Faux plis par hypothèses
Du 4 Sep. 2024 au 26 Oct. 2024
Mardi - vendredi 10 h - 18 h, samedi 12 h - 16 h
Galerie UQO
101, rue Saint-Jean-Bosco, Gatineau (QC)
Dès septembre, la Galerie UQO présente Faux plis par hypothèses, une exposition collective sous le commissariat de Marie-Hélène Leblanc, directrice de la Galerie UQO et Louise Déry, directrice de la Galerie de l’UQAM. Le projet, soutenu par le scientifique en chef du Québec Rémi Quirion, met en lumière le rôle singulier de la galerie universitaire et engage une réflexion sur la relation entre art et science. Les treize corpus artistiques sélectionnés par les commissaires sont déployés dans cinq espaces d’exposition et de recherche au Québec : la Galerie UQO, la Galerie de l’UQAM, la Galerie l’Œuvre de l’Autre, les Jardins de Métis et la Galerie d’art Foreman. Dans le cadre de Faux plis par hypothèses, la Galerie UQO présente les œuvres du Club de prospection figurée et de Richard Ibghy & Marilou Lemmens ainsi qu’un dispositif exposant les interventions de l’ensemble des artistes participant au projet.
de l’engagement de la galerie universitaire dans les problématiques cruciales liées aux questions de langues et d’identités, de terrestres et de territoires, et de structures et d’institutions, lesquelles sont souvent partagées par plusieurs secteurs de la recherche. La galerie universitaire est précisément ce lieu où, au croisement des savoirs artistiques et scientifiques, des initiatives audacieuses et porteuses font éclater les idées reçues, en plus de faire émerger de nouvelles formes et postures de recherche issues des enjeux artistiques les plus actuels. La Galerie UQO et la Galerie de l’UQAM participent activement à ce décloisonnement disciplinaire en exposant des œuvres et en invitant des artistes qui inventent des raccords féconds avec des contenus scientifiques. Le cadre conceptuel du projet s’appuie sur la notion de faux plis, ici considérés comme des biais parfois imposés, parfois acquis, parfois transmis. Ces faux plis, immanquablement présents dans le contexte universitaire, s’infiltrent dans la recherche et la création. Comment les identifier, les défaire, les transformer ?
La démarche de Faux plis par hypothèses appelle également la reconnaissance des expertises des chercheur·euses artistes ou scientifiques, soumises à des fragilités nombreuses, notamment en ce qui concerne la hiérarchisation des savoirs et la liberté intellectuelle. Des expertises qui font face, de surcroît, à une amplitude bureaucratique avérée dont témoigne la majorité des collaborateur·trices du projet. Les commissaires expliquent : « En même temps que se multiplient les alliances fructueuses, les maillages intersectoriels, et les pollinisations nouvelles entre les multiples champs de la recherche, des faux plis se faufilent et parfois s’incrustent, obligeant à une forme de louvoiement et à une possible résistance quand il s’agit de confronter une conception de moins en moins lisse de la science et de l’art. Car, si dans les plis se dérobe ce qu’il y aurait à entrevoir, dans les faux plis se révèlent des torsions, des manipulations, des écarts qui tendent à inquiéter et malmener le réel. De froissures en plissures et de reflux en replis, il en émane un désir de veille, un état d’alerte, une inclination à y regarder de plus près, une obligation à garder l’œil ouvert. »
À propos des artistes
Eruoma Awashish est une artiste et commissaire atikamekw issue de la communauté d’Opitciwan, en Haute-Mauricie. Depuis quelques années, ses recherches portent avant tout sur l’hybridation des cultures autochtones qui ont su s’adapter malgré la colonisation et les tentatives d’assimilation. Par sa pratique, elle cherche à renverser les rapports de domination en détournant des symboles religieux catholiques, les mêlant à ceux hérités des spiritualités autochtones. Elle vit à Saint-Prime et travaille à Mashteuiatsh.
Geneviève Chevalier est artiste et professeure adjointe à l’École d’art de l’Université Laval. Sous la forme de projections vidéographiques, de films et de séries photographiques, son travail s’attarde à certains modes d’appréhension et de connaissance du vivant, comme le jardin, la ménagerie et la collection muséale d’histoire naturelle. L’artiste s’intéresse au champ de l’histoire naturelle pour mieux aborder l’enjeu de la perte de biodiversité à l’ère de la crise climatique. Elle vit à Québec.
Le Club de prospection figurée allie art et sciences naturelles et se veut une rencontre à double résonance entre Magali Baribeau-Marchand et Mariane Tremblay, deux artistes aux pratiques parentes, ainsi que les membres qu’elles invitent, provenant de différents champs d’expertise. Inspirée des corrélations entre le terrestre et le céleste pour en extraire des significations figurées, leur approche de cocréation sous-tend un rapport à notre environnement et aux cycles interreliés qui le constituent. Elles vivent au Saguenay.
Anna Binta Diallo est une artiste originaire de Dakar qui a grandi à Saint-Boniface, au Manitoba. À travers la peinture, la vidéo, le dessin et le collage, elle aborde la question identitaire comme un terrain mouvant, toujours à sonder. Les biais qui se glissent dans notre rapport à soi et à « l’Autre », et les héritages culturels contradictoires l’interpellent et nourrissent ses réflexions. Elle vit à Winnipeg.
Caroline Fillion est une artiste originaire de Saguenay. Sa pratique conceptuelle repose sur des conjonctions symboliques ou des métaphores contestant, détournant ou transgressant les postulats traditionnels du milieu de l’art. Elle pose une réflexion tempérée par un absurde sérieux sur les méthodes de légitimation de l’art à travers ses institutions et sur le rapport entre l’œuvre, l’artiste et le commentaire qui les précède. Elle vit à Saguenay.
Maryse Goudreau est artiste, autrice, cinéaste et chercheuse indépendante. Elle réalise des œuvres où se croisent images, documents, gestes de soin artistiques et participatifs. Depuis 2012, elle crée une importante archive dédiée au béluga. Cette dernière est constituée comme une œuvre ouverte pour laquelle elle assemble des données et des créations multiples se développant sur deux décennies. Elle vit à Escuminac.
Richard Ibghy & Marilou Lemmens forment un duo d’artistes dont la pratique collaborative allie une recherche rigoureuse à une exploration matérielle spécifique à chaque projet, afin de cerner des questions à l’intersection de l’écologie, de l’économie, de l’épistémologie et de l’histoire. Récemment, leurs œuvres ont porté sur un élargissement des concepts d’hospitalité, de soin et de communication entre les espèces. Le duo vit à Durham-Sud.
Sophie Jodoin est portée par un intérêt grandissant pour les articulations du langage dans son rapport à l’image. Elle interroge les manifestations du féminin, de l’intime, de la perte et de l’absence dans leur relation au corps : comment l’évoquer, l’incarner, le figurer, l’écrire en tant qu’espace vécu, habité, éprouvé ? Ces considérations, intimes mais aussi collectives, animent son œuvre hybride et installative où se mêlent dessin, collage, écriture, photographie, objets trouvés, livres et vidéo. Elle vit à Montréal.
Emmanuelle Léonard est artiste et chargée de cours dans plusieurs universités. Ses recherches actuelles portent sur l’observation de groupes constitués sur des modes hiérarchiques. Telle une ethnologue nourrissant et documentant ses investigations, photographiant, filmant et révélant ses sujets, elle mène ses recherches avec intuition et empathie, guidée par son expérience de l’enquête, de l’entrevue et de la recherche en archives. Elle vit à Montréal.
Mélanie Myers est artiste et chargée de cours à l’Université du Québec en Outaouais. Sa pratique élargit les possibilités plastiques et interprétatives du dessin pour mettre en scène nos rapports médiatisés au paysage et à l’environnement bâti. En s’appuyant sur les clichés quotidiens et les répertoires inépuisables d’images sur le Web, ses œuvres explorent autant la vision périphérique du réel ordinaire que les angles morts du land art. Elle vit à Gatineau.
Kosisochukwu Nnebe est une artiste visuelle et autrice canadienne d’origine nigériane. Elle s’engage sur des sujets comme les politiques de la visibilité, l’embodiment ou encore l’utilisation des habitudes alimentaires et du langage comme contre-archives de l’histoire coloniale. Elle s’intéresse à la construction d’un monde anti-impérialiste par le biais d’actes de solidarité et de (ré)imaginations spéculatives d’autres passés, présents et futurs. Elle vit entre Ottawa et Lagos.
Anahita Norouzi est une artiste originaire de Téhéran dont la pratique interroge différentes perspectives culturelles et politiques sur « l’Autre » — humain et non humain. Inspirée par les histoires marginalisées, elle cultive un intérêt pour les héritages des explorations botaniques et des fouilles archéologiques, en particulier lorsque la recherche scientifique se trouve mêlée à l’exploitation coloniale des géographies non occidentales. Elle vit à Montréal.
Leila Zelli est une artiste originaire de Téhéran dont la pratique s’intéresse aux rapports que l’on entretient avec les idées « d’Autres » et « d’Ailleurs ». Plus spécifiquement, elle se consacre à son art au sein de cet espace géopolitique souvent désigné par le terme discutable de « Moyen-Orient ». Elle crée des installations in situ réalisées au moyen d’images, de vidéos et de textes souvent glanés sur Internet et les réseaux sociaux. Elle vit à Montréal.
À propos des commissaires
Muséologue, commissaire, autrice et directrice de la Galerie de l’UQAM, Louise Déry détient un doctorat en Histoire de l’art de l’Université Laval (1991). Au sein d’une centaine d’expositions et autant de publications, elle a notamment développé les concepts d’« exposition chantier », d’« image manquante » et d’« œuvre s’exposant ». Elle s’est illustrée par son appui aux femmes artistes et aux artistes émergent·es ainsi que par son énergie à diffuser les artistes du Québec et du Canada sur la scène internationale. Gaspésienne, elle vit à Montréal.
Détentrice d’un doctorat en Études et pratiques des arts de l’UQAM (2024), Marie-Hélène Leblanc est directrice et commissaire de la Galerie UQO à l’Université du Québec en Outaouais depuis 2015. Sa pratique commissariale l’a amenée à produire plus d’une trentaine de projets présentés dans diverses structures d’exposition au Québec, au Canada et en Europe. Considérant l’exposition comme médium, elle se définit comme commissaire-faiseuse d’expositions-autrice-praticienne-chercheuse. Gaspésienne, elle vit à Gatineau.
Crédit image : Design du bureau60a – Simon Guibord et Daniel Leblanc.