Éclairer le temps qui court est une exposition virtuelle de l’artiste en arts visuels Ysé Raoux. Il s’agit du fruit de la résidence artistique réalisée à la chapelle des Cuthbert, du 15 août au 15 septembre 2020, un programme offert par la Corporation du patrimoine de Berthier et s’adressant aux artistes émergent·e·s.

Dans le cadre de cette résidence, Ysé Raoux aura créé un site web regroupant les expérimentations faites à partir des données sonores et visuelles collectées sur, dans et autour du bâtiment patrimonial qu’est la chapelle. Illustrations, vidéos, gifs animés, photographies et bandes sonores composent son exposition qui traite de la dégradation des images. En plus du microsite, le projet comprend un fanzine qui sera disponible en téléchargement. De plus, il sera possible de s’en procurer une une édition limitée format papier. Tous les profits iront directement à l’artiste.

Ce travail de recherche explore la transformation du son en image et leur dégradation respective par strates comme métaphore de la renaissance, tout en posant un regard sur la production artistique actuelle : la création à l’ère du numérique en temps de pandémie.

Si la synesthésie est un phénomène à la base neurologique fusionnant deux ou plusieurs sens, par exemple percevoir des couleurs en réponse à des sons, Ysé Raoux utilise ici une expérience subjective similaire mais produite grâce à l’utilisation de divers logiciels informatiques. En effet, depuis l’avènement de l’art numérique au milieu du XXe siècle, la métaphore de la synesthésie domine les codes de la représentation grâce à l’amalgame des divers médiums dans un même langage. De plus en plus, les frontières qui délimitent le monde virtuel et le monde du réel tendent à disparaître pour s’orienter vers le retour de la matière numérique à l’état de matière physique, mais pas seulement : ici, les codes sont brouillés, le son est mis en image mais l’image est virtuelle. Véritable synesthésie son-image, le travail d’Ysé Raoux tire son essence d’une volonté de transfiguration des différentes frontières sensorielles concentrées sur la création actuelle.

C’est dans le cadre de son projet de maitrise que cette dernière s’est d’abord intéressée à la dégradation des matières végétales puis, en réponse aux contraintes liées à la pandémie et à la difficulté de se procurer certains végétaux, à la dégradation des images. C’est donc par l’entremise de la ruine visuelle/virtuelle que l’artiste aura ici créé un lieu fantasmé, en parallèle à la réalité tangible des choses.

Native d’Arcachon en France, Ysé Raoux est étudiante à la Maîtrise en art de l’Université du Québec à Chicoutimi. Sa démarche s’articule autour de la représentation de la mort et de la dégradation dans les installations ainsi que la photographie. Sa pratique interdisciplinaire mélange les domaines créatifs afin de donner lieu à un parallèle entre la mort et l’objet précieux, en se servant principalement de végétaux. Ses œuvres ont fait l’objet de plusieurs expositions collectives dans la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean. Également engagée dans le domaine culturel, Ysé Raoux travaille pour le centre d’artistes Le LOBE à titre de responsable des communications.