L’essor artistique du Mile End: portraits de 20 galeries à suivre

À quoi tient un tel engouement ? Pourquoi des commerçants changent-ils de quartier ? Pourquoi des artistes en font-ils autant ? Les réponses sont multiples.
On peut avancer que les loyers (moins de 10 $ le pied carré) sont moins élevés que dans le centre de Montréal autour de la place Ville-Marie. On peut attribuer la migration massive et soudaine des galeries et des centres d’art à un mouvement en chaîne qui se transmet comme une maladie contagieuse. Les artistes ne sont certes pas indifférents à la perspective de se tailler une place – un atelier – à l’un des étages désertés par les entreprises de confection quand d’importantes firmes de production de jeux informatiques ou des consultants de tout acabit n’y sont pas déjà. Et puis les entreprises de services ont tôt fait de s’installer dans les rues du quartier : boulangeries, restaurants, friperies… Quoi qu’il en soit, en quelques mois, le quartier du Mile End est devenu un quartier à la mode.
Schématiquement, le Mile End se présente comme un quadrilatère délimité, au Nord, par l’avenue Van Horne, qui devient le boulevard Rosemont en traversant le boulevard Saint- Laurent ; au Sud, par l’avenue du Mont-Royal ; à l’Ouest, par l’avenue du Parc ; à l’Est, par la rue Saint-Denis.
À l’observer un tout petit peu, il n’est pas très avenant, ce quartier, avec ses boutiques vieillottes, ses rues aux maisons sans cachet particulier écrasées par des bâtiments industriels lourds et mornes, ses rues mal éclairées la nuit et défoncées sans vergogne sous le poids des camions de livraison, véritables trains routiers.
Pourtant, la laideur et la relative pauvreté du Mile End contribuent à donner son charme au quartier. Et puis, il faut compter avec le cosmopolitisme des lieux qui s’exprime dans les cafés de quelques-unes de ses artères les plus fréquentées : Saint-Viateur, Fairmount, Laurier, Bernard, Parc, Saint-Denis. À côtoyer tant de jeunes loups (artistes, techniciens, artisans, informaticiens), même les vieux (et ils sont nombreux) ont l’air jeune tant ils portent dans leurs yeux l’obstination de leur vie de bohème.
Les rédactrices et les rédacteurs de Vie des Arts ont sélectionné une vingtaine de galeries et de centres d’art implantés dans le Mile End. Ils ont produit des textes de présentation originaux et critiques qui mettent en évidence le caractère propre à chacun des lieux. Il ne s’agit évidemment pas d’un relevé exhaustif, mais l’aperçu que ces descriptions proposent donne une bonne idée de la vitalité et des perspectives de développement artistique que promettent d’offrir tous ces lieux qui se consacrent à la promotion des arts et des artistes.
DIAGONALE
110-5455, avenue De Gaspé, Montréal
Diagonale est un lieu de diffusion d’art contemporain qui présente des expositions en lien avec la fibre, que la filiation s’établisse grâce à la matière utilisée ou par le concept.
La Galerie, qui a récemment emménagé au rez-de-chaussée du complexe artistique Le pôle De Gaspé, s’insère maintenant dans un nœud névralgique de diffusion des arts visuels et médiatiques actuels, ce qui la repositionne dans le milieu et lui confère une meilleure visibilité en lui donnant accès à un plus vaste public.
Apparu en 2004, au moment où l’organisme trentenaire qu’était le Conseil des arts textiles s’est transformé afin de se doter d’un lieu d’exposition, Diagonale traverse actuellement une nouvelle étape charnière de son développement : déménagement avenue De Gaspé, formation d’une nouvelle équipe à l’automne 2013, et aujourd’hui, modification importante de la formule d’adhésion de façon à augmenter le nombre de ses membres. Une invitation, ouverte à tous, est d’ailleurs lancée sur le site Web de la Galerie.
Diagonale manifeste clairement la volonté d’actualiser son image et de mieux faire comprendre son mandat de diffusion de l’art contemporain, ce que favorise sa relocalisation à proximité d’autres diffuseurs en art actuel.
DAZIBAO
109-5455, avenue De Gaspé, Montréal
Se concentrant sur les pratiques contemporaines de l’image (photographie, vidéo, nouveaux médias, cinéma expérimental), Dazibao est un centre d’artistes fondé en 1980. Longtemps installée au 4001, rue Berri, l’équipe a senti le besoin d’investir de nouveaux locaux afin d’expérimenter de nouvelles formes d’expression artistique incompatibles avec l’espace dont elle disposait. C’est la raison pour laquelle, durant deux années (2010-2012), l’institution s’est installée à la Cinémathèque québécoise. Les ressources matérielles et humaines que leur offrait le Musée du cinéma selon une formule « résidence » constituaient une base d’essai idéale pour tester les nouvelles orientations du centre.
À la suite de cette parenthèse, Dazibao a élu domicile avenue De Gaspé, au sein du regroupement Pied Carré. Le centre offre maintenant deux salles d’exposition, dont un espace de projection d’une vingtaine de places. Les murs et plafonds, munis de panneaux acoustiques, sont insonorisés, permettant au visiteur une expérience visuelle et sonore de qualité optimale. Dazibao accueille des artistes du Québec, du Canada et de l’étranger et complète son mandat par des activités éditoriales et de médiation culturelle qui permettent de rendre compte de la recherche actuelle dans les champs de l’image. Le centre possède un conseil d’administration, dirigé par France Choinière ; il est principalement composé d’artistes et de professionnels des arts visuels.
CENTRE CLARK
114-5455, avenue De Gaspé, Montréal
Le Centre Clark est un organisme dynamique soucieux de présenter l’art-en-train-de-se-faire. Il regroupe une galerie comprenant deux salles et un atelier de menuiserie ouvert à la communauté. Il compte près de cinquante membres qui participent bénévolement à des comités et développent des projets. Au lieu de payer une cotisation, ils s’impliquent dans différents aspects du fonctionnement et, en retour, bénéficient d’avantages ciblés en fonction de leurs objectifs. Ils peuvent, par exemple, profiter de prix préférentiels à l’atelier, participer à des activités de diffusion, de développement de carrière ou de réseautage, au Québec ou à l’étranger.
La Galerie comporte deux salles d’exposition. Elle y présente des propositions artistiques actuelles sans privilégier une discipline ou un médium en particulier. L’échange d’idées, la collaboration, la qualité des propositions artistiques, parfois leur audace, sont favorisés.
L’atelier offre un équipement spécialisé pour le travail du bois, ainsi que les services de techniciens pouvant conseiller ou aider les artistes tout au long de la réalisation de leurs projets à des prix modiques. Il accepte aussi des commandes, par exemple pour du mobilier d’exposition, des faux-cadres, etc.
Clark est un véritable centre d’artistes autogéré, actif, engagé dans la production et la diffusion des arts visuels.
OPTICA
106-5445, avenue De Gaspé, Montréal
En déménageant dans le Mile End, au printemps dernier, Optica rejoint un pôle culturel important qui rassemble plusieurs autres diffuseurs en art actuel. Cette nouvelle adresse lui offre des occasions de développement susceptibles de changer son image.
Fondé en 1972, Optica est l’un des premiers centres d’artistes montréalais. À l’origine exclusivement dédié à la photographie, le centre a ensuite élargi son mandat pour inclure tous les médiums de l’art visuel contemporain. Favorisant la recherche, la discussion et une approche critique, il accompagne les expositions présentées de conférences, de de forums et de publications. Le nouveau lieu offre deux salles d’exposition auxquelles s’ajoute un espace interdisciplinaire qui convient davantage aux activités liées aux projets de recherche, de résidence ou de médiation. Le centre s’est adjoint un médiateur culturel afin de toucher des établissements publics et d’amorcer un dialogue avec la communauté. Cet objectif se concrétise dès cet automne avec un projet pilote impliquant plusieurs partenaires, dont
la Ville de Montréal et des Caisses populaires du quartier.
Deux classes d’une école primaire rencontreront les exposants; un atelier de création animé par un artiste et une activité de diffusion à la galerie suivront cette visite. Optica compte bien s’intégrer à son nouveau quartier,
accroître son rayonnement dans la communauté et recruter les prochaines générations de son public.
ATELIER CIRCULAIRE
101-5445, avenue De Gaspé, Montréal
Sise au 5445, avenue De Gaspé depuis une dizaine d’années, la Galerie Circulaire a d’abord occupé un espace de l’Atelier Circulaire (atelier de gravure au cinquième étage de l’immeuble), avant d’avoir pignon sur rue. Si des liens entre les deux entités demeurent, la Galerie a néanmoins les coudées franches. Son mandat consiste à organiser la diffusion d’œuvres d’artistes exerçant leurs activités dans divers domaines de l’imprimé.
Trois de ses présentations annuelles sont réservées aux artistes de l’atelier (expo-vente de Noël, Salon estival des membres ainsi qu’une exposition en solo) ; afin de diversifier la programmation, trois expositions individuelles sont consacrées à des praticiens de divers horizons et provenances dans un but affirmé d’ouverture à des travaux multidisciplinaires intégrant l’impression.
Redéployée dans un local central plus grand et plus flexible qui double, par l’ajout de cimaises amovibles, son espace d’exposition, la Galerie Circulaire, avec cinq autres organismes (OPTICA, Centre Clark, Dazibao, Diagonale et Occurrence) constitue l’un des points d’attraction de ce nouveau lieu de diffusion du quartier Mile End : le pôle De Gaspé.
Au programme de la saison 2014-2015 : Leslie Mutcher et Jason Urban (septembre-octobre), Andrée-Anne Dupuis Bourret (octobre-novembre), Konstantinos Meramveliotakis (janvier-février) et Wieslaw Haladj (mars-avril).
OCCURRENCE, ESPACE D’ART ET D’ESSAI CONTEMPORAINS
108-5455, avenue De Gaspé, Montréal
Lili Michaud, la directrice d’Occurrence-Espace d’art et d’essai contemporains, a fait partie des pionniers qui ont choisi de s’établir dans le Mile End pour montrer les œuvres d’artistes à la démarche novatrice. Elle a d’abord occupé un espace commercial au 5277, avenue du Parc, mais elle est très heureuse d’avoir pu obtenir un emplacement au rez-de-chaussée du 5455, avenue De Gaspé. Outre le fait que le loyer est moins coûteux, la configuration de ce local a permis l’installation d’une salle entièrement insonorisée, équipée pour la vidéo et les œuvres multimédias, à côté de la salle principale. Près du bureau, un autre espace peut servir de salle de conférence. Occurrence possède une grande vitrine sur le corridor par lequel on accède à toutes les galeries de la bâtisse. Ainsi, les amateurs d’art qui se rendent aux vernissages du Centre Clark voient les œuvres exposées dans la salle principale. De plus, les galeries regroupent souvent leurs vernissages, ce qui multiplie le nombre de visiteurs. Bien que le déménagement ait retardé la programmation de six mois, Lili Michaud estime que le fait qu’Occurrence, qui célèbre son 25e anniversaire, fasse partie d’un des centres de diffusion les plus importants de Montréal, représente un avantage considérable pour son développement.
LA CENTRALE, GALERIE POWERHOUSE
4296, boulevard Saint-Laurent, Montréal
Fondée en 1973, La Centrale figure parmi les plus anciens centres d’artistes autogérés au Québec. La Galerie s’est bâtie sur le constat qu’ont mis en évidence huit femmes, soit la difficulté d’être représentées et de voir leurs œuvres exposées. Issues des mouvements féministes, ses cofondatrices se réunirent d’abord pour discuter de ces problématiques, et finirent par créer leur propre espace de diffusion la même année. Le 21 juin 1973, sous l’impulsion d’Elizabeth Bertoldi, Leslie Busch, Isobel Dowler-Gow, Margaret Griffin, Clara Gutsche, Billie-Joe Mericle, Stansje Plantenga et Pat Walsh, la première exposition voit le jour. D’abord située au 1210, avenue Greene, la Galerie déménagera plusieurs fois avant de trouver son actuel lieu de résidence au 4296, boulevard Saint-Laurent.
La Centrale se donne pour mandat de diffuser les œuvres d’artistes en devenir dont les activités créatrices s’orientent autour des thématiques féministes. Tourné vers l’art actuel, le centre offre une plateforme de diffusion pour les artistes dont le travail est porté par les discours féministes, la théorie des genres, la diversité culturelle et la transdisciplinarité. 2014 marque les 40 ans de La Centrale ; une programmation spéciale a été élaborée pour souligner l’événement.
GALERIE D’ESTE
4396, boulevard Saint-Laurent, Montréal
Fondée en 2006 par Mark Leibner rue Greene à Westmount, la Galerie D’Este vient d’emménager boulevard Saint-Laurent afin d’être au cœur de l’intense vitalité artistique qui a envahi le quartier du Mile End. Dans un espace spectaculaire par son grand volume aéré, aux proportions presque idéales grâce à la hauteur des plafonds, la jeune directrice Daisy Lily Best et son équipe exposent sur les cimaises des œuvres d’artistes dont la carrière est bien établie comme Ludmila Armata (Montréal), Sarindar Dhaliwal et Peter Harris (Toronto), Angela Grossmann (Vancouver) ou Jean Pierre Ruel (France), mais elles accordent avec conviction une grande visibilité à des artistes émergents. Artiste multidisciplinaire, Annie Baillargeon (Québec), renommée pour ses performances subversives au sein du groupe Les Fermières Obsédées, expose des photomontages réalisés par ordinateur qui mettent en scène une multitude de corps féminins miniaturisés. Le caractère interdisciplinaire des créations de Marigold Santos (Montréal) fait pénétrer le regardeur dans un univers de mythologies personnelles qu’elle explore autant dans ses installations que dans ses pastels et ses toiles. Unique en son genre, Iva.
ATELIER-GALERIE ALAIN PIROIR
802-5333, avenue Casgrain, Montréal
Formé en Europe, Alain Piroir est un maître imprimeur qui se classe aujourd’hui parmi les plus grands. Il a collaboré avec des artistes comme Jean-Paul Riopelle, Max Ernst, Francis Bacon et Matta. Son atelier, où aujourd’hui le seconde sa fille Agathe, est équipé pour répondre à toutes les techniques d’impression, des plus traditionnelles aux plus technologiques : taille douce, eau-forte, collagraphie, photogravure, chine collé, linogravure, lithographie, xylographie, numérisation, techniques mixtes…
Alain Piroir cumule les fonctions de maître imprimeur et celles d’éditeur, d’enseignant et même de galeriste. Il n’est pas nécessaire d’être un graveur chevronné pour avoir recours à ses services. Le soutien qu’il offre s’adapte à tous les niveaux : des débutants aux artistes confirmés comme Marc Séguin, Ed Pien, Louis-Pierre Bougie, Pierre Durette, Catherine Farish… Fort de ses quarante ans d’expérience, Alain Piroir organise des stages de formation et de production individuels ou en groupe. Il publie et diffuse des livres d’artistes. Enfin, il monte régulièrement des expositions qui donnent un aperçu d’œuvres originales, souvent en marge de leur production habituelle, d’artistes comme Harold Klunder, Pierre Durette, Francine Simonin, Georges Visat.
L’accueil à l’Atelier-Galerie Alain Piroir est toujours chaleureux et les visites toujours riches de découvertes et d’enseignement. L’atmosphère ? Celle du papier et de l’encre fraîche.
Ivan Marcovic (Montréal) présente des sculptures de papier dont la puissance suggestive évoque avec finesse la vie des sans-abri. Les photographies stupéfiantes qu’Elena Willis (Montréal) réalise au cours de ses voyages autour du globe, comme ces lentilles d’eau qui tapissent un étang au Bangladesh, apportent une touche de romantisme décalé/ éclairé au sein du groupe d’artistes représentés par cette galerie d’art contemporain, qui privilégie de toute évidence une approche narrative bien ancrée dans la réalité.
GALERIE NOËL GUYOMARC’H
4836, boulevard Saint-Laurent, Montréal
La Galerie Noël Guyomarc’h est sobre, élégante, spacieuse. Les bijoux sont soigneusement rangés dans des vitrines accrochées aux murs, mais aussi dans des comptoirs. Chaque compartiment est associé à une créatrice ou à un créateur. On regarde les bijoux comme on visite une collection d’œuvres d’art. « Ce sont en effet des objets d’art contemporain, d’authentiques et uniques créations : la spécialité de la Galerie », déclare Noël Guyomarc’h. Installé depuis 2011 boulevard Saint-Laurent, il organise six expositions par année où il présente les productions récentes d’un ou de plusieurs artistes ou encore où il réunit un ensemble de bijoux autour d’un thème. Après Naturel/ Artificiel, il a choisi pour l’automne 2014 le thème de L’émail contemporain. En optant résolument en faveur de la diffusion de créations issues des rapports originaux qu’entretiennent les artistes avec la matière, les techniques et l’expression des sentiments (joie, peine, vertige, douleur, sérieux, distraction, amour, amitié…) par des formes et des couleurs, Noël Guyomarc’h se démarque complètement des bijoux de caractère artisanal et commercial. « Il est important, juge-t-il, de comprendre que le bijou que porte une personne transmet un message sur elle-même, mais en même temps, il transmet le propos de l’artiste qui l’a créé auprès de tiers, en l’occurrence toute autre personne susceptible d’observer l’objet dans les diverses situations de la vie. Le fait qu’il soit porté amplifie sa signification. »
Le Musée des beaux-arts de Montréal propose actuellement une exposition de bijoux réalisés par les artistes représentés par la Galerie Noël Guyomarc’h : quelle meilleure façon de leur reconnaître la qualité d’objet d’art !
ARTICULE
262, rue Fairmount Ouest, Montréal
Articule est l’un des centres d’artistes les plus actifs du Mile End. Fondé en 1979, il a été admis comme organisme à but non lucratif en 1980. Initialement située rue de la Montagne à Montréal, la Galerie faisait partie du réseau des galeries parallèles. Elle a déménagé en 2006 rue Fairmount Ouest, dans le Mile End.
Depuis sa création, le centre demeure fidèle à ses premiers engagements : permettre à des artistes en devenir de présenter des projets audacieux et techniquement innovants. Son espace permet d’accueillir des interventions aux formes non conventionnelles, comme l’illustre l’exposition de Sébastien Cliche, Self Control Room, plus tôt cette année. L’interdisciplinarité est une valeur centrale de la Galerie : sans privilégier une forme d’expression plutôt qu’une autre, le centre encourage les artistes qui engagent une discussion « vers la pratique des arts, la pensée critique et la communauté ». Ainsi, art médiatique, vidéo, photographie, performance et peinture se côtoient tout au long de l’année dans la programmation d’Articule. La Galerie propose également des écrits critiques, des conférences, des discussions et des ateliers, toujours animés d’un souci de rigueur, d’expérimentation et d’engagement social.
À partir du 18 octobre 2014, Articule présente la première exposition québécoise de Lisa Reihana, artiste maorie qui a joué un rôle de premier plan dans les pratiques multimédias en Nouvelle-Zélande.
ESPACE 40
108-160, rue Saint-Viateur, Montréal
On accède à la galerie Espace 40 par la rue Casgrain. Située sous les arcades de l’immeuble qui fait le coin, la galerie dont la devanture est toute vitrée est vaste : « 6 000 mètres carrés de plain-pied », indique Pierre Choinière, son directeur. Il a d’abord installé une galerie boulevard Saint-Laurent que les interminables travaux urbains ont empêché d’éclore, puis une boutique-galerie toujours active à Brossard dans le quartier DIX30. Au mois d’octobre 2013, il est de retour au cœur du Mile End et inaugure Espace 40, galerie consacrée à l’art contemporain de caractère commercial. Il faut reconnaître à Pierre Choinière cette franchise : il est avant tout un marchand. Il recrute surtout des peintres et des photographes dont il aime les tableaux et dont il estime que les œuvres séduiront une clientèle à la recherche de « sensations fortes ». Il mise sur des « valeurs sûres » comme Michel Beaucage, Jean-Daniel Rohrer, Laurent Bonet, David Carson. Il ne néglige pas pour autant des artistes qui viennent tenter leur chance auprès de lui en présentant leur portfolio. Ils sont nombreux. Le large éventail d’œuvres qu’il propose est de nature à attirer des amateurs aux goûts variés. Il recrute sa clientèle en participant à des foires au Canada et à l’étranger et en procédant à des échanges avec des galeries situées hors du Québec. Il se réjouit d’avoir pu compter sur des achats de Loto-Québec, la Caisse de dépôt et placement du Québec, le Cirque du Soleil.
GALERIE YOUN
5226, boulevard Saint-Laurent, Montréal
Propriétaire de la Galerie SPIN à Toronto qu’il a fondée en 1999, Juno Youn a décidé, en 2013, d’établir sa deuxième galerie à Montréal, boulevard Saint-Laurent. Réparti sur deux étages, l’espace est divisé en quatre parties distinctes, dans un grand loft à la montréalaise.
Fort de l’expérience engrangée avec sa première galerie torontoise, Juno Youn a tissé un vaste réseau de contacts, tant à l’échelle locale qu’internationale, qui lui permet d’inviter, tous les mois, des artistes établis ou en devenir. Depuis son installation, la Galerie encourage la rencontre entre des artistes d’ici et d’ailleurs. Ainsi, se sont côtoyés cette année John Chervinsky (États-Unis) avec son exposition Studio Physics et Ron Loranger (Toronto) et ses « Blobettes ».
C’est en se positionnant au-delà des barrières de la langue, des techniques et des frontières que Youn prépare ses expositions. Nouveaux artistes a réuni plus tôt cette année quatre créateurs aux horizons différents : Alisha Piercy, peintre basée à Montréal, avec sa série Foutainside ; Cluca, d’origine française et installée à Montréal depuis cinq ans, pour sa série Les Baigneuses ; John Drew Munro (Montréal) et Alzbeta Jaresova, installée à Londres et d’origine slovaque.
L’exposition en cours, Portrait d’un tournant de siècle, présente le travail du photographe torontois Chris Buck. On y trouve les portraits de célébrités telles Léonard Cohen, Björk, ou encore Jay-z.
GALERIE SIMON BLAIS
100-5420, boulevard Saint-Laurent, Montréal
Parmi les nombreuses galeries dont le Mile End peut s’enorgueillir, la Galerie Simon Blais fait figure de doyenne et de valeur sûre. Elle vient de fêter ses 25 ans ! Ses secrets ? Tabler sur le long terme, tisser des liens fermes, maintenir une vision réaliste de son évolution, soigner l’accueil. Simon Blais a ouvert sa galerie en 1989, avec sa conjointe Sylvie. Avec les années, leur duo de passionnés d’art s’est peu à peu entouré d’une solide équipe. D’abord centrée sur les œuvres sur papier et les estampes abstraites contemporaines, la Galerie a élargi son domaine pour représenter les artistes établis, principalement du Québec, mais aussi du Canada, utilisant des techniques variées : peinture, dessin, photographie, estampe et sculpture. Les amateurs d’art confirmé trouveront un large choix d’œuvres dans la catégorie « artistes actuels » qui comprend des pointures importantes comme Irène Whittome et Marc Seguin, et dans la catégorie « artistes modernes » avec, entre autres, Jean-Paul Riopelle, Marcelle Ferron, Rita Letendre, Serge Lemoyne et Edmund Alleyn. Le groupe des artistes de la catégorie « art actuel » accueille aussi des jeunes de la relève, recrutés notamment par le truchement du prix Sylvie et Simon Blais pour la relève en arts visuels, qui compte déjà six éditions.
La décision d’emménager en 2002 dans les spacieux locaux d’une ancienne fabrique textile dans le Mile End, plutôt audacieuse à l’époque, a pris tout son sens au fil des années pour représenter aujourd’hui un véritable atout. Avec diverses initiatives, la Galerie tente maintenant d’élargir sa gamme d’activités pour toucher un public plus large encore.
LA CASTIGLIONE
5761, boulevard Saint-Laurent, Montréal
La Castiglione, à la fois galerie et boutique de prêt-à- porter, tire son nom de celui de la célèbre maîtresse de Napoléon III, la comtesse de Castiglione. Femme d’une grande beauté, elle se passionne pour la photographie alors naissante aussi bien derrière que devant l’objectif. Plus de 600 clichés la montrent posant pour mettre en valeur des robes créées par les meilleures maisons de couture d’Europe. Elle peut ainsi être considérée comme la première femme mannequin. Implantée au mois d’août 2014 dans le Mile End, la galerie-boutique La Castiglione a pour spécialité la photographie contemporaine et des lignes originales de robes et de vêtements pour femmes. Marie-Josée Rousseau, la directrice, est elle-même photographe. Au sein de la première exposition collective de sa galerie, elle propose quelques-unes de ses vues de paysages appréhendés selon la métaphore de la peau humaine avec des rides, des blessures, des cicatrices, des pilosités. Elle partage ses cimaises avec deux autres photographes, Guy Lavigueur et Julien Bourbon. Le premier expose des vues aériennes du Grand Nord, où il travaille le tissu visuel des immensités territoriales ainsi que la dérive d’icebergs dont il détaille la texture de glace. Le second, grâce à un appareil photo remontant à la fin du XIXe siècle, tire des ferrotypes issus du procédé au collodion humide donnant à des images actuelles un air ancien. Ses portraits, qui ne manquent pas d’un humour pince-sans- rire, attestent que les qualités et les défauts humains n’ont guère changé d’un siècle à l’autre.
GALERIE BAC
6341, boulevard Saint-Laurent, Montréal
Jean-François Bigué n’est pas un nouveau venu dans le monde des arts visuels. Propriétaire d’une galerie commerciale à Saint-Sauveur, il a choisi, pour la galerie qu’il voulait ouvrir à Montréal, un espace sur le boulevard Saint-Laurent à côté de la Galerie Lacerte et de la Galerie Yves Laroche. Il reconnaît qu’il est difficile de lutter contre l’attraction qu’exerce Le Belgo, édifice qui regroupe un bon nombre de galeries d’art contemporain au centre-ville de Montréal, c’est pourquoi les trois établissements regroupent souvent leurs vernissages. De plus, les portes étant ouvertes, les visiteurs circulent d’un local à l’autre. La vitrine sur la Main constitue aussi un grand atout. Les automobilistes ne peuvent pas manquer la longue façade vitrée lorsqu’ils traversent la Petite Italie. De plus, il leur est aisé de trouver une place pour stationner. La galerie est aussi accueillante qu’un appartement avec sa mezzanine où sont exposés les tableaux de l’époque moderne, car le propriétaire travaille beaucoup avec le marché secondaire. Fils d’un galeriste de Toronto, il a d’abord exposé des œuvres des peintres de l’Ontario et d’autres provinces du Canada, mais il commence à habituer sa clientèle à apprécier des œuvres québécoises que l’on peut classer dans la catégorie « art actuel », quoiqu’elles soient dépourvues du rigorisme conceptuel.
LACERTE ART CONTEMPORAIN – MONTRÉAL
6345, boulevard Saint-Laurent, Montréal
La Galerie Lacerte Art contemporain est l’une des plus importantes galeries commerciales au Québec. En affaires dans le milieu des arts visuels depuis 1974, la collectionneuse Madeleine Lacerte ouvre son entreprise en 1981. Son fils Louis se joint à elle et devient le directeur à partir de 1990. Son mandat est de représenter des artistes québécois : qu’il s’agisse de grands noms comme Paul-Émile Borduas, Jean-Paul Riopelle, Marcelle Ferron, Francine Simonin, Serge Lemoyne ou qu’ils soient recrutés au sein de la relève, la Galerie Lacerte travaille à faire connaître les « créateurs » du Québec, autant sur le plan national qu’international. Parallèlement à ses expositions, l’entreprise publie également des catalogues d’artistes par la voie de sa filiale Lacerte Communications.
La direction artistique ne privilégie pas de médiums en particulier, mais s’inscrit dans une orientation non conceptuelle et non minimaliste. Ainsi, la pratique de l’art est considérée comme un métier manuel dans lequel le savoir-faire technique de l’artiste doit ressortir. Que ce soit en peinture, en dessin, en photo ou en sculpture, une attention particulière est portée à la qualité et au contrôle du médium.
À la suite de la première galerie située au pied de la Côte de Dinan, à Québec, Louis Lacerte ouvre une succursale dans le Vieux-Montréal, sous le nom de Galerie Orange. Depuis quelques années, elle est localisée au 6345, boulevard Saint-Laurent, dans le Mile End et son nom, autant à Québec qu’à Montréal, est devenu officiellement Lacerte Art Contemporain.
YVES LAROCHE GALERIE D’ART
6355, boulevard Saint-Laurent, Montréal
Le créneau esthétique de la Galerie Yves Laroche rassemble des artistes dont les travaux tournent autour de l’illustration, du graffiti (l’art urbain), de la bande dessinée, des mangas japonais, du tatouage, etc. En ce sens, l’entreprise ne se situe pas dans le sillage des tendances actuelles du milieu de l’art. Le parti pris pour l’art populaire est pleinement assumé. Cet intérêt remonte à 1979, année où Yves Laroche éditait des reproductions d’œuvres d’art sérigraphiques et autres multiples.
L’autre caractéristique de cette galerie commerciale consiste à représenter surtout des artistes étrangers. Le directeur travaille en étroite collaboration avec des galeristes installés hors du Canada. Il a l’habitude d’effectuer des voyages un peu partout dans le monde afin de repérer de futurs poulains. Malgré des centaines de dossiers qui envahissent mensuellement sa messagerie, le directeur préfère contacter lui-même les créateurs qu’il débusque.
D’abord installée dans le Vieux-Montréal en 1991, la Galerie a déménagé en 2010 dans le quartier Mile End. Elle propose aussi un marché secondaire avec les valeurs sûres des mouvements automatistes et plasticiens.
ART MÛR
5826, rue Saint-Hubert, Montréal
En 2012, Bernard Lamarche a écrit un article dans Le Devoir pour informer les amateurs d’art de la transformation en centre d’art de la Galerie Art Mûr, qui à l’origine était une boutique d’encadrement professionnel située au 3429, rue Notre-Dame. Les deux associés, Réal Olivier Lanthier et François Saint-Jacques, ont alors acquis l’édifice du 5826, rue Saint-Hubert. Ils ont été les premiers, avec Simon Blais, à choisir un emplacement éloigné du centre de Montréal. Ils souhaitaient occuper un lieu qui soit d’accès facile en métro, qui ait « vitrine sur rue » et qui soit assez grand pour pouvoir « tenir en parallèle plusieurs expositions solo ». Aujourd’hui, les associés sont loin de regretter leur choix. S’ils ont gardé l’atelier d’encadrement, ils ont cessé de louer une partie de leurs salles. Ils apprécient le fait que la galerie, se trouvant à 10 minutes de marche du Centre Clark, puisse participer aux Ateliers Portes Ouvertes. De plus, sa situation géographique la place approximativement à égale distance de ses clientèles, que celles-ci viennent de l’Est ou de l’Ouest. En termes d’espace, Art Mûr est l’une des plus grandes galeries de Montréal, ce qui permet aux propriétaires d’organiser des événements d’envergure pour développer la carrière de leurs artistes qui ont acquis une renommée internationale.