Les tableaux de Dan Brault sont peuplés d’icônes disparates en lien direct avec le monde actuel où les informations proviennent de toutes parts, où les images se multiplient.

Tels des écrans lumineux, les tableaux de Dan Brault foisonnent de références ludiques issues de jeux vidéo ou de bandes dessinées ; des boules de bowling, des bombes prêtes à éclater ponctuent ses compo­sitions. On sourit devant les bulles illustrant les pensées de personnages qui agissent, en quelque sorte, comme des alter ego de l’artiste. Dan Brault peint bien sûr avec des pinceaux, mais aussi avec des pochoirs et des aérographes. Il se permet des incursions du côté des premiers dessins par ordinateur qu’il imite habilement. Bref, il semble vouloir ne rien s’interdire.

Ces images décuplent les voies d’accès au travail du peintre, à la « sensibilité baroque » telle que la qualifient ses galeristes. Récits morcelés, ses assemblages d’icônes restent bien ancrés dans le langage de la peinture dont l’artiste s’approprie à sa guise les possibilités.

La couleur comme posture esthétique

Outre les formes éclectiques qu’adopte Dan Brault, l’audace dont il fait preuve dans le choix des couleurs est étonnante. Il étale de grands champs turquoise, des orangés criards, des jaunes vifs, des couleurs très éclatantes, presque fluorescentes. Déconcertantes, ces hérésies ? Il s’en réjouit : « La couleur, c’est la liberté totale », répond- il. Ces choix esthétiques, il les assume et même il les revendique !

Les références à la peinture moderne traversent l’ensemble des productions de Dan Brault. Des traits expressionnistes, ou encore des formes hard edge, réalisées au ruban-cache, traversent ses œuvres et leur confèrent, toutes proportions gardées, un caractère plus savant.

Des titres, tels L’énigme du peintre, Stratégie de chasse ou L’Épée du peintre, sollicitent la complicité du regardeur. La cœxistence de références savantes et populaires est sans doute une des forces paradoxales des compositions de l’artiste.

Dan Brault cultive résolument un univers joyeux « pour échapper à la morosité ambiante », se justifie-t-il. On ne sera pas surpris que l’une de ses expositions à la galerie d’art du Grand Théâtre de Québec ait été associée à la Manif d’art.

L’extravagance des formes et des couleurs dans la peinture de Dan Brault est soutenue par un travail technique déterminant. C’est peut-être ce qui en fonde l’unité.

Les choix des matières participent grandement à l’effet que produisent ses œuvres. Il oppose les couleurs mates de l’acrylique aux zones plus lustrées de la peinture à l’huile. Il fabrique d’ailleurs la plupart de ses couleurs acryliques et se procure des couleurs à l’huile faites à la main.

Une certaine vulnérabilité

Enfin, dans ces tableaux se côtoient des parties parfois réellement gauches, d’autres faussement gauches. La vulnérabilité qu’il laisse ainsi deviner est touchante. Il acquiesce : « je ne me cache pas dernière la technique ».

L’univers d’images bigarrées, doublé d’un travail de la couleur dont le peintre repousse les limites, étonne et réjouit les amateurs. Les effets percutants que réussit à produire l’artiste rappellent que la peinture, au-delà de l’image qu’elle donne à voir, demeure d’abord et avant tout matière.

Dan Brault est représenté par La Galerie 3 à Québec et la Galerie Laroche-Joncas à Montréal.