Cette année, une partie de l’équipe de Vie des Arts a diffusé des critiques de certains des films projetés au FIFA sur le site Internet de la revue. On peut encore les consulter gratuitement. Nous n’y revenons pas dans l’article ci-dessous qui constitue une appréciation globale du FIFA.

Tout un monde sépare le film Helsinki Music Centre – Prelude, lauréat du Grand Prix 2013 du Festival international du film sur l’art (FIFA) du film Corno, Prix du public. L’un raconte comment des passionnés de musique parviennent à mener à terme, malgré bien des obstacles, la construction d’une salle de concert à vocation sociale et culturelle, l’autre permet de suivre le combat acharné que mène l’artiste peintre Johanne Corneau pour faire connaître sa peinture et vendre ses tableaux à New York et dans d’autres métropoles de la planète. Ce n’est pas la moindre qualité du FIFA que de présenter ainsi des facettes du monde des arts dont les enjeux sont totalement différents. Cependant, un point commun relie sans doute les quelque 250 films de la 31e édition et certainement la douzaine de films primés : ils sont tous riches en émotions.

Partout ou presque règne la prédominance des témoignages des artistes sur eux-mêmes ou bien les commentaires de ceux qui leur sont proches (membres de leur famille, collègues, agents, producteurs, critiques). De quoi est-il essentiellement question ? Des mobiles qui animent leurs prestations, des sources de leur inspiration, des mystères de la création artistique. Encore ces sujets inépuisables doivent-ils bénéficier de traitements à hauteur de l’originalité ou de la sensibilité des artistes, des projets ou des compagnies artistiques qui sont considérés. Or, si l’on s’en tient au seul palmarès, force est d’admettre que la qualité des productions primées reflète la haute tenue du 31e FIFA, car beaucoup d’autres réalisations auraient pu prétendre à un prix. Mais le jury devait trancher. Par exemple, la décision a dû être difficile de choisir entre Sagrada, le mystère de la création, qui évoque la saga de l’achèvement de la cathédrale conçue par Gaudi au cœur de Barcelone, et Helsinki Music Centre – Prelude pour l’attribution du premier prix. Encore plus difficile a dû être le choix de la meilleure biographie, entre Sandrine Bonnaire, actrice de sa vie ou encore Jonas Mekas : I Am Not a Filmmaker et le très touchant Huguette Oligny, le goût de vivre qui a finalement été primé. On y voit la merveilleuse comédienne apprécier les derniers mois de sa vie avec un appétit et un bonheur exemplaires. Dans un tout autre registre, La longueur de l’alphabet (Prix Tremplin pour le monde) met en scène un Naïm Kattan (écrivain) en verve dans ses tribulations dans divers quartiers de Montréal. Dans cette catégorie, aurait été à considérer Azulejos. Une utopie céramique de Luis de Moura Sobral qui explique la popularité de l’azulejo, signature du Portugal dans l’art décoratif.

Hors du palmarès, certains films se démarquent en particulier pour avoir réussi à faire sentir plutôt qu’à souligner le courage des artistes qui en sont les vedettes. Tel est le cas de The Fatwa – Salman’s Story où l’on suit l’écrivain Salman Rushdie, objet d’une protection sans relâche qui dure encore aujourd’hui ; tel est le cas également de La toile blanche d’Edward Hopper, qui montre un artiste farouchement à contre- courant des modes artistiques dominantes et des courants politiques et sociaux. Les témoignages de Maria Schneider, vedette du film Le dernier tango à Paris, et de Marilyn Monroe au sujet de son image d’icône de magazines et de cinéma ouvrent avec finesse des brèches déchirantes sur les pièges du métier d’acteur. On trouvera un peu pesant au milieu de tant de bons films David ou la mort de Marat – un peintre en révolution et sans surprise Salvador Dali, génie tragique, anthologie de tous les bons mots du célèbre peintre surréaliste. À ces modestes réserves près, on peut dire que le FIFA amorce avec bonheur sa quatrième décennie. 

31FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM SUR L’ART
Du 14 au 24 mars 2013