« Elle est lente notre collecte de choses pour cette affaire qu’est vivre. Dans les premiers jours, nos yeux sont fusionnés à notre cerveau. Sous nos paupières scellées, les prémices de l’iris et de la rétine nagent dans une substance visqueuse noire comme de l’encre. Nos cordes vocales et notre langue prennent forme. On crie, mais sans air, on ne fait aucun son. Notre peau est translucide; nous n’avons pas encore appris à trembler. De minuscules sacs d’air se transforment en poumons. Quand on essaie de respirer, on ne fait qu’avaler des gorgées de liquide amniotique. Quelques semaines avant notre arrivée, nous rêvons et, pour la première fois, nous imaginons un autre monde. »

La pratique de Roberto Santaguida, découlant de ses études, d’abord en cinéma, puis en arts visuels, se concentre sur la déconstruction des traditions du documentaire par l’application de principes poétiques et de questionnements philosophiques. First Fifth, une installation vidéo à quinze canaux, raconte l’histoire de la vie humaine à travers des vidéos maison, du found footage et des films abstraits. L’expérience collective qu’est celle de vivre, le rêve et l’imagination sont certains des thèmes qui émergent dans ces images. La série, dans une narration intime et nostalgique, place différents événements des premières années de vie de l’artiste en dialogue avec des moments de l’Histoire. Par First Fifth, Santaguida donne lieu à un récit qui construit, détruit, puis reconstruit la galerie obsessionnelle de détails que nous appelons, pour des raisons de commodité, la mémoire.

Depuis la fin de ses études en production cinématographique à l’Université Concordia, les films et vidéos de Roberto Santaguida ont été montrés dans plus de trois-cents festivals internationaux. Il a également participé à des résidences d’artistes dans de nombreux pays, notamment en Iran, en Roumanie, en Allemagne, en Norvège et en Australie. Roberto est le récipiendaire de la K.M. Hunter Artist Award et d’une bourse de l’Akademie Schloss Solitude, en Allemagne.