Nadia Myre: À la recherche d’authentiques savoirs
C’est en cheminant que l’on crée le chemin. En mettant en application cet adage, Nadia Myre invite les visiteurs du Musée McCord à la suivre sur la piste qu’elle va s’efforcer d’ouvrir en vue de retrouver et de valoriser des savoirs matérialisés par des objets et des images d’objets dont le sens a été détourné et souvent perdu. Artiste en résidence au Musée McCord, Nadia Myre présentera aux visiteurs les résultats d’une série d’expériences de caractère ethnologique et, par là, scientifique, dont les résultats, s’empresse-t-elle de le dire, ne seront peut-être pas ceux qu’elle aura escomptés. Glorieuse incertitude de la science : on part à la recherche des Indes et l’on découvre l’Amérique. Ça ne va pas sans conséquences, Nadia Myre, justement, en a fait avec succès les sujets de ses œuvres.
Ce que vont voir les visiteurs de l’exposition Decolonial Gestures or Doing it Wrong? Re-faire le chemin se présente sous la forme de deux projections vidéographiques et d’une série de photos de grand format (1,50 x 2,10 m) qui détaillent et grossissent les gestes de la démonstration technique et artistique à laquelle Nadia Myre s’est livrée au cours de sa résidence au Musée McCord.
Dans un premier temps, Céline Widmer, historienne, et Ghislaine Lemay, ethnologue et anthropologue, toutes deux conservatrices au Musée McCord, ont effectué des enregistrements sonores des instructions qu’elles ont tirées des revues Godey’sMagazine and Lady’s Book (1854-1882) et The Ladies Hand Book of Fancy and Ornemental Work (1859) concernant des objets propres aux membres des Premières nations faisant partie de la collection du Musée. Ensuite, Nadia Myre s’est employée à produire des répliques de ces objets et a enregistré cette opération sur vidéo. Elle précise qu’elle n’a pas vu les objets dont ni les noms ni leurs usages ne lui ont été révélés. La caméra s’est limitée à ne saisir que les mains et les bras de l’artiste au travail.
Quant aux photos, il s’agit d’agrandissements numériques en haute résolution des objets réalisés par l’artiste. Ils sont placés à proximité de vitrines où sont exposés les objets de la collection du Musée McCord qui sont leurs sources d’inspiration.
En suivant, devant les écrans, le processus d’élaboration des objets façonnés par Nadia Myre selon les instructions tirées des périodiques de l’ère victorienne, puis en se postant devant les images photographiques fixes, les visiteurs constateront la différence entre les pièces originales et les stéréotypes. Ils tireront leur conclusion.
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NADIA MYRE DECOLONIAL GESTURES OR DOING IT WRONG? RE-FAIRE LE CHEMIN. Installations vidéo et photographies. Musée McCord (Montréal). Du 18 février au 29 mai 2016.