de l’art à l’UQAM. Vanessa, elle, possède une double formation collégiale en arts plastiques et en design de présentation.
Ce qu’ils retiennent de leur formation, c’est le partage entre la pratique et la théorie, et « le contact avec les autres étudiants et leur mode créatif », mentionne Vanessa. Un point qui les poussait à être plus compétitifs et innovateurs. Martin avait été impressionné par le travail de Vanessa lors de l’exposition des finissants en design de présentation. « Elle a fait sensation, particulièrement auprès de certains professeurs », se souvient-il. Certains sont devenus des amis, et parfois même des collègues de travail grâce auxquels ils ont obtenu des contrats. Martin doit son premier emploi à un ancien professeur.
C’est au cours de la dernière année de leur formation que des liens se sont créés entre eux. Vanessa se souvient que Martin lui « tombait un peu sur les nerfs » durant la première année, mais la complicité s’est tissée avec le temps. La bande à Paul allait pouvoir naître.
CARLA EL-SAMRA et JASON SHATILLA – INVENTIVITÉ À LA PUISSANCE TROIS
Par Nathalie Roy
« Tout part du cœur », constate la designer Carla El-Samra, de Surface3. Une vérité pour De farine et d’eau fraîche, réalisation qui lui valu l’un des Grands Prix du design 2011, dans la catégorie Café. Les cœurs gravés sur les tables joliment dépareillées sont à l’origine de l’aménagement de l’étonnante pâtisserie qui marie naïveté, modernité et blancheur, éléments bruts et sophistiqués. Où trouver des pattes de chaises tournées suspendues et des moulures du sol au plafond ? Où donc, sinon dans un espace sorti tout droit du haut-de-forme d’un chapelier fou !
Surface3, créée en 2003, développe son créneau dans la restauration. Mais que ce soit pour un restaurant ou un atelier de mode, comme atelier b., chaque projet est une histoire à raconter et son design un story-board ponctué d’éléments architecturaux saisissants. « Au Ginger Sushi Bar, explique le designer Jason Shatilla, de Surface3, il n’y avait pas de vestibule. Nous avons créé un mur pour donner une impression de passage et que l’on sache que l’on entre dans un “moment”. » La cloison comme les banquettes sculpturales à angulation progressive répondent à la géométrie de l’espace. Au San Tapeo, il y a l’idée de tapas dans la façon dont le mur est constitué de plusieurs petits éléments. À l’atelier b., on réunit l’ancien et le nouveau au moyen, notamment, des insertions en inox sur un vieux comptoir-caisse. Ce sens du détail porteur donne à Surface3 son éclat distinctif.