Sofía Gallisá Muriente & Natalia Lassalle-Morillo : Foreign in a Domestic Sense
Du 8 Fév. 2024 au 30 Mar. 2024
Mardi au samedi de midi à 17h
Dazibao
5455, avenue de Gaspé, espace 109, Montréal, QC, H2T 3B3
Foreign in a Domestic Sense fait référence à l’oxymore utilisé par la Cour suprême des États-Unis en 1901 dans le cadre de la décision sanctionnant la colonisation américaine et identifiant Porto Rico comme une « possession non incorporée ». En évoquant cette relation singulière et étrange, les artistes dépeignent le caractère fragmentaire, non linéaire et essentiellement étranger de la mémoire de la diaspora. Née du désir de se rapprocher, de passer du temps auprès de la communauté portoricaine de Floride, l’œuvre cinématographique à quatre canaux entremêle témoignages et imaginaires par le biais de diverses approches narratives et esthétiques. Il en résulte un documentaire spéculatif dont les quatre écrans contribuent à traduire l’enchevêtrement du deuil climatique et du déplacement des populations. Des images vidéos et Super 8 de Walt Disney World et de navettes spatiales de la NASA évoquent à la fois les notions de temps et de voyage, tandis que des images récurrentes de l’eau — des marécages, la hausse du niveau de la mer en Floride et l’ouragan Maria — contemplent l’avenir et la survie.
Par une exploration visuelle stratifiée témoignant de l’hybridité des langages, des souvenirs, des expériences et de leur potentiel réparateur, Gallisá Muriente et Lassalle-Morillo répondent à l’anxiété ambiante d’une population en constante expansion, déplacée de l’archipel par les désastres politiques et environnementaux. Les images de nourriture, la musique et les activités typiquement portoricaines procurent ce sentiment d’être chez soi, loin de chez soi, même si c’est temporaire ou précaire. Avec l’intention de dépasser la représentation souvent obscène du désastre et la marchandisation du chagrin, et en référant aux mouvements migratoires — sur la terre ou sur l’eau —, ou au mouvement du corps lui-même, les artistes se demandent comment se déplacer librement et de manière sécuritaire. La piste de danse est ainsi mise en scène ou documentée comme lieu emblématique où l’exploration collective d’une libération possible est pratiquée, tandis que la signification de la communauté et de la nation évolue et se réorganise.