Josée Pedneault (2022). Contre-jour. Amsterdam : Free Pony Press, 208 p., ill.

Contre-jour est un livre d’artiste de Josée Pedneault publié en 2022 par Free Pony Press. En travaillant étroitement avec Myrabelle Charlebois et Matthias Kreutzer, qui ont fondé la maison d’édition, elle a pu fixer un corpus photographique réalisé lors d’une résidence à Tokyo Wonder Site, au Japon, en 2016.

Quotidiennement, pendant son séjour de trois mois, l’artiste choisit spontanément un objet de son environnement et le dépose sur une feuille de papier vierge qu’elle expose ensuite à la lumière traversant les grandes fenêtres de son atelier. Au fil du temps, le soleil accentue la< décoloration des pigments autour de ces objets désormais anonymes, produisant des empreintes le plus souvent orbiculaires. Les papiers de bricolage qu’avait emportés l’artiste dans ses bagages depuis Montréal s’accumulent sur ses tables de travail au fur et à mesure que se révèle l’image éphémère des jours qui passent.

L’observation des astres et des corps célestes influence depuis des siècles les façons qu’ont diverses cultures de diviser et d’organiser le temps. Témoignant du mouvement de la Terre autour du Soleil, le procédé élémentaire du photogramme qu’emploie Josée Pedneault relie avec finesse les principes photographiques fondamentaux aux multiples interprétations de notre vaste et complexe expérience du cosmos et du monde naturel. Ces thèmes sont chers à l’artiste, qui les explore depuis plusieurs années avec des projets d’exposition et d’art public combinant la photographie, l’installation, le dessin, le document d’archives et l’édition.

Contre-jour est ainsi structuré dans l’esprit d’un calendrier solaire. Passant graduellement d’un orange baigné de lumière à un rose quasi intact, les soixante-quinze photogrammes reproduits en format original sont rythmés par une série d’images nocturnes. Ces dernières situent en quelque sorte le projet, géographiquement et temporellement, en donnant à voir la courte floraison printanière des sakura, ces cerisiers ornementaux emblématiques du Japon qui symbolisent tant l’arrivée de la saison du renouveau que le caractère éphémère de la vie. Les délicates pages de nuit venant s’insérer entre les jours rappellent la fragilité et l’impermanence, et permettent d’interroger notre relation à ce qui recommence, aux événements cycliques de la nature, mais aussi à ce qui prend fin. Un essai aux frontières du récit rédigé par Safia Belmenouar contextualise l’ouvrage en le concluant, et réussit à laisser ouvertes les multiples possibilités de lecture.

Contre-jour consigne les traces d’une contemplation patiente des phénomènes de l’existence. Entre l’ombre et la lumière, le livre traduit une part de l’expérience que nous faisons de l’immensité indicible de l’Univers.