Le projet de Catherine Béchard et Sabin Hudon prend racine dans un séjour à Terre-Neuve en juin 2023 où ils parcourent le territoire d’ouest en est afin de suivre la route des icebergs, ces monuments errants. Face à l’immensité – du territoire, des paysages, des grandes masses de glace flottant dans la mer – l’objectif est de capter, par l’image et le son, les traces de ce périple. En explorant l’extraordinaire diversité acoustique et matérielle de ces masses flottantes et de leur environnement, cette recherche sur le terrain tente de rendre compte de leur temporalité : le temps de flottaison, le temps de déplacement, le temps de transformation.  

L’exposition dévoile des icebergs métamorphosés et fantasmés à partir d’une expérience d’observation in situ, révélant leurs formes sculpturales et leurs étrangetés temporelles et spatiales. Cette stratégie de transformation étant nécessaire afin de rendre possible la manifestation de leur immensité. L’abstraction devient ainsi une immersion vers des formes de paysages imaginaires, une errance monumentale. Les icebergs se transforment en créatures figurées aux mouvements erratiques qui naviguent dans un territoire d’incertitude bouleversé par les variations climatiques. Par la manipulation et la colorisation de l’image, l’objet naturel devient une forme plutôt abstraite, et bien qu’ayant un ancrage dans le réel avec ici un oiseau en vol, là un bout du moteur de bateau dans l’écran, c’est résolument par la monumentalité du sujet et de la forme que l’ensemble paraît chimérique. – Marie-Hélène Leblanc

Image : © Béchard Hudon, image tirée de la vidéo Les monuments errants n°2, 2024