Le Livart

Depuis quelques semaines, Montréal compte un nouveau centre artistique dont les objectifs et les ambitions s’articulent autour du souhait de bien des amateurs d’art actuel : découvrir l’art dans un cadre intéressant qui allie la rigueur de la présentation et la convivialité. Niché dans un ancien presbytère du Plateau, sur la rue Saint-Denis, Le Livart se présente comme un espace spacieux et diversifié : on y trouve, sur quatre niveaux, une galerie d’art, des locaux d’artistes, une école d’art et une salle de réception. Une telle diversification répond au désir profond des propriétaires du lieu et fondateurs du projet, Cindy Trudeau et Marc O’Brien- Miro : créer un lieu public où l’art s’expose, se découvre, se crée, se discute et s’enseigne simultanément.

Dès qu’on pénètre dans la maison patrimoniale qui a gardé extérieurement son allure discrète, on est frappé par la cohabitation de l’ancien et du contemporain. Si le blanc règne en maître, les architectes responsables de la transformation ont laissé ça et là quelques vestiges du mobilier et de la décoration de la première époque du bâtiment, en guise de clins d’œil au passé, qui sont du plus bel effet : l’ancien guichet vitré du portier à l’entrée, derrière lequel on découvre la réception, une grande fenêtre insérée dans ses boiseries originales, un grand escalier en bois massif sculpté, un joli carrelage ancien. Dans une partie reculée, l’ancien confessionnal a même été préservé : nul doute que cet espace stimulera l’imagination de plus d’un(e) artiste. Astuce très contemporaine, la transition entre les pièces d’exposition au rez-de-chaussée est soulignée par des miroirs dont l’effet est très réussi.

La première exposition, présentée jusqu’à la mi-novembre, est volontairement minimaliste : « Cela permet de révéler le nouvel espace avec tout son potentiel. On voit plus clairement le résultat de la transformation par les architectes », explique Virginie Fisette, qui dirige avec enthousiasme et charisme Le Livart.

Cette exposition est née d’une collaboration avec la Biennale de Montréal et a été concoctée par la directrice de l’événement, Sylvie Fortin. Outre les peintures d’Attila Richard Lukacs, présentées dans un petit espace au début du parcours et qui remettent en mémoire la série Brandenburg où le peintre, originaire de Calgary, a recouvert d’anciennes cartes de Berlin de larges bandes de peinture et de signes qui évoquent le monde industriel d’avant la guerre de 1940, on découvre dans la spacieuse et lumineuse salle d’exposition principale les œuvres de deux artistes peu connues à Montréal : Shannon Bool et Katherine Bernhardt. Les structures épurées de la première, qui font allusion aux grilles des fenêtres d’une prison de femmes, contrastent avec l’allure pop de la peinture grand format aux couleurs vives de la seconde. Dans une autre salle, un grand portrait de Janet Werner (Bambi, 2005) reflète la tension entre l’expérience idéalisée et le vécu féminin réel qui est un sujet récurrent chez cette artiste. Le visage représenté semble dévorer la pièce et miniaturiser l’espace qui le contient.

Avec la grande diversification de ses objectifs, Le Livart s’est-il assigné un créneau particulier en art ? À cette question, Virginie Fisette répond sans hésiter : « C’est trop tôt pour le définir ; nous voulons rester ouverts à différentes formes, à différents styles. Notre salle de réception, en bas, commence à être connue. Les locaux d’artistes sont presque tous loués. Les visiteurs peuvent sentir l’atmosphère de « ruche créative » en visitant les lieux, nous encourageons les artistes à montrer leur travail, et nous organiserons régulièrement des portes ouvertes. Le Livart a opté pour un statut d’OBNL et nous devons trouver un équilibre entre la rentabilisation du lieu et la capacité à rendre nos murs accessibles à différents artistes. » La première grande exposition dont le thème est « Noir et blanc », conçue par un comité de sept personnes, invitera 30 artistes à présenter leurs œuvres dès le 19 janvier 2017. Au total, quatre expositions sont prévues pour 2017. 

Galeries École Studios Événements 
3980, rue Saint-Denis Montréal 
www.lelivart.com