Chapeaux cloches de la mode garçonne des années folles brodés de fil d’or et d’argent, canotiers de plumes et de tulle, capelines au ruban marine, bonnets de coton fleuri pour le labeur aux champs, toques de fourrure, diadèmes de communion ou de mariée, sans oublier les bibis, élégants petits chapeaux qui se portaient sur le dessus de la tête et ornés de plumes ou de petits fruits décoratifs et dont on explique la petite taille par l’arrivée de la Première Guerre mondiale, réduisant ainsi le matériau de création.

Dans une petite salle sombre du troisième étage du Musée McCord, mais éclairée de façon chaleureuse et envoûtante, est racontée l’histoire du chapeau au Québec, de 1920 à 1970. Le chapeau comme accessoire de mode ou de séduction, mais aussi et surtout comme élément de distinction et de convention sociale, marque de respect et de civilité ; bref, le chapeau comme symbole. Une vingtaine de vitrines présentent 80 couvre-chefs différents choisis à même l’importante collection du Musée de la Civili­sation de Québec et portés par d’élégants porte- chapeaux aux faciès délicats de fil de fer. Le visiteur parcourt ainsi 50 ans de mode, de mœurs et de pratiques sociales québécoises.

Plus des trois-quarts de l’exposition sont consacrés à des couvre-chefs féminins. Rien de plus naturel puisqu’il existait une variété éminemment plus grande pour les dames, les jeunes femmes ou les fillettes que pour les hommes.

Au-delà des considérations esthétiques, l’exposition permet d’en apprendre beaucoup sur l’usage du chapeau dans la société, son contexte et son rôle de témoin de l’histoire sociale du Québec. Heure du thé, cocktail, baptême, mariage, rencontre d’affaires ou visites d’État, tant d’occasions et de chapeaux différents ! En complément d’information, des photos d’archives prises dans tout le Québec, de la Côte-de-Beaupré à Montréal en passant par Maskinongé, ponctuent la visite et permettent de mettre en scène ces couvre-chefs selon les familles québécoises, les époques et les modes.

Voilà une exposition ludique et fascinante qui intéressera certainement les femmes, comme en témoignaient les nombreuses visiteuses, le jour de notre passage. Malgré quelques chapeaux masculins de types melon, haut-de-forme, bicorne, toque d’ours ou de phoque rasé, le chapeau au féminin occupe toute la place. Aux plus jeunes spectatrices, Chapeau ! procure le moyen de découvrir la façon dont leurs mamans et leurs grands-mamans se coiffaient ; aux plus âgées, la possibilité de renouer avec le passé et de se souvenir de ces modes si élégantes et raffinées. Cette expo­sition permet également de rappeler le nom des grands chapeliers, créateurs et modistes québécois et de leur rendre hommage.

Bien que le chapeau disparaisse des mœurs et de la mode au courant des années 1960 et 1970 avec l’assouplissement de la religion et l’arrivée d’un vent de liberté et d’anticonformisme, il semble vouloir effectuer un retour chez les jeunes aujourd’hui. Une façon d’afficher sa différence, son individualité et son style. Une mode qui refait surface, mais libérée du poids des mœurs et des conventions. Preuve que notre société évolue et se transforme ! 

CHAPEAU !
Musée McCord, Montréal
Du 30 avril au 18 août 2013