Émilie Granjon Quel est votre parcours ?

Claudia Chin – J’adore les arts ! Au Portugal, pendant mon enfance, j’ai grandi entourée par des sculptures de pierre ou de bronze qui rehaussent les lieux publics. Les fins de semaine, mes parents nous emmenaient mon frère et moi visiter des musées et des espaces culturels. Arrivée à Montréal, je trouvais que la ville manquait de beauté. J’ai alors décidé de devenir entrepreneure et de travailler dans le domaine des arts.

ÉG : Quels sont les désirs et les choix qui ont motivé l’ouverture de votre galerie ?

CC : Je voulais partager ma passion pour les arts avec les gens. Au cours d’une discussion, Stewart Fletcher et G. Scott MacLeod (artistes en arts visuels) m’ont lancé le défi de devenir leur marchande d’œuvres d’art. Je me suis dit : « pourquoi pas ? »

Je dois préciser que j’aime discuter d’art avec les gens, j’aime leur parler d’une œuvre qui intrigue et inspire. Selon moi, une œuvre réussie est capable d’entretenir une conversation avec nous ; elle nous amène à rêver ou à réfléchir. Ne serait-il pas incroyable d’offrir un environ­nement artistique inspirant à des gens, que ce soit chez eux, sur leur lieu de travail ou dans une résidence de convalescence ?

ÉG : Quelle est votre vision de l’art actuel ?

CC : Être un vrai artiste est une profession. De nos jours, n’importe quelle personne qui joue avec du matériel artistique considère être un artiste. Je crois fermement qu’il faut définir un baromètre et distinguer les vrais artistes de ceux pour qui l’art est un passe-temps. Pour moi, l’art contemporain provoque une réaction, une émotion chez l’observateur, sans pour autant être offensif. L’œuvre d’art doit être attirante, inspirante et intrigante. Pour ma part, je suis particulièrement sensible au dessin, à la peinture et à l’estampe.

ÉG : Qu’est-ce que cela prend pour ouvrir une galerie ?

CC : Du courage et de la persévérance ! Comme pour toute autre entreprise, il faut avoir une vision et définir son mandat. Il y a de l’art pour tous les goûts et tous les budgets. C’est important d’être conscient des pratiques traditionnelles, mais ce qui l’est encore plus, c’est d’innover et de répondre rapidement aux demandes du marché.

ÉG : Comment définiriez-vous le milieu de l’art montréalais versus celui de Toronto et de New York ?

CC : Comparativement à Toronto ou à New York, l’appréciation et la consommation de l’art à Montréal sont presque inexistantes ! Les artistes de Montréal doivent souvent quitter la ville, se faire un nom à l’étranger et gagner leur vie ailleurs, pour finalement être reconnus en tant qu’artistes professionnels. On devrait garder nos talents à Montréal et apprendre au public à valoriser le milieu des arts. Il faut développer les activités artistiques et culturelles parce qu’elles encouragent l’expansion de nouvelles idées, le sens critique, etc., bref, tous les éléments nécessaires (imagination, inno­vation, expérimentation, etc.) à l’évolution d’une société.

ÉG : Quelles sont les qualités que doit avoir un directeur de galerie aujourd’hui ?

CC : Adorer l’art, les artistes, les clients ; être positif, persévérant ; innover, savoir écouter.

ÉG : Quelles sont les qualités que vous recherchez en tant que directrice chez les artistes que vous représentez ?

CC : Avoir des compétences/habilités artistiques, être professionnel, être positif, innover, faire des compromis. 

Galerie 3C
9150, rue Meilleur, local 202, Montréal 
www.3cgallery.com