Michel Beaucage
Papiers de riz d’Est en Ouest
Depuis plus d’une douzaine d’années, Michel Beaucage utilise le papier de riz1 comme support de ses œuvres picturales : acrylique, pastel, encre de Chine et collages. Grâce à la technique singulière qu’il a développée, le papier se solidifie et laisse passer la lumière comme une pièce en verre que rehaussent des effets de glaçures.
Au Symposium d’art extérieur de Shanghai qui a eu lieu dans un parc à Lijiazui, au Pudong, Michel Beaucage a présenté Fenêtres cachées, soit quatre peintures sur papier de riz maintenues entre deux feuilles de plexiglas et montées sur des structures en acier. Pour prendre part à cet événement qui regroupait une douzaine d’artistes en arts visuels ainsi que des musiciens, il a créé ces œuvres sur les lieux. Il y a intégré des éléments circulaires qui rappellent sensiblement le mouvement cinétique des astres et probablement les sphères de la Perle de l’Orient, une tour de télévision visible du lieu d’exposition. Des bambous trouvés ont servi de pochoirs pour des motifs peints à l’aérosol. Ces formes traduisent notamment l’intérêt de l’artiste envers l’intégration d’œuvres à l’environnement.
De plus, lors de son séjour d’un mois au cours de l’automne 2015 à Shanghai, l’artiste a réalisé un papier de riz, le plus grand format peint jusqu’à maintenant, exposé au Museum of Humanities and Arts de Zhujiajiao, quartier de la vieille ville. Au cours de cette période, une designer chinoise l’a invité à concevoir un qipao, le vêtement traditionnel des femmes mandchoues devenu à partir des années 20 la robe des femmes modernes et occidentalisées de Shanghai. Ainsi, Michel Beaucage a peint la soie de deux robes intégrées à l’exposition. Il a également réalisé Jardin secret, une murale installée en permanence au Mandy Plaza, un lieu commercial fréquenté de Xi’an, quartier situé à côté du Musée d’art contemporain où il a participé à une autre exposition de groupe.
À la Galerie Éric Devlin à Montréal, il a dévoilé des œuvres sur papier de riz principalement peintes à Shanghai et inspirées de son passage dans diverses villes de Chine. Chacune des pièces pour Mur de Xi’an constitue une œuvre en soi, tel un écho à Fenêtres cachées par leurs agencements presque toutes en duo. D’autre part, cette murale se rapproche de Jardin secret par sa dimension. Des œuvres encadrées sous plexiglas rappellent également la présence de l’artiste en sol oriental. Signés ou marqués du sceau chinois, ces papiers de riz évoquent le caractère intemporel et la continuité qui allient tradition, histoire et moment présent.
Pour Duo rouge, l’artiste a reproduit à l’encre noire le mot « milieu » en caractère chinois, tirant ainsi parti de la symbolique de l’empire du milieu et de la calligraphie. D’autres signes plus abstraits relèvent de l’action painting. Quant aux reproductions d’objets de consommation et aux motifs de Séquence Bleu, ils rappellent l’esprit du pop art, c’est dire la polyvalence de l’artiste.
Chez Michel Beaucage, l’interaction nature- culture renvoie à l’interrelation Occident-Orient. L’artiste entend développer ce parallélisme dans ses prochaines expositions.
Michel Beaucage Retour de Chine
Galerie Éric Devlin, Montréal
Du 13 février au 19 mars 2016
(1) La Planète figure parmi les premiers papiers de riz. Il a été exposé avec une autre peinture sur toile libre, soit Planète, lors de la 2e Biennale internationale d’art de Beijing en 2005 (don à la collection de la Biennale). L’artiste a aussi participé à la BIAB en 2008 et 2010.