Difficile de mettre en mots l’indécidable de l’identité, mais aussi la performance d’un « outre-genre » qui prend ses distances avec la conformité. Chez SMITH, l’intelligible se loge dorénavant dans la porosité des frontières et la transition perpétuelle, que Paul B. Preciado appelle de ses vœux.

En même temps que nous sommes dans l’épaisseur de la matière et la transparence des corps captés par les caméras thermiques, nous assistons chez SMITH à un affranchissement des réalités binarisées. Dans ce monde raconté par Vinciane Despret ou Donna Haraway, l’invisible s’invite dans le spectre du visible, vivants et fantômes, humains et non-humains partagent une réalité où soin et curiosité s’expriment à travers des parentés inattendues : un fragment de météorite et une puce électronique qui capture les fantômes sont ainsi implantés dans la chair de l’artiste, dont la pratique des états de conscience non ordinaires lui permet d’accéder à un autre mode de relation et d’hybridation avec ce qui l’entoure.

Dans la multiplicité des savoirs qui se croisent au-delà de leurs limites disciplinaires, à quelle réalité voulons-nous appartenir sans faire l’impasse sur une ouverture toujours reconduite vers la différence ? La fiction s’avérerait-elle plus près de ce que nous attendons et voulons de la réalité ? Comment la résistance à l’assignation d’un genre, de normes, agit-elle sur un mieux-être et un mieux-vivre communs ? Outre l’humain et sa dépendance aux connaissances normalisantes, peut-être y a-t-il des échappées vers une régénération des savoirs plus rassembleuse.