En septembre dernier a été signée une entente innovante entre deux institutions culturelles clefs du Québec, le Musée des beaux-arts de Montréal (MBAM) et l’Institut culturel Avataq. Cette entente constitue la première étape dans l’établissement d’un partenariat voué à une meilleure promotion des arts et de la culture inuit1 à Montréal.

L’Institut culturel Avataq, fondé en 1980, a comme mission de favoriser la transmission de la langue et de la culture des Nunavimmiut, les Inuit du Nunavik (Nord du Québec), de même que la sensibilisation du public à la richesse de ce patrimoine. Il propose en priorité des services culturels et patrimoniaux auprès des communautés inuit. Il est à ce titre resposable d’un certain nombre de projets de recherche et de transmission culturelle dans des champs d’action très variés (archéologie, toponymie, langue, art, muséologie, archives photographiques, théâtre, etc.)2. En signant une entente de principe, Avataq et le MBAM espèrent établir un partenariat durable mobilisant leurs compétences respectives au profit des publics et bénéficiaires des deux organismes. Le MBAM entend par ce moyen établir des relations pérennes avec les communautés inuit présentes tant au Nunavik qu’à Montréal, tout en offrant des activités éducatives et communautaires pour les Inuit et la population en général.

De plus, Avataq prendra part au comité qui sera chargé du redéploiement de la collection d’art inuit du Musée. Cette réorganisation proposera de nouvelles perspectives sur cette riche collection, dont les premières traces remontent à l’apparition de l’art inuit sur le marché occidental, à la fin des années 1940. La collection est pour le moment principalement constituée de sculptures, de gravures et de dessins, les trois disciplines habituellement associées à la création artistique inuit. Toutefois, le Musée a récemment profité de l’expertise d’Avataq pour faire l’acquisition d’une œuvre de Niap (Nancy Saunders), artiste inuit émergente de la scène montréalaise. ᑲᑕᔾᔭᐅᓯᕙᓪᓛᑦ Katajjausivallaat, le rythme bercé (2018) est la première installation produite par une artiste inuit à entrer dans la collection du Musée. Avec cette œuvre, le MBAM s’ouvre à de nouvelles formes de création explorées par les artistes inuit contemporains, comme l’installation, le textile ou encore la photographie.

Grâce au nouveau partenariat avec le MBAM, Avataq renforcera son rôle d’ambassadeur culturel tout en améliorant et en développant ses services culturels à destination des communautés inuit.

Finalement, l’organisme Avataq élira domicile dans les bâtiments du Musée, ce qui lui procurera une meilleure visibilité à Montréal. Cette situation avantageuse permettra à Avataq de jouer le rôle d’ambassadeur culturel auprès du public allochtone. La constitution d’ambassades culturelles est en effet un enjeu important pour les communautés et instances autochtones. Celles-ci souhaitent se donner les moyens d’assurer elles-mêmes la promotion de leurs cultures auprès des publics canadiens et étrangers, tout en offrant des espaces de rassemblement et d’expression pour les communautés autochtones urbaines. Cet enjeu est particulièrement crucial à Montréal, où il manque de tels espaces, malgré le travail effectué par le Jardin des Premières Nations et le nouvel espace culturel Ashukan, ouvert depuis 2015. DestiNATION, organisme issu du RÉSEAU pour la stratégie urbaine de la communauté autochtone de Montréal, milite pour la création d’un centre culturel autochtone à Montréal qui serait à la fois un lieu de rassemblement pour les Autochtones de la métropole et un pôle de diffusion à destination d’un public touristique. Grâce au nouveau partenariat avec le MBAM, Avataq renforcera son rôle d’ambassadeur culturel tout en améliorant et en développant ses services culturels à destination des communautés inuit. Josepi Padlayat, président de l’Institut culturel Avataq, se dit convaincu « que ce partenariat permettra de faire connaitre encore davantage les trésors de la culture inuite […]. Parallèlement à notre présence en ville, nous poursuivrons l’important travail de préservation et de diffusion de notre culture au Nunavik3 ». 

(1) L’ethnonyme inuit signifie « les êtres humains » en inuktitut, la langue inuit (un être humain étant un inuk). Nous avons choisi de suivre la position adoptée par plusieurs universitaires, et ainsi de respecter la signification originale d’inuit, qui sera utilisé sans être accordé en genre et en nombre (puisqu’il s’agit déjà d’un pluriel). En position adjectivale, il est aussi considéré comme invariable, ainsi : un Inuk, des Inuit, la langue inuit, etc.

(2) Daniel Gendron et Rhoda Kokiapik, « La préservation, le développement et la promotion de la langue et la culture des Nunavimmiuts. Un exemple de mobilisation du savoir : le cas de l’Institut culturel Avataq », dans Les Inuit et les Cris du Nord du Québec, par Jacques-Guy Petit, Yv Bonnier Viger, Pita Aatami et Ashley Iserhoff, Québec et Rennes, Presses de l’Université du Québec et Presses Universitaires de Rennes, 2010, p. 315-324.

(3) Musée des beaux-arts de Montréal, L’Institut culturel Avataq et le Musée des beaux-arts de Montréal unissent leurs efforts pour la promotion de l’art et de la culture inuits, communiqué de presse, 6 septembre 2018.