Le 6 octobre prochain, le Musée d’art contemporain de Montréal présentera sa 2e édition de la Triennale québécoise1. La première a attiré un nombre record de visiteurs en 2008. La seconde connaîtra-t-elle un aussi grand succès public et critique ? Quels en seront les enjeux ?

Au cours de l’entretien qu’elle a accordé à Vie des Arts, Marie Fraser, la conservatrice en chef, indique que la prochaine édition s’articulera autour de propositions de quelque quarante jeunes artistes. « Nous avons mis le doigt sur quelque chose qui est en train de se construire, de se dessiner », affirme-t-elle. Évitant de commenter à cette étape les types de représentations, elle mentionne toutefois que les travaux qui émanent de cette nouvelle génération d’artistes seront mis en perspective avec ceux d’autres créateurs, dont certains figurent parmi leurs enseignants. Cet aspect est intéressant, car il peut favoriser une lecture susceptible d’éclairer l’évolution de l’art au Québec et de mesurer comment s’inscrit le « maintenant », terme que la conservatrice en chef a utilisé à plusieurs reprises au cours de l’entretien. Cette situation n’est sans doute pas étrangère à la manière dont a été conçu le catalogue de 450 pages. En plus des textes des conservateurs engagés directement dans le projet, le Musée a fait appel à des collaborateurs extérieurs qui rédigeront, en parallèle, des textes faisant état de leurs réflexions sur l’évolution de l’art actuel au Québec, depuis environ une décennie. Pour Marie Fraser, il est important que la Triennale donne la parole à une pluralité d’auteurs qualifiés, afin d’accroître les points de vue et d’alimenter les réflexions, d’où la mise sur pied d’un comité scientifique. Cette manière de travailler est certes exigeante, mais, selon la conservatrice, elle présente l’avantage de stimuler la recherche disciplinaire. C’est pourquoi un glossaire figurera dans la publication suivant les thèmes choisis, par exemple l’art relationnel, l’art sonore et même le commissariat d’exposition.

Si la conservatrice en chef s’est faite discrète sur la sélection des artistes et le contenu des œuvres, il en va différemment d’autres segments de la programmation, notamment du volet extérieur live. Organisé en collaboration avec le Quartier des spectacles, ce volet témoignera d’un renouveau pour les performances sonores et celles qui incorporent les nouveaux médias ; il regroupera une dizaine d’artistes. De plus, trois Nocturnes sont prévues au programme d’octobre à décembre 2011. Ces deux types d’événements reflètent l’intérêt que manifeste le Musée à se positionner dans l’espace public : cette tendance est déjà largement exploitée à la Place des festivals et dans ses alentours. Plusieurs exemples en témoignent, comme la dernière édition du festival Mutek en 2010, où fut présentée l’œuvre Time Drifts de l’artiste allemand Philipp Geist ou le spectacle Élixir de la firme Moment Factory qui associait jets d’eau et projections numériques.

Le tableau de la deuxième Triennale québécoise ne saurait être complet sans mentionner la production d’un documentaire consacré à l’événement lui-même. Il convie notamment le grand public à « s’approprier l’aventure de la Triennale », le rendant témoin des différentes facettes du travail muséal associées à l’organisation de la manifestation. Comment se fait l’art contemporain ? Comment s’expose-t-il ? Voilà quelques-unes des questions qu’aborde le document visuel selon une approche qui se veut ouverte.

Plusieurs défis se présentent pour la nouvelle conservatrice en chef, en poste depuis tout juste un an. Mais il semble déjà acquis que la synergie du milieu est l’un des axes qu’elle privilégie pour mener à bien la Triennale, l’une des plus importantes activités du Musée. Encore quelques mois avant que se termine le suspense.

LA TRIENNALE QUÉBÉCOISE 2011
Musée d’art contemporain de Montréal 185, rue Sainte-Catherine Ouest Montréal
Tél. : 514 847-6226
www.macm.qc.ca
Du 6 octobre 2011 au 3 janvier 2012

(1) Les maîtres d’œuvre de l’événement sont Marie Fraser, conservatrice en chef, et son équipe, constituée des conservateurs Lesley Johnstone, Mark Lanctôt, Louise Simard, François Le Tourneux, conservateur adjoint, et Marjolaine Labelle, adjointe à la conservation.