Depuis quelque temps, nous bonifions notre présence sur le terrain en participant à plusieurs activités au bénéfice de la critique d’art – dans sa forme élargie. En résonance avec l’intérêt pour la textualité dans les arts visuels, rassemblé en un dossier dans ce numéro, d’autres questions nous animent hors de nos pages sur cet acte de langage qu’est l’écriture sur l’art.

Nous coorganisons ainsi, avec nos collègues de la Galerie d’art Louise-et-Reuben-Cohen (Université de Moncton) et la Galerie d’art Owens (Université Mount Allison), la série d’ateliers « Entre les lignes : incubateur de la pensée écrite », qui offre une formation en français à une cohorte du Nouveau-Brunswick pour bonifier sa démarche d’écriture sur les arts visuels. Soutenus par le Secrétariat du Québec aux relations canadiennes et par l’Association des groupes en arts visuels francophones (AGAVF), nous avons ainsi offert quatre ateliers. Ces moments d’échanges approfondissent différents aspects de la rédaction en relation avec l’œuvre – l’écrit s’immisce en art selon une pluralité de formes dont le contexte ne se restreint plus seulement à l’édition de livres ou de périodiques ; dans l’écriture, on peut puiser dans d’autres styles littéraires, tout comme on peut en investiguer la fonction documentaire ou son rôle dans la fabrique d’une exposition, d’un discours ou d’une pensée. En poursuite de cette revitalisation, et appuyés par le Conseil des arts de Montréal et son comité des arts autochtones, nous venons aussi de lancer une résidence destinée à une autrice ou un auteur autochtone. Ainsi, nous accueillerons au courant de l’année 2022 une ou un lauréat, qui bénéficiera d’un accompagnement professionnel pour la réalisation d’un article.

Si produire une revue d’art, c’est anticiper ce qui, d’aujourd’hui, persistera dans le temps, c’est aussi se replonger toujours un peu plus dans nos archives. À l’occasion d’un atelier offert conjointement par Artexte, le RCAAQ/Réseau Art Actuel et Repaire, nous avons été reçus le temps d’une formation « Wiki x arts actuels », pour revisiter les ressources de nos tout premiers numéros et les offrir comme outil pour bonifier la présence de l’art québécois et canadien sur cette grande encyclopédie libre. À l’issue de l’atelier, la page Wikipédia d’Andrée Paradis, cofondatrice et directrice de la revue de 1964 à 1986, a été mise en ligne, documentant notamment la généalogie de notre organisation.

Pour plonger finalement un peu plus directement en nos pages, nous avons préparé pour ce numéro des comptes rendus d’expositions, de livres parus récemment, les portraits de Céline Huyghebaert et de Marc-Antoine K. Phaneuf, et d’autres perspectives. En outre, Charles Guilbert et Edward Perez-González terminent leur réflexion sur l’accident en art en nous amenant vers les installations de Sébastien Cliche. Émilie Tremblay est allée à la rencontre de spécialistes de l’art inuit pour faire le point sur les conditions de la pratique artistique tant au Nord dans l’Inuit Nunangat, qu’au Sud. Quinze ans après que le Prix Sobey a été octroyé pour la première fois à une artiste inuk, Annie Pootoogook – et réitéré en 2021 avec la lauréate Laakkuluk Williamson Bathory – le constat est partagé par plusieurs : il reste du chemin à faire pour enrayer les barrières systémiques défavorisant les artistes inuit. Également, nos collaboratrices et collaborateurs reviennent sur des expositions récentes de Sylvia Safdie, Mathieu Cardin, Geneviève et Matthieu, Shanie Tomassini, Renée Lavaillante, Esther Calixte-Béa, en plus de se pencher sur des expositions collectives présentées à la Galerie d’art Foreman, à VU Photo et au Centre d’exposition de Val-David. Enfin, l’essai rédigé par Felicia F. Leu sur les performances d’Anne Imhof (Palais de Tokyo) et de Maria Hassabi (MoMA), ferme les pages de ce numéro de printemps. 

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