Le prix Sobey pour les arts : l’ultime distinction en art contemporain
Le début de l’hiver est marqué par la remise de moult prix en arts visuels au Canada. Le plus prestigieux d’entre eux est sans aucun doute le prix Sobey pour les arts, qui en est déjà à sa dix-septième édition.
Depuis près de vingt ans, la Fondation Sobey pour les arts récompense avec une bourse de 100 000 $ un artiste canadien âgé de 40 ans ou moins ayant une pratique novatrice en art contemporain. Cette année, Stephanie Comilang a reçu les plus grands honneurs lors de la soirée de remise de prix qui s’est tenue le 15 novembre dernier au Musée des beaux-arts de l’Alberta à Edmonton.
Un long processus de sélection mène à l’annonce de l’artiste lauréat par un jury composé d’un représentant de chacune des cinq régions du Canada, de la conservatrice en chef du Musée des beaux-arts du Canada (MBAC) et d’un invité étranger. Vingt-cinq artistes sont ainsi mis en nomination lors d’une ronde préliminaire au début du printemps alors que les cinq finalistes – D’Arcy Wilson, Nicolas Grenier, Kablusiak, Anne Low et Stephanie Comilang – ont été dévoilés l’été dernier. Afin de faire connaître au public le travail audacieux de ces artistes, une exposition collective est également organisée par le MBAC. Cette année, elle avait lieu au Musée des beaux-arts de l’Alberta du 5 octobre 2019 au 5 janvier 2020. On pouvait y voir le travail pictural et installatif léché de Nicolas Grenier, qui s’intéresse aux dynamiques socioéconomiques, et les œuvres multidisciplinaires de Kablusiak, qui choisit l’humour pour traiter de déplacement culturel. À cela s’ajoutaient les sculptures à échelle humaine d’Anne Low, qui explore les formes matérielles de production du savoir, et le travail interdisciplinaire de D’Arcy Wilson qui interroge la relation trouble avec la nature dans la culture occidentale. Et bien sûr, le docufiction Lumapit Sa Akin, Paraiso (Come to Me, Paradise) (2016) de la lauréate Stephanie Comilang, qui s’intéresse à la manière dont les communautés culturelles conçoivent leur espace dans des endroits où elles ne se sentent jamais vraiment chez elles1. « Tout est dans la représentation. Pouvons-nous nous projeter dans un monde plus large ? Remporter le prix Sobey pour les arts et représenter un groupe démographique qui me ressemble fait savoir aux autres les possibilités infinies que chacun porte en soi en tant qu’artiste », confie-t-elle. Le jury a quant à lui souligné la « démarche ambitieuse [de Comilang] qui révèle avec complexité ce que nous avons perdu dans la colonisation ».