« Si l’on fait le tour des galeries qui ont ouvert depuis deux ans, on remarque qu’elles ont à leur tête de jeunes professionnels de 30-35 ans. »

Émilie Granjon – Quel est votre parcours ?

Nicolas Robert – J’ai étudié en sommellerie et en droit. Mais je suis un passionné d’art et j’ai commencé à collectionner autour des années 2000 ; mon œil s’est développé avec le temps en parcourant les galeries et les musées.

Quels sont les désirs et les choix qui ont motivé l’ouverture de votre galerie ?

L’idée d’ouvrir une galerie est présente depuis longtemps dans mon esprit. C’était un rêve fou qui ne devait pas se réaliser aussi vite, mais plutôt un désir viscéral, un besoin qui venait de l’intérieur. Et puis, un concours de circonstances m’a permis d’ouvrir la galerie plus vite que prévu : l’opportunité de louer cet espace au cinquième étage du Belgo s’est présentée, et j’ai saisi l’occasion.

Mon rôle est de diffuser l’art auprès des visiteurs qui entrent dans la galerie et de développer un dialogue avec eux pour leur parler des artistes représentés ici.

Quelle est votre vision de l’art actuel ?

Éclaté, diversifié, peinture, qualité. L’art actuel est très diversifié, il y a d’un côté les nouvelles technologies, l’art numérique, et de l’autre, les médiums dits « traditionnels » avec un sujet actuel. L’art est universel.

Concrètement parlant, qu’est-ce que cela prend pour ouvrir une galerie ?

Au départ, j’ai demandé conseil à un ami galeriste pour savoir comment ouvrir une galerie. Il m’a répondu : « Ça te prend un bureau, une chaise et des murs. Par la suite, mets des œuvres aux murs ! »

Cela prend un apport financier également, car nous ne sommes admissibles aux subventions qu’après deux ans d’activité et la représentation d’au minimum huit artistes. Je travaille actuellement avec six artistes, donc je ne peux pas avoir accès à ces ressources. J’aurais très bien pu accueillir trois artistes de plus cette année, mais je ne veux pas hâter les choses, je veux que ma galerie se développe sur des bases solides. Donc, je fonctionne grâce à mes économies personnelles et aux ventes d’œuvres, bien entendu. Ce qui a été un peu difficile au départ, c’est que, ne venant pas du milieu de l’art, je ne pouvais pas compter sur un réseau de collectionneurs ou de contacts qui favorise le fonctionnement autonome d’une galerie. C’est donc quelque chose que je bâtis au fur et à mesure.

Comment définiriez-vous le milieu de l’art montréalais versus celui de Toronto et de New York ?

En ce qui concerne le talent des artistes, Montréal n’a rien à envier à ces villes. Il y a une énergie qui favorise la créativité de nos artistes. Cependant, le bassin de collectionneurs est plus faible. En revanche, on remarque une nouvelle vague de collectionneurs qui se dessine parmi les jeunes professionnels et ça, c’est très important pour le milieu culturel. De plus, une nouvelle génération de galeristes prend tranquillement sa place. Si l’on fait le tour des galeries qui ont ouvert depuis deux ans, on remarque qu’elles ont à leur tête de jeunes professionnels de 30-35 ans. Cette nouvelle génération de galeristes va chercher une nouvelle génération d’artistes.

Quelles sont les qualités que doit avoir un directeur de galerie aujourd’hui ?

Curiosité, rigueur, exigence et un bon œil.

Quelles sont les qualités que vous recherchez en tant que directeur chez les artistes que vous représentez ?

Innovation, cohérence, rigueur et proximité. 

Galerie Nicolas Robert
Édifice Belgo Local 524 372, rue Sainte-Catherine Ouest Montréal
Tél. : 514 373-2027 www.galerienicolasrobert.com