30e anniversaire du FIFA – Des idées plein la tête

Entretien avec René Rozon, directeur et fondateur du Festival international du film sur l’art.
Le Festival international du film sur l’art s’apprête à célébrer son 30e anniversaire. À cette occasion, il nous a paru opportun de faire le point sur des initiatives et des innovations récentes du FIFA avec son directeur et fondateur, René Rozon. Elles sont annonciatrices peut-être d’une expansion surprenante.
Marie Claude Mirandette : Revenons tout d’abord brièvement sur l’édition 2011. Pour la première fois, vous avez organisé un marché du film. Comment cela s’est-il passé ?
René Rozon : La réponse a été très positive, parce qu’il y a un réel besoin pour la diffusion du film sur l’art. C’était un projet pilote, et il nous fallait observer comment les protagonistes du milieu du cinéma – réalisateurs, producteurs et diffuseurs – allaient réagir. La réponse nous encourage à continuer. Pour 2012, nous souhaitons améliorer le projet en invitant certains cinéastes participant au festival à faire une présentation de leurs films, en abordant non seulement leurs problèmes de financement et de production, mais encore en expliquant comment ils s’en sont sortis et comment ils perçoivent la distribution et la promotion de leurs films. L’édition 2011 du marché du film visait essentiellement les producteurs. Cette fois, il nous a semblé judicieux de donner également la parole aux cinéastes.
M.C.M. : Vu de l’extérieur, ça peut sembler étonnant que non seulement cela soit pertinent, mais que cela exprime aussi un réel besoin du marché. Est-ce que cette réaction positive des acteurs du marché vous a étonné ? Vous attendiez-vous à cela ?
R.R. : Non. Nous nous sommes lancés dans ce premier marché du film parce qu’un tel projet n’existe pas. Certes, il y a des marchés du film dans plusieurs festivals, mais le film sur l’art y est noyé parmi toutes les autres productions. Dans ce contexte, le premier marché dédié au film sur l’art est à l’image de la spécificité du FIFA.
M.C.M. : Même si ça peut sembler encore loin, à quelque cinq mois de l’événement, où en êtes-vous dans vos préparatifs pour 2012 ?
R.R. : Nous avons déjà reçu des centaines de films, et le comité de sélection est d’ores et déjà au travail. Parallèlement, la production courante roule, de même que les divers ensembles de films de l’édition 2011 qui sont en tournée. Pour 2012, plusieurs projets spéciaux sont à l’étude, par exemple pour souligner le 10e anniversaire d’ARTV et le 20e d’ARTE France, deux importants partenaires. Pour célébrer notre 30e, il y aura un film d’Alain Fleischer sur le festival : il est en cours de réalisation. Le film comprendra des interviews de diverses personnalités, tant ici qu’en Europe, des extraits de films, un historique du festival, etc. Je peux mentionner aussi un projet avec la Collection de l’Art Brut de Lausanne avec un film pour marquer le 20e anniversaire des Impatients, la fondation d’art thérapeutique de Montréal. J’essaie, par ailleurs, de rassembler des films sur deux artistes marquants décédés récemment : Lucian Freud et Cy Twombly. Un film est en préparation sur Twombly ; j’espère qu’il sera prêt à temps pour le festival. On le présentera probablement dans la section Le temps retrouvé. Ça, c’est ce que je peux déclarer… (rires)
M.C.M. : Mais encore…
R.R. : Il y aura une installation à la Cinémathèque québécoise et un projet Zone Art avec la Place des Arts, dans l’Espace culturel Georges-Émile-Lapalme. J’aimerais que l’on fasse quelque chose dans le hall de la PDA, mais ce n’est pas évident. Et on présentera cette année notre premier film 3D.
M.C.M. : J’imagine qu’il va y avoir des soirées thématiques, des masters class et des invités de marque…
R.R. : Certainement, mais tout ça n’est pas encore au point. Nous avons une vingtaine de projets en tête, que l’on doit maintenant développer.
M.C.M. : Est-ce que votre choix d’hommage est déjà arrêté ?
R.R. : Ce sera ARTE France. Et on va voir dans les semaines qui viennent ce que l’on fera avec ARTV.
M.C.M. : Si l’on se projette un peu plus loin, croyez-vous que, dans quelques années, un événement comme le FIFA aura toujours sa pertinence ? Avec la multiplication des plate-formes, le public peut de plus en plus facilement voir des films sur le web, en DVD, en Blu-ray, etc.
R.R. : Pour nous, il ne fait aucun doute que c’est un événement toujours pertinent, attendu, très fréquenté, qui stimule les gens et qui est rassembleur, ce que ne permet pas la fréquentation du web ou l’usage des DVD. Il y a des échanges, des tables rondes, des événements divers qui nous démarquent et vont continuer à être des attractions auprès de publics plus larges encore.
M.C.M. : Y a-t-il, dans les prochaines années, des orientations nouvelles que vous souhaiteriez donner au festival ? Des domaines dans lesquels vous aimeriez affirmer ou développer votre expertise ?
R.R. : Nous avons un projet de numérisation des archives – dossiers, photos et films – qui nous occupe. C’est un vaste chantier… Nous sommes tellement accaparés par le présent que nous n’avons pas beaucoup de temps pour nous projeter dans le futur. S’il était possible de trouver les moyens de mettre en place les structures nécessaires, la distribution de films à l’échelle du Canada serait une chose que nous pourrions envisager et qui répondrait à un besoin réel exprimé par de nombreuses institutions. Mais il s’agit d’un projet complexe qui n’est peut-être pas rentable… On y pense quand même.
30e Festival international du film sur l’art
Du 15 au 25 mars 2012