L’exposition est organisée en partenariat avec le Musée royal de l’Ontario et en collaboration avec le Museo Archeologico Nazionale di Napoli et la Soprintendenza Pompei.

C’est autant une exposition anthropologique et archéologique que véritablement artistique que propose le Musée des beaux-arts de Montréal avec Pompéii. Le propos est résolument pédagogique et devrait intéresser, jusqu’au seuil de l’automne, des cohortes d’écoliers et leur famille d’un peu tous les horizons du Québec, mais aussi de l’extérieur. Elle devrait attirer, bien sûr, les curieux en quête d’objets qui témoignent des plaisirs de la vie, mais aussi les amateurs d’émotions fortes.

Avec Pompéii, l’occasion apparaît unique de visiter « comme si vous y étiez » la ville antique de Pompéi. Les commissaires et les scénographes du Musée des beaux-arts de Montréal et du Musée royal de l’Ontario ont, en effet, déployé leur talent pour reconstituer les rues, les bâtiments (maisons, monuments) et donner une idée de la vie quotidienne de la florissante cité de l’Empire romain au moment de l’éruption majeure du Vésuve le 24 août de l’an 79. Ils ont réuni des vestiges provenant du Musée archéologique national de Naples et du site même de Pompéi. Ils ont réparti les quelque 220 pièces à leur disposition selon divers contextes (la vie domestique, le jardin, le rôle des femmes) qu’ils ont transposés dans la dynamique des activités urbaines : la rue, les marchés, la religion, le pouvoir, le commerce, les loisirs (sports, jeux du cirque, musique), l’érotisme.

Une impressionnante installation multimédia mise au point par la firme montréalaise Graphics eMotion permet au visiteur de suivre les différentes phases du cataclysme des premiers avertissements du volcan jusqu’à l’éruption et à l’apparition des nuées dont le souffle a instantanément asphyxié les quelque deux mille Pompéiens qui n’avaient pas quitté la cité.

Par la suite, la lave a enseveli Pompéi. La ville a été « redécouverte » dix-sept siècles plus tard et progressivement dégagée à partir de la fin du XIXe siècle. Il reste encore un tiers de la surface à libérer. Mais la majeure partie est aujourd’hui ouverte au public.

Des films rappellent et reconstituent également la célèbre éruption volcanique. L’un d’entre eux, Eruption of Mt. Vesuvius, tourné en 1944, est un reportage d’une dizaine de minutes portant sur le plus récent réveil du volcan ; son visionnement conduit à déduire qu’il menace toujours aujourd’hui la baie de Naples. Plus récents, 79 A.D. Pompéi : A Virtual Tour with Reconstructions of Herculanum, (court-métrage de vingt minutes, 2014) et A Day in Pompei (court-métrage d’animation de 9 minutes, 2009) proposent chacun une promenade dans les rues d’une ville typiquement romaine avec ses temples, ses maisons patriciennes, ses statues : l’atmosphère des deux films est tellement réaliste qu’elle touche à un surréalisme que ne désavouerait pas un peintre comme Giorgio de Chirico. Enfin, Soleil noir est un court-métrage (une vidéo que signe Laurent Gasso) constitué des images captées par une caméra fixée à un drone qui a survolé les ruines actuelles.

Bien sûr, les visiteurs seront séduits par le raffinement des objets utilitaires provenant d’un artisanat élégant (ustensiles d’argenterie, flacons de parfum, articles de jeux et de sport, accessoires érotiques), et des œuvres d’art : statuettes religieuses, instruments de musique, statues de bronze, de marbre ou de terre cuite, mosaïques (en particulier les portraits), fresques mettant notamment en valeur des scènes mythologiques. Enfin, l’exposition présente une série de moulages des corps de malheureux Pompéiens victimes du sinistre dont ils n’avaient pas prévu l’ampleur.

Le souci de réalisme est omniprésent. Il faut admettre que les commissaires réussissent bien à insuffler aux visiteurs le sentiment de proximité les reliant aux habitants de Pompéi qui leur deviennent ainsi quasiment contemporains en dépit des deux millénaires qui les séparent. Sans doute une meilleure carte de la baie de Naples accentuerait davantage cet effet.

Enfin, dans le prolongement de ses points de vue de caractère réaliste, l’exposition Pompéii souligne en contrepoint l’insouciance humaine devant les avertissements que donne la nature avant que ne surgissent les cataclysmes. 

POMPÉII. Paul Denis, commissaire principal (Musée royal de l’Ontario); Laura Vigo, co-commissaire (Musée des beaux-arts de Montréal); Scénographie : Nathalie Bondil, Laura Vigo et Sandra Gagné. Musée des beaux-arts de Montréal. Du 6 février au 5 septembre 2016