Pierre-Léon Trétreault. Retour sur les ailes de la peinture
Rose saumon, ocre, orangé, rouge corail, carmin, terre de Sienne, bleu azur ou profond… c’est l’œil plein de cette palette de couleurs vives que l’on sortira des expositions de l’artiste voyageur qu’est Pierre-Léon Tétreault.
Des couleurs tropicales ! Des couleurs en tous cas d’un artiste qu’on s’étonne de redécouvrir après son départ de Montréal pour le Costa Rica où il s’est installé en 1999 sur la côte caraïbe. Les couleurs aussi d’un peintre qui, après une première période « psychédélique » suivie d’une subtile médiation à partir des acquis d’un Mark Tobey, en secoua vite les limites non seulement plastiques, mais aussi sensorielles et mentales. À partir du milieu des années 1980, il déploie dans ses œuvres, en ethnologue, un langage sauvage puisé aux quatre coins du monde.
Jardin d’artiste
« Ma dernière expo au pays remonte à 2004, se souvient Pierre-Léon Tétreault. Depuis, j’avais cessé de peindre pour imaginer un immense parc floral, là où je vis. » Créer ce jardin d’artiste a été pour Tétreault une façon de reprendre son souffle et de s’immerger dans cette nature qui l’inspire.
Après ce silence, Tétreault revient à la peinture en 2012. La cascade d’expositions qui s’échelonnent du printemps à l’automne permet de mieux situer un itinéraire étourdissant où les cultures les plus diverses – africaines, caraïbes, amérindiennes, japonaises ou mexicaines – se chevauchent et s’irriguent des sources proches de l’abstraction et du pattern painting. Pas moins de trois expositions à caractère rétrospectif nous introduisent à ces œuvres au climat neuf, regroupées à la Galerie Jean-Claude Bergeron sous le titre La constellation des oiseaux et le chant des galaxies.
« J’ai tenté dans mes œuvres récentes de traduire visuellement ce trop-plein d’information visuelle qui m’habite en contact avec ce milieu de vie tropical », explique Tétreault.
Récentes ou plus anciennes, ses œuvres incitent ceux qui les regardent à abandonner toute tendance focalisatrice et le besoin conscient d’intégrer leurs éléments qui s’entrechoquent. Devant elles, il faut laisser l’œil dériver sans trop se préoccuper de temps et de direction ni essayer de relier les impulsions visuelles. Petit à petit, des constructions vont se révéler à mesure que leurs fragments en apparence discontinus se réorganisent. Cachés sous la disruption de la surface, surgissent des embryons de mouvements, des structures compositionnelles au préalable insoupçonnées qui happent le regard. Une sensibilité souterraine nous est renvoyée.
« C’est comme un chant d’allégresse. Là, je ne vois pas de coupure avec mon travail antérieur. La source est toujours la même. Il y a dans l’environnement comme une perpétuelle pulsation de généreuse énergie vibratoire. Ma peinture célèbre cette magie du vivant. »
Oiseaux exotiques
Saisissant et nous transmettant en peinture la luxuriance tropicale, la force ubiquiste des œuvres de Tétreault est aussi celle d’un art qui se situe aux confins de l’abstraction tout en voulant ravir sans cesse des éléments au réel, même exotique. Chemin faisant, elles ont de bonnes chances de ravir également le spectateur.
Flore, mais aussi faune. Cette peinture tutti frutti doit beaucoup aux oiseaux exotiques que l’artiste apprivoise du regard et qui ont fait des environs de son atelier leur sanctuaire.
« Les oiseaux se sont imposés comme thématique de mon retour à la création picturale, dit-il. Là où je vis, c’est comme une volière à ciel ouvert. En période de nidification, une quinzaine d’espèces différentes nous visitent. C’est vraiment impressionnant et très inspirant. »
Et quels oiseaux ! Les répétant au pochoir, à la Riopelle, Tétreault fait migrer ses créatures à plumes à travers ses œuvres. À toutes ailes, la traversée de ces volatiles devient prétexte à accumuler des effets multicolores de ramage, des textures somptueuses. En un tel perchoir, l’inspiration aviaire retient et stabilise le flux des couleurs. Travaillés en série, ces éléments figuratifs pourraient retenir les secousses, les amalgames vibratoires, les tourbillons, les emmêlements et les sollicitations quasi hallucinatoires qui secouent cette peinture tous azimuts.
« Ces oiseaux sont une ode à l’abondance de vie tropicale », de conclure Pierre-Léon Tétreault. Et, bien sûr, on le croit, tant ses œuvres récentes se font invitation au voyage.
TRACES ET IMPRESSIONS D’UN PARCOURS NOMADE
Centre culturel Yvonne L. Bombardier, Valcourt
Du 18 mai au 4 septembre 2013
LA CONSTELLATION DES OISEAUX ET LE CHANT DES GALAXIES. ŒUVRES RÉCENTES 2012-2013
Galerie d’art Jean-Claude Bergeron, Ottawa
Du 4 au 29 septembre 2013
LA COULEUR CONTRE LA GUERRE. LA COULEUR CHANTE AMOUR ET LIBERTÉ
Musée des beaux-arts de Sherbrooke
Du 12 octobre 2013 au 4 février 2014
TRACES ET IMPRESSIONS D’UN PARCOURS NOMADE ET TRAVAUX RÉCENTS
Galerie du Théâtre, Magog
Du 10 octobre au 10 novembre 2013