Une pimpante exposition sur la mode dans le contexte d’Expo 67 est à l’affiche du Musée McCord jusqu’au début de l’automne. Dans une mise en scène aux couleurs d’une époque où le renouveau se manifeste avec éclat, la présentation souligne l’influence qu’a exercée l’exposition universelle sur l’apparence vestimentaire des Montréalaises. Elle témoigne aussi de la volonté politique et populaire de se montrer « à la hauteur » pour honorer le grand rendez-vous avec… le monde entier !

Le Musée d’histoire de Montréal est certainement l’un des lieux les plus indiqués pour célébrer le 50e anniversaire de l’Exposition universelle de 1967 ! Il faut noter que cet événement colossal est – en même temps qu’un objet de commémoration incontournable – un sujet aux innombrables angles de perception. En tout état de cause, c’est la robe Mon pays, c’est l’hiver réalisée en 1967 par le designer Jacques de Montjoie, et qu’il a offerte au Musée en 2014, qui a déclenché chez la conservatrice et commissaire Cynthia Cooper une suite de questions dont les réponses ont permis de structurer l’idée de l’exposition Mode Expo 67. Elle s’est rendu compte que le corpus de vêtements ayant un lien avec l’Expo 67 dans la collection du Musée était assez significatif et que cette richesse n’avait jamais été exploitée. En outre, la documentation était abondante. C’est ainsi que la direction du Musée a choisi d’aborder la mémoire d’Expo 67 sous la lorgnette de la mode.

Mode Expo 67 réunit principalement une soixantaine de costumes ; ils proviennent pour la plupart de la collection du Musée McCord, mais également de divers prêteurs. L’exposition commence judicieusement avec les uniformes d’hôtesses de l’Expo et des pavillons thématiques ou nationaux, où les lignes franches de la modernité et les designs géométriques soulignent pour celles et ceux qui les portent l’importance d’être visibles et aisément repérables. Aborder le thème du travail d’hôtesse est l’occasion de rapporter différents phénomènes qui témoignent des mœurs de l’époque. On découvre, par exemple, les exigences associées à cette fonction hautement symbolique : pour une femme, ne pas être seule en compagnie d’un homme, ne pas fumer, ni boire de l’alcool, ni mâcher de la gomme ; pour les hommes, les cheveux longs et la barbe sont proscrits !

Au fil de la visite de cette exposition qui fourmille d’anecdotes, le visiteur découvre que les créateurs de l’uniforme du pavillon du Québec, les designers montréalais Serge & Réal, en ont confié la confection à la firme Dupuis Frères, à la fois manufacturier et célèbre grand magasin de la rue Saint-Hubert à Montréal. On admire une sélection de créations québécoises de prêt-à-porter qui attestent l’audace esthétique tout comme la qualité des vêtements et des accessoires produits à l’époque. Des capsules radiophoniques intitulées « Quoi porter pour visiter l’Expo ? » rendent compte du souci des Montréalaises d’être belles et pour tout dire, « dans le vent » pour recevoir les visiteurs étrangers.

Plusieurs zones du circuit, enrichies de films et de documents variés, présentent le monde de la haute couture, qui a pris une certaine importance en cette année où se multiplient les manifestations protocolaires que rehaussent de leur présence des dignitaires du monde entier. L’exposition met en lumière comment quelques-uns des designers et des chefs d’entreprises de confection talentueux du Québec ont profité de l’événement pour se propulser sur la scène internationale. Leurs créations sont mises en valeur lors de défilés quasi quotidiens sur le site de l’Expo, rivalisant d’invention et de créativité (mannequins en patins à roulettes, musique pop), devant des foules enthousiastes. Les produits de la fourrure, récemment promus « ressource naturelle » au Canada bénéficient d’une vitrine exceptionnelle. Les créateurs et artisans du textile sont également sollicités dans cette campagne d’affirmation : on y célèbre le produit authentique et c’est ainsi que Montréal se taille une place sur l’échiquier international de la mode.

La participation de designers chevronnés sous forme de commentaires ad hoc diffusés sur l’audioguide (on peut l’emprunter ou le télécharger sur un téléphone intelligent) est bien intégrée : il suffit de sélectionner la piste affichée près d’un objet particulier pour les écouter discourir. Dans une section boudoir, les visiteurs sont invités à visionner des entrevues de fond avec les designers Michel Robichaud, le duo Serge & Réal, Marielle Fleury et Jacques de Montjoie.

L’exposition est relativement restreinte, mais elle est truffée de trésors et enrichie de divers documents qui viennent multiplier les souvenirs associés à l’Expo 67. Ceux qui étaient à Montréal en 1967 y retrouveront un peu l’essence de la joie et de la fierté qui ont marqué l’été où Montréal s’est résolument lancée dans la modernité.

Mode Expo 67
Musée McCord, Montréal
Du 17 mars au 1er octobre 2017