Artiste juif installé à Montréal, Yehouda Chaki n’a pas connu ses grands-parents, ses tantes, ses oncles ou ses cousins : ils ont tous péri à Auschwitz. Né en 1938 à Athènes, il quitte la Grèce en 1945 pour s’installer à Tel Aviv en Israël. Il est traumatisé par la diffusion quotidienne de Mi Makir sur Kol Israel, la radio nationale, des messages d’individus à la recherche de quelqu’un ou d’information à propos de membres de leur famille disparus.

L’installation Mi Makir se compose de portraits indistincts d’individus exécutés dans des camps de concentration. Des sculptures faites de livres rappellent des tristement célèbres autodafés de livres d’auteurs juifs, libéraux ou de gauche déclarés non-Allemands par des groupes d’étudiants nazis. Les piles jonchant le sol évoquent également les vitres fracassées et les ruines des maisons et des commerces juifs vandalisés, sans oublier les synagogues incendiées par des foules hostiles aux quatre coins de l’Allemagne pendant la Kristallnacht, survenue le 9 novembre 1938. Si cette installation bouleversante touche de près l’artiste et toute une génération de Juifs et de non-Juifs dont les familles ont été tuées durant l’Holocauste, sa signification et son caractère poignant trouvent un écho auprès de l’humanité tout entière.