La première chose que remarque le visiteur en entrant dans ce centre d’art contemporain si singulier qu’est l’Arsenal, tout au bout de la rue William dans Griffintown, c’est l’architecture du bâtiment : un espace monumental, des murs clairs et très hauts, des plafonds qui relaient la lumière du jour, une architecture résolument moderne et contemporaine mettant à profit l’ancienne vocation industrielle de l’immeuble. Dans la grande salle, des œuvres de David Altmejd, Marc Séguin, Ugo Rondinone, Latifa Echakhch, pièces de collections privées, celle de François Odermatt ou celle de Pierre et Anne-Marie Trahan, les fondateurs de l’Arsenal.

On circule dans cette grande salle comme dans un musée de classe internationale. Et c’est précisément cette préoccupation de l’international qui est au cœur de la mission de l’Arsenal. Jean-François Bélisle, son directeur général, a grandi et vécu en Europe, en Afrique, aux États-Unis ; il se définit lui-même comme un citoyen du monde. « La grande salle, dit-il, c’est vraiment le cœur de l’Arsenal. Ici, nous procédons par projet. Contrairement aux galeries dont la raison d’être consiste à représenter des artistes et à promouvoir le développement de leur carrière, nous, nous ne représentons pas des artistes. Notre but, c’est d’aider le milieu des arts au complet. » Les projets de l’Arsenal sont variés. On y a présenté des expositions marquantes comme La Science des rêves, ou encore Coup de foudre chinois1 qui a permis au public montréalais de découvrir les démarches souvent audacieuses d’artistes contemporains de l’Empire du Milieu.

L’Arsenal est financé par mécénat. Il tire aussi une part de ses revenus des événements spéciaux qu’il organise : concerts, spectacles, banquets ou encore présentations de mode. « Nous essayons d’inventer un nouveau modèle, explique Jean-François Bélisle. L’idée des événements est de tisser des liens entre différentes formes de culture contemporaine : l’art, la danse, la mode, la musique. » L’Arsenal veut créer des dialogues entre les arts et les artistes, et multiplier pour le public les occasions de découvertes.

Le quartier Griffintown a été choisi pour ses attributs. Les partenaires fondateurs de l’Arsenal voulaient un lieu qui soit facilement accessible et encore abordable pour leurs moyens. Une bonne partie de leur clientèle vient de la communauté d’affaires, d’où la nécessité de ne pas être éloigné du centre-ville. D’autre part, ils cherchaient un immeuble industriel de grande taille. L’ancien chantier naval de la Montreal Marine Works était tout indiqué. « C’était le plus grand chantier naval de la côte Est, explique avec fierté le directeur de l’Arsenal. Il possédait 14 acres, et tout le canal Lachine. La grande majorité des bateaux à vapeur qui desservaient New York, Boston, Washington et jusqu’en Floride étaient construits ici. » Cela donne au centre d’art contemporain une superficie opérationnelle de 83 000 pieds carrés.

Lorsqu’on demande aux propriétaires de l’Arsenal ce qui les inspire, ils citent le Palais de Tokyo à Paris ou encore la Dia Art Foundation à Beacon, au nord de New York. Est-ce qu’il y a un nouvel engouement pour l’art contemporain à Montréal ? Jean-François Bélisle répond spontanément : « Je pense que oui. Un des résultats concrets de mon expérience internationale et des voyages très fréquents de Pierre Trahan, c’est que nous nous sommes rendu compte – et c’est ça qui a vraiment lancé l’Arsenal – que les artistes d’ici sont d’une qualité exceptionnelle, mais largement sous-exposés à l’étranger et même localement. »

En sortant de l’édifice, on aperçoit sur le sol un marquage, initiative de l’Arsenal, qui indique la direction des autres galeries des environs, DHC/ART, Parisian Laundry, Galerie Antoine Ertaskiran et la Fonderie Darling. Comme un clin d’œil. 

ARSENAL, Montréal

Expositions en cours
NEXT2-MONTRÉAL
15 novembre 2014 au 15 février 2015

BNLMTL2014
22 octobre 2014 au 4 janvier 2015