À travers l’exposition QUARK, présentée à l’Écart, la chorégraphe Clara Furey et l’artiste multidisciplinaire Caroline Monnet poursuivent leur collaboration précédemment entamée dans le contexte de la pièce Rather a Ditch (2019). Monnet avait alors confectionné une scénographie spécifiquement réfléchie pour les expérimentations de « danse existentielle » de Furey.

Le titre de la présente proposition est évocateur. En physique, un quark est une particule constituant de la matière observable. Les quarks s’associent pour former des hadrons, particules composites, incluant les protons et les neutrons, entre autres. Les quarks ne peuvent être isolés et s’attirent entre eux par une attraction fondamentale, l’interaction forte en termes scientifiques. Les artistes se fusionnent comme des particules élémentaires et complémentaires parmi des gestuelles et des traces matérielles en résonance avec celles-ci. Elles utilisent leurs moments de cocréation comme des jonctions de tous les possibles pour mettre en (ex)tension les forces contraires au sein de leurs pratiques. La collaboration entre Furey et Monnet s’avère définie telle une complicité naturelle par les échanges énergétiques de leurs corps respectifs. Les artistes unies s’influencent ; de part et d’autre, elles réfléchissent et agissent. Pour des raisons exceptionnelles, elles n’ont pas réalisé leur résidence ensemble à l’Écart tel qu’il était initialement prévu. D’ailleurs, dans l’essai de l’exposition, nous pouvons lire qu’elles se seraient « peut-être installées dans le vide, peut-être dans le silence1 ». Il est ainsi question d’une absence fusionnelle. Pour cette exposition, même à distance, Furey et Monnet creusent en ce vide créatif un langage commun. Cet interstice collectif est cerclé d’une matière sensible et, de surcroît, insaisissable et insondable. Ce vide semble leur appartenir. Néanmoins, les visiteuses et visiteurs s’y insèrent aussi, afin de prendre part à cet écho en silence.

QUARK est une exposition dans laquelle nous pouvons trouver une radiance dans la noirceur. Cet accès privilégié à la force fusionnelle entre les complices remplit ce vide d’interactions entre nous d’une lueur unificatrice.

D’une imposante fragilité, le dispositif scénique de la pièce Rather a Ditch, itéré pour l’occasion, s’ouvre sur une profondeur, un vide, un abîme. La matière s’effondre et s’enfonce. Nous nous égarons dans la vacuité et l’opacité du Tyvek noir, ce matériau de construction qu’utilise couramment Monnet. Les éclats de l’œuvre vidéographique de Furey projetés sur le mur adjacent se réfractent sur la surface aux reliefs striés. La captation de la pièce méditative When Even The (2017) de Furey est parallèlement présentée à Wounded (2019) de Monnet, une composition morphologique torsadée à la porosité perceptible étendue au sol à même un socle circulaire. Entrer dans l’exposition, c’est ausculter une géographie relationnelle tracée par une cartographie d’interventions interpersonnelles. Le langage métaphorique des propositions dansées et façonnées, la disproportion des gestes appliqués ou éclatés, puis l’évocation de la proximité – malgré la distance – s’expriment dans chacune des œuvres. Des présences (in)animées et des silences hérités sont ressentis en ces corps creusés – abîmés. Les corporalités des œuvres résonnent : l’extraction du soi par des failles d’espoir. Clara Furey et Caroline Monnet se mettent en lumière l’une et l’autre.

QUARK est une exposition dans laquelle nous pouvons trouver une radiance dans la noirceur. Cet accès privilégié à la force fusionnelle entre les complices remplit ce vide d’interactions entre nous d’une lueur unificatrice.

(1) Voir le texte d’exposition sur le site Internet de l’Écart : https://lecart.org/fr/programmation/clara-furey-et-caroline-
monnet/.


(Exposition)

QUARK
CLARA FUREY ET CAROLINE MONNET
L’ÉCART
DU 22 JUIN AU 25 JUILLET 2021